Une éducatrice mise à pied pour avoir dénoncé les conditions d'accueil des mineurs étrangers

Un premier rassemblement en soutien à Ibtissam Bouchaara a déjà été organisé fin janvier.
Interviews : Btisame Bouchaara, éducatrice à la Sauvegarde de la Marne / Michel Aubry, ancien membre de l'association La sauvegarde de la Marne / Jean-Claude Aubert, président de l'association La sauvegarde de la Marne ©France 3 Champagne-Ardenne

Trois semaines après le décès d'un jeune Malien à Châlons-en-Champagne, une éducatrice spécialisée a été mise à pied, ce lundi, pour avoir dénoncé publiquement les conditions d'accueil des mineurs isolés étrangers dans la Marne.

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Convoquée lundi pour un entretien en vue d'une sanction disciplinaire, l'éducatrice, Btissame Bouchaara, a été mise à pied ce lundi et risque un licenciement "pour faute grave".

Cette éducatrice spécialisée, par ailleurs déléguée du personnel, travaille depuis 16 ans pour La Sauvegarde de la Marne, une association financée
par le Conseil départemental et dont l'une des missions est l'accueil des mineurs isolés étrangers.

"Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, je ne comprends pas pourquoi, au lieu de se remettre en cause, on veut me faire taire", a réagi Btissame Bouchaara. Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées pour la soutenir, lundi, devant le siège de l'association, à Bezannes, près de Reims.

Le 11 janvier, elle avait participé aux côtés de 200 personnes à une marche en mémoire de Denko Sissoko, un jeune Malien qui s'était tué cinq jours plus tôt en sautant par la fenêtre de sa chambre, l'une des 73 réservées aux mineurs dans le foyer. Le parquet de Châlons-en-Champagne avait conclu à un suicide.

"Manque de personnel" 

L'éducatrice s'était exprimée dans les médiaux locaux et avait alerté le Défenseur des droits pour dénoncer des conditions d'accueil insuffisantes selon elle : "Aucune prise en charge de la souffrance psychologique des mineurs" suite au drame et, plus globalement, un "manque de personnel" au quotidien.

Dans un courrier distribué le 17 janvier au personnel, la direction avait réprouvé "des attaques infamantes et répétées" de la part de "certains des siens". "Ces déclarations irraisonnables et fallacieuses portent atteinte à la légitimité et à la crédibilité de toutes nos activités", avait ajouté la direction, demandant "réparation du préjudice".

Btissame Bouchaara saura "sous dix jours" si sa mise à pied sera suivie d'un licenciement.

Ecoutez l'éducatrice mise en cause, Btissame Bouchaara :
©France 3 Champagne-Ardenne

 

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