14-18 : Jean Giono et son ami russe Ivan Ivanovitch Kossiakoff

Comme de nombreux écrivains de sa génération, Jean Giono prit part à la Grande Guerre. Une expérience qui le mènera près de Reims, au fort de la Pompelle où il se lia d'amitiés avec Ivan Ivanovitch Kossiakoff, un soldat du corps expéditionnaire russe, combattant sur place aux côtés des Français.

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Le fort de la Pompelle est le seul des 7 forts de la ceinture rémoise à être resté aux mains des Français pendant toute la durée de la guerre. Parmi les soldats de passage sur place, Jean Giono. L'écrivain provençal, originaire de Manosque, se lie d'amitié avec un soldat du corps expéditionnaire russe. Jean Giono a 21 ans lorsqu'il débarque au fort de la Pompelle en aout 1916.
 
Auprès du contingent russe, envoyé en France par Nicolas II pour lutter contre les Allemands, il sert alors de transmetteur-observateur de liaison avec l'artillerie. Il y rencontre alors un jeune caporal russe Ivan Ivanovitch Kossiakoff, l'un des deux soldats russes dont il partage la chambrée.

Malgré la barrière de la langue, aucun d'eux ne parlant celle de l'autre, ils communiquent en échangeant des photos de leurs familles respectives et finissent par se lier d'amitié à tel point que Giono demande à plusieurs reprises à ne pas être relevé comme prévu afin de rester auprès de son ami. Cette rencontre amicale avec ce soldat russe, Giono la relatera dans un recueil de nouvelles, « Solitude de la pitié », paru en 1932. Une amitié qui devient presqu'ambigüe lorsque Giono doit quitter la Pompelle pour rejoindre sa compagnie.
Sous sa plume, il décrit ces adieux déchirants : « Kossiakoff me saisit aux épaules, m'embrasse légèrement sur la bouche, puis à grandes enjambées, sans un regard en arrière, disparait. Abasourdi, seul, vide, j'essaye d'appeler Kossiakoff mais le nom s'embourbe dans ma gorge… ». Les deux hommes ne reverront jamais et si Giono devint l'un des plus grands écrivains français du XXème siècle, son ami russe, lui, fut tué au combat et enterré près de Reims.

Légèrement gazé en 1918, Jean Giono ne sera démobilisé qu'un an plus tard après avoir été durablement marqué par l'horreur de la guerre. Il sortira du conflit pétri d'un pacifisme intégral qui ne le quittera plus jusqu'à la fin de sa vie.

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Source archives : - Pathé Gaumont - Association des Amis de Jean Giono - Collection du Musée du Fort de la Pompelle ©France 3

 

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