Le 26 janvier 2024, une jeune femme et son compagnon ont donné naissance à leur petite fille dans leur voiture à Reims. Un accouchement en urgence, en marge de la manifestation des agriculteurs qui s'achevait. Une semaine après, le couple et un des trois policiers qui les ont aidés nous racontent cette naissance hors du commun.

C'est ce qu'on appelle une entrée fracassante. "Depuis le matin, je me disais que je ne voulais pas accoucher dans la voiture mais je sentais que c’était trop tard depuis un moment" nous explique Sarah, en train d'allaiter sa fille quelques jours après sa sortie de la maternité.

Une semaine plus tard, le jeune couple a encore du mal à réaliser ce qui s'est passé. "Tout est un peu flou pour moi jusqu’à la naissance parce que j’étais dans mon truc" détaille la jeune maman de 27 ans. Car rien ne les avait préparés à cette matinée du 26 janvier 2024. Depuis neuf mois, comme tous les parents qui attendent leur enfant, ils avaient suivi des cours de préparation à l'accouchement, le sac pour la maternité était prêt, ils avaient imaginé toutes les éventualités. "On s’est levés assez tranquillement. Sarah avait déjà eu les premières contractions avant que je me réveille" se souvient Nathan, le désormais jeune papa.

Une minute pour une éternité

Ensuite, tout s'est passé très vite. En moins d'une heure, les contractions n'étaient plus espacées que de deux minutes. "En cours de préparation à l’accouchement, on m’avait dit qu’il fallait partir à la maternité quand cela faisait une bonne heure qu’il y avait des contractions toutes les 5 minutes. Mais à aucun moment, ça ne s’est passé comme ça. Tout est allé très très vite et on était perdus dans les comptes" avoue la jeune femme. "Je n'arrêtais pas de me dire qu'on n'y arriverait jamais et chaque minute durait une éternité. Ça m'a pris un temps fou pour arriver jusqu'à la porte de l'appartement" se souvient la jeune femme.

La seule priorité devient donc d'arriver à temps pour la maternité et les futurs parents prennent la route pour le CHU. Dans la panique, et pour être sûr d'emprunter le meilleur itinéraire, son compagnon se sert du GPS. Le jeune couple vient d'emménager à leur nouvelle adresse et aucun des deux n'a les idées très claires. Le GPS les guide dans la direction du CHU en passant par le pont de Saint-Brice à Reims.

"Et là, je vois les gros tracteurs ! À aucun moment ils ne nous ont bloqués. Mais du fait de voir les tracteurs et les policiers sur le pont de Saint-Brice, je me dis que le GPS nous a fait passer par là, car le centre-ville allait être bloqué par la manifestation" croit savoir Nathan qui redoutait toujours d'être en retard à la maternité pour l'accouchement de sa compagne.

Ce vendredi 26 janvier, il est 9h passé et la manifestation des agriculteurs vient de s'achever. "Je me suis arrêté au niveau des policiers, car Sarah me disait qu’elle sentait quelque chose et qu’elle touchait le bébé. Au début, je ne m'arrêtais même pas pour demander de l'aide, mais pour demander mon chemin. J'étais dans le déni total et je voulais juste aller à la maternité" avoue le jeune papa encore un peu sonné par l'enchaînement des événements.

Au premier bilan que l’on a fait, on a vu que le bébé commençait à sortir et qu’ils n’arriveraient jamais à temps à l’hôpital.

Jean-Philippe Becanne, brigadier chef à la police municipale de Reims

"Nous étions en poste pour la manifestation des agriculteurs. La manifestation venait de se terminer et le convoi était passé. Et ce couple nous a interpellés sur le pont de Saint-Brice en nous expliquant qu’ils partaient à la maternité en urgence et que la maman allait accoucher" nous raconte Jean-Philippe Becanne, brigadier-chef à la police municipale de Reims. A 59 ans, par chance, il est aussi ancien pompier.

Dans sa carrière, il a déjà procédé à un accouchement. "Quand on a vu l’état de la maman, on a jaugé direct. Au premier bilan que l’on a fait, on a vu que le bébé commençait à sortir et qu’ils n’arriveraient jamais à temps à l’hôpital" se souvient le brigadier-chef. "La maman a accepté qu’on l’ausculte et c’est là qu’on a compris qu’il allait falloir procéder à l’accouchement, car le bébé était déjà sorti de quelques centimètres" détaille Jean-Philinne Becanne.

Un bébé en siège... sur le siège

"Une policière m’a mis en confiance rapidement. Elle m’a expliqué que son collègue était un ancien pompier. Elle m’a gentiment demandé de me garer sur le côté." continue de nous raconter le futur papa. "J’aime bien me dire que c’est grâce à elle que cela s’est passé comme ça parce que c’est elle qui a pris l’initiative de nous arrêter et c’est elle qui m’a mis en confiance pour prendre les bonnes décisions car je sais que j’étais braqué sur l’idée de foncer à l’hôpital et j’aurais pu faire une connerie" avoue-t-il avec le recul. À ce moment-là, tout le monde comprend que le bébé va naître sur le siège passager de la voiture. Le jeune papa précise aux trois policiers que le bébé se présente... en siège. Même médicalisé, l'accouchement aurait pu être compliqué. 

Puis... un cri

En quelques minutes seulement, avant même que les pompiers et le SAMU aient le temps d'arriver, la jeune femme donne naissance à son bébé. "Tout se passe très vite et là, on réalise qu’il fait 7 degrés dehors. On lui met une couverture de survie et on ferme les portes de la voiture avec le chauffage à fond en attendant que le camion des pompiers chauffe aussi" détaille Nathan, encore sous le coup de l'émotion.

"La seule peur que j’avais, c'était que le bébé ait le cordon autour du cou. Mais dès que le bébé est sorti, il a pleuré. Tout s’est bien passé et on était très contents que cela se passe comme ça, surtout pour les parents" nous raconte le brigadier-chef qui a assisté le couple dans ce moment quelque peu hors du temps.

Quand on s’est retrouvés tous les trois au calme dans notre chambre, il nous a fallu un certain moment pour percuter ce qui venait de nous arriver.

Sarah, jeune maman de 27 ans

"Dès le début, je me disais que ce genre d’histoire n’arrivait qu’aux autres et j’avais du mal à réaliser que c’était en train de nous arriver. Les femmes qui accouchent dans leur voiture avec un policier qui passe par là, on ne voit ça que sur internet", s'en amuse aujourd'hui la maman. "On n’est pas du tout préparés à des journées comme ça. On ne sait jamais à quoi s’attendre quand on prend notre poste donc on se tient prêt à toute éventualité. Effectivement, un accouchement, ce n’est pas tous les jours et je vais m’en souvenir longtemps. Ça restera gravé." nous confie, avec la pudeur due par sa fonction, le policier Jean-Philippe Becanne.

Très rapidement, le couple et le bébé qui vient de naître sont pris en charge par les secours et sont emmenés aux urgences maternité du CHU de Reims. "J’avais peur de tout : de l’accouchement, de la péridurale, d’une possible césarienne et finalement, ça s’est passé dans ma voiture sans rien ni personne et je l’ai fait" réalise en riant la jeune maman. "C’est sûr que c’est une entrée fracassante. Quand on s’est retrouvés tous les trois au calme dans notre chambre, il nous a fallu un certain moment pour percuter ce qui venait de nous arriver" conclut Sarah.

Aujourd'hui, la petite Ellie se porte bien. Elle a une semaine. Et ses parents sont prêts à toutes les autres aventures que leur petite fille pourrait leur faire vivre. Attachez vos ceintures !

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