Accueil des mineurs isolés : le licenciement de l'éducatrice de Châlons refusé

Mise à pied pour avoir dénoncé les conditions d'accueil des mineurs étrangers après le décès du Malien Denko Sissoko, l'éducatrice du foyer Bellevue de Châlons-en-Champagne risquait d'être licenciée. L'Inspection du travail en a décidé autrement.

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L'Inspection du travail a refusé le licenciement d'une éducatrice spécialisée demandé par son employeur pour avoir dénoncé publiquement les conditions d'accueil des mineurs isolés étrangers dans le foyer d'hébergement qu'il gère à Châlons-en-Champagne (Marne) et où un jeune Malien s'est suicidé en janvier, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

"Je suis très contente, pour moi bien sûr, mais aussi pour le combat car cette décision pourra permettre à certains travailleurs sociaux de parler de ce qu'ils vivent avec les mineurs isolés étrangers", a déclaré à l'AFP Ibtissam Bouchaara, qui voit s'achever deux mois de mise à pied.

"Ceux qui osent dénoncer les conditions de vie de ces mineurs se voient stigmatisés par leur employeur", a-t-elle ajouté, estimant qu'il existe "une aide sociale à l'enfance à deux vitesses."

Cette éducatrice spécialisée, par ailleurs déléguée du personnel - ce qui impliquait l'accord de l'administration pour la licencier - travaille depuis 16 ans pour La Sauvegarde de la Marne, une association financée par le Conseil départemental et dont l'une des missions est l'accueil des mineurs isolés étrangers. Cette association avait demandé son licenciement pour faute grave suite à des "déclarations irraisonnables et fallacieuses".

Les faits sont survenus "en dehors de l'exécution de son contrat de travail" et elle s'est exprimée "en sa qualité de représentante du personnel", a souligné l'Inspection du travail pour motiver son refus, dans un courrier daté du 29 mars dont l'AFP a eu copie.

Le 11 janvier, elle avait participé aux côtés de 200 personnes à une marche en mémoire de Denko Sissoko, un jeune Malien qui s'était tué cinq jours plus tôt en sautant par la fenêtre de sa chambre, l'une des 73 réservées aux mineurs dans le foyer. Le parquet de Châlons avait conclu à un suicide.

L'éducatrice s'était exprimée dans les médiaux locaux et avait alerté le Défenseur des droits pour dénoncer des conditions d'accueil insuffisantes selon elle: "aucune prise en charge de la souffrance psychologique des mineurs" suite au drame et, plus globalement, un manque de personnel au quotidien.

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