Reims : les policiers manifestent ce mercredi en distribuant des bonbons et de fausses contraventions

"Il faut bien innover." Christian Pous, secrétaire régional du syndicat Unité-SGP Police détaille la manifestation des policiers de ce mercredi 8 juillet. Ils assureront un service minimum en attendant plus de reconnaissance de la part de leur nouveau ministre de l'Intérieur.

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Des bonbons et des Bisounours. Des moyens de manifester peu communs, surtout dans les rangs de la police. "Il faut bien innover", concède Christian Pous, secrétaire régional du syndicat unité-SGP Police dans la Marne. Ce mercredi 8 juillet, après une manifestation devant le commissariat de Reims, les représentants des forces de l'ordre se rendront place d'Erlon pour distribuer des bonbons et de fausses contraventions aux badauds, imitant des actions initiées dans d'autres régions. Le syndicat ainsi que l'Unsa appellent également leur collègue au service minimum. L'occasion de "rapprocher la police de la population" selon Christian Pous et d'envoyer un message fort au nouveau ministre de l'intérieur Gérald Darmanin.

France 3 Champagne-Ardenne : Lundi 6 juillet, Gérald Darmanin a repris le ministère de l'Intérieur. Comment cette nomination est-elle perçue dans vos rangs?

Christian Pous : Pour l'instant, nous sommes en période d'observation. On ne peut que lui souhaiter la bienvenue, sachant que la tâche va être très lourde pour lui. Ce ministre était auparavant aux comptes publics et c'est ce même ministre qui nous avait dit que les moyens financiers n'étaient pas suffisants pour répondre aux revendications policières. Maintenant, il est ministre de l'intérieur, il va falloir qu'il fasse ses preuves.

On a choisi d'organiser ça sous couvert d'une note humoristique. Dernièrement, on nous a reproché des violences policières et on a remis en cause certaines techniques d'intervention, notamment la clé de cou d'étranglement… on a décidé de mettre en place une intervention intitulée les "cyclos Police magiques, les cyclos qui chassent les méchants et les transforment en honnêtes gens".
 

En plus de cela, nous lançons un appel au service minimum dans le département de la Marne, et ce tant qu'on n'aura pas d'avancées concrètes.

C'est-à-dire ?

C.P. : Lors de ce service minimum, on va inviter les collègues à, bien entendu, continuer à procéder à des interpellations pour les délits les plus importants. Mais en ce qui concerne les petites infractions, on va leur proposer de distribuer des procès-verbaux fictifs, avec, au lieu des montants par exemple, des cœurs et des intitulés de Bisounours. L'adresse du timbre-amende, c'est "le monde magique et merveilleux du ministère de l'intérieur". Par exemple, pour non présentation de permis de conduire, le collègue va dire "puisque vous refusez de nous présenter votre permis, nous vous mettons une amende fictive", ce qui pourra également nous attirer la sympathie de la population.
 



Qu'attendez-vous de la part de votre nouveau ministre ?

C.P. : Pour commencer, une reconnaissance du métier de policier. Il faut qu'on arrête de stigmatiser en permanence les policiers en les taxant d'être auteurs de violences et de racisme. Les propos de l'ancienne porte-parole du gouvernement et l'ancien ministre de l'Intérieur abondaient en ce sens, ce qui avait suscité de nombreuses réactions de la part de l'ensemble de la communauté policière. C'est pour ça qu'il y avait eu symboliquement récemment le jet des menottes au sol de la part des fonctionnaires de police.

Qu'entendez-vous par plus de reconnaissance ?

C.P. : Il y a de grands chantiers qui sont dormants depuis plusieurs années. Pour ne citer qu'un exemple parmi d'autres : l'évolution du statut du travailleur de nuit. Actuellement, un fonctionnaire de police qui travaille uniquement la nuit touche 97 centimes d'euros supplémentaires de l'heure, ce qui est tout bonnement une aberration. Nous revendiquons également une revalorisation du statut des officiers de police judiciaire, et notamment de l'avancement au grade supérieur.
 


On nous rétorque souvent qu'il n'y a pas d'argent. Je veux bien l'entendre, sauf qu'aujourd'hui dans la police nationale, depuis l'ère Sarkozy, on travaille sous la culture du résultat, la politique du chiffre, avec des primes à la clé. Il serait plus intéressant de reverser cette manne budgétaire qui est utilisée pour la politique du chiffre dans une meilleure rémunération des travailleurs de nuit.

Nous avons un autre exemple très récent avec la crise sanitaire. Une "prime covid" a été allouée à une partie des fonctionnaires de police allant de 300 à 1.000 euros. Cette prime ne concerne que 15% de la population policière du département, ce qui veut dire qu'au lieu de participer à générer une impulsion au sein des services, elle divise les collègues dans un système où les risques psychosociaux sont très forts. Il ne faut pas oublier que l'année dernière, on a eu 59 suicides dans nos rangs, au niveau national).
 


Vous parliez de violences dont certains policiers sont accusés. Des enquêtes ont montré leur existence et de nombreuses manifestations contre les violences policières ont eu lieu dans la pays, y compris à Reims…

C.P. : Oui tout à fait, mais il ne faut pas confondre la notion d'usage légitime de la force et ce qu'on pourrait interpréter comme étant des violences policières. Maintenant, si des violences policières existent, il faut rappeler que les fonctionnaires de police sont les plus sanctionnés, tant d'un point de vue judiciaire que d'un point de vue administratif, avec des passages en conseils de disciplines particulièrement intransigeants. L'idée n'est pas de nier que ponctuellement il peut y avoir des dérapages, mais dire qu'ils appartiennent à une infime partie de la population policière. L'essentiel des interventions se passent sans difficultés. C'est trop facile de stigmatiser toute une profession au travers de faits particuliers.

Ne craignez-vous pas que l'intitulé de la manifestation, avec la référence au monde des Bisounours, soit vécue comme une provocation par les personnes qui dénoncent ces violences ?

C.P. : Non, je suis convaincu du contraire, étant donné que la grande majorité de la population soutient sa police, il ne faut pas l'oublier. Notre rôle est aussi de porter des revendications pour justement permettre d'améliorer à la fois la qualité du service public qui se dégrade depuis plusieurs années et d'assurer ce qui est notre cœur de métier : à savoir la sécurité de nos citoyens. Si à un moment il faut passer par des actions qui sont à la limite de la dérision voire provocantes, ce n'est pas gênant.
 

 

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