Viticultrice et maman, comment Mathilde a tiré les leçons après son appel à l'aide face au manque de main d'oeuvre

Son appel à l'aide avait ému les réseaux sociaux début 2022. Sur le point d'accoucher de son premier enfant, la viticultrice en Champagne Mathilde Savoye cherchait désespérément de la main d'oeuvre pour s'occuper de ses vignes. 18 mois plus tard, la jeune maman prépare sereinement les vendanges.

Comme tous les viticulteurs, Mathilde Savoye n’a pas une minute à elle en ce moment. Les vendanges approchent à grand pas en Champagne et le travail ne manque pas, entre l’accueil à prévoir des vendangeurs et les prélèvements pour évaluer la maturité des raisins. "On surveille l’évolution de la météo, explique la jeune femme dont le domaine est basé à La Neuville-aux-Larris sur la rive droite de la vallée de la Marne.

"Avec la chaleur des derniers jours, on redoute toujours le développement de la pourriture. Normalement, on devrait attaquer les vendanges la semaine du 11 septembre". Et cette fois, pas de problème de main-d’œuvre en vue pour la vigneronne qui a repris l’exploitation familiale en 2017. Via un prestataire, elle a recruté pour ces vendanges dix coupeurs venus pour l’occasion de Pologne.

Cri du cœur

Des travailleurs qu’elle va héberger sur place dans un bâtiment dédié. Les problèmes qu’elle avait soulevés il y a un an et demi sur les réseaux sociaux n’ont pas complètement disparu mais elle a appris à les gérer. A l’époque, sur le point d’accoucher de son premier enfant, Mathilde Savoye avait posté une vidéo où elle se demandait, alors que survenait le terme de sa grossesse, comment le travail dans ses vignes allait pouvoir se poursuivre, son employé tout juste recruté ayant fait faux bond.

Un appel à l’aide qui mettait aussi en lumière les problématiques des femmes chef d’entreprise. "Je me demandais si en 2022 en France, une femme pouvait avoir pour projet la maternité et aussi la gérance d’un domaine viticole, agricole ou bien d’une entreprise en général"» déclarait-elle alors. Ce cri du cœur avait porté ses fruits. Un tâcheron avait finalement pris la relève dans ses parcelles durant quelques semaines.

Entretemps, le petit Marceau est arrivé dans la vie de la viticultrice de 28 ans et il a donc fallu trouver un nouvel équilibre entre les impératifs familiaux et professionnels. "J’ai repris le travail 15 à 20 jours après avoir accouché mais c’était ma volonté", confie la chef d’entreprise. Il y a beaucoup de tâches que je préfère ne pas déléguer, comme l’étiquetage des bouteilles que je personnalise à mon goût. Il faut aussi s’occuper de tâches administratives, sans oublier le travail en cave. Mais j’ai aussi pris du temps pour profiter de mon fils".

Un petit garçon qui a déjà bien grandi, va à la crèche et passe aussi du temps dans les vignes de sa maman. Avec un papa également viticulteur, dans le secteur de Louvois (Marne), c’est une vie bien remplie mais épanouie pour la famille. L’alerte de Mathilde avait en tout cas montré les problèmes de recrutement dans le secteur agricole et viticole. "Nous avons le service de remplacement qui peut pallier nos absences mais il est souvent compliqué de trouver la bonne personne dans un délai assez court. Je constate souvent sur les réseaux des demandes d’exploitants avec la mention "urgent", c’est assez fréquent".

Partager certaines tâches

Désormais, avec un ouvrier viticole employé comme tâcheron à l’année pour travailler ses 3,5 hectares de vignes, Mathilde compte bien poursuivre le développement de sa maison. Elle vinifie directement sa propre récolte pour un tirage annuel de 8 600 bouteilles. Certifiée "Haute valeur environnementale" et "Viticulture durable en champagne", son exploitation nécessite un important travail du sol, car aucun herbicide n’est utilisé. Une évolution dont les résultats ne sont pour le moment pas toujours probants selon elle.

Qu’importe, les chantiers ne manquent pas pour la chef d’entreprise. Et pour conserver un équilibre avec sa vie de famille, elle envisage à l’avenir de partager certaines tâches professionnelles avec son mari qui possède sa propre exploitation viticole. Pour ne sacrifier ni sa passion, ni sa vie de maman. Un dernier rôle qu'elle aimerait poursuive en agrandissant la famille prochainement. 

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