Joël Demolin qui est en état d'obésité morbide sévère va être opéré ce lundi 3 août à Lille. Un dénouement heureux pour cet habitant de Longueval-Barbonval (Aisne), près de Fismes dans la Marne. Voilà près de 5 ans qu'il se battait pour pouvoir bénéficier de cette chirurgie.
«Depuis 2015, j'étais complètement bloqué, il fallait que je fasse quelque chose, je ne pouvais plus rester comme ça». A 59 ans, Joël Demolin, menuisier-agenceur de métier, pèse plus de 200 kilos. Des kilos qui lui pourrissent la vie et lui valent d'être classé dans la catégorie «obésité morbide sévère». «Mon nombril ? Je ne sais même pas où il se trouve, impossible de voir quoique ce soit là-dessous», plaisantait-il lorsque nous l'avions rencontré en novembre dernier. Toilette, ménage, courses, confection des repas, tout est devenu complexe à réaliser avec ce physique trop imposant. Depuis près de trois ans, deux infirmières se relaient pour lui permettre de se laver ou de s'habiller.Une situation inextricable
Joël n'a pas choisi son corps et dit avoir toujours été gros. Et chez lui, ses kilos supplémentaires ont entrainé un oedème de 30 kilos sur son ventre. En 2015, après une embolie pulmonaire, Joël a décidé de prendre les choses en main et d'avoir recours à la chirurgie bariatrique (ou chirurgie de l'obésité) pour perdre du poids. Mais selon les médecins, impossible d'opérer sans s'occuper d'abord de l'important oedème. Après avoir rencontré un médecin plasticien, un psychologue et un anesthésiste, il ne manquait plus que le précieux sésame de la sécurité sociale : l'autorisation de prise en charge pour rembourser cette opération qui coûte la bagatelle de 10 000 euros. Mais là, grosse déception, l'Assurance maladie explique dans un courrier datant de 2017 son refus de prise en charge. En clair, Joël ne peut pas prévoir une opération de chirurgie bariatrique sans retirer son oedème, et il ne peut pas retirer son oedème sans prévoir une opération de chirurgie bariatrique.Retrouver une vie sociale
La dernière lettre de refus date de fin octobre 2019, mais grâce à la médiatisation de son affaire à l'automne dernier, il a enfin reçu une autorisation de prise en charge. L'opération prévue en mars dernier a toutefois été repoussée en raison de la crise sanitaire. Il lui a donc fallu encore patienter avant d'obtenir une nouvelle date pour cette intervention désormais imminente. Un grand soulagement pour Joël. «J'espère que cette première opération va me permettre de retrouver une vie sociale correcte, expose-t-il. Le moindre geste, comme me lever ou m'habiller me demande des efforts surhumains».Mon quotidien est très compliqué. Je suis confiné toute l'année à mon domicile.
Le soutien d'une association
Joël évoque juste un peu d'appréhension par rapport aux suites de l'opération lorsqu'il sera de retour chez lui. Il retient surtout de cet interminable combat «le manque d'empathie de la Sécurité sociale qui ne prend pas en compte le ressenti des gens. Il faut se battre pour parvenir à quelque chose». Une vision partagée par l'association spécialisée dans la lutte contre l'obésité «Un combat, une renaissance en Champagne-Ardenne» qui l'a accompagné et soutenu dans ses démarches. «C'est souvent compliqué de faire avancer les dossiers auprès de l'Assurance maladie, raconte sa présidente Céline Couvert. Souvent, la situation est bloquée alors que ces patients ont vraiment besoin de cette chirurgie. Joël était dans ce cas. En tout cas, nous sommes là pour le soutenir quand il a un coup de blues et nous espérons qu'il puisse à l'avenir participer aux sorties de notre association». Après cette première intervention, Joël pourra donc envisager l'an prochain une opération de chirurgie bariatrique dont l'objectif sera notamment de lui donner une sensation de satiété plus rapide. Le chemin vers la guérison est encore long mais c'est une étape importante qu'il s'apprête enfin à franchir.