Peter Cherif, accusé notamment d'avoir joué un rôle auprès de Chérif Kouachi, l’un des deux terroristes de Charlie Hebdo, est jugé par la cour d'assises spéciale de Paris depuis ce lundi. Lors de son procès, qui doit durer trois semaines, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
C'est un vétéran français du jihad qui se retrouve devant la justice ce lundi 16 septembre 2024. Peter Cherif, aujourd'hui âgé de 42 ans, est jugé par la cour d'assises spéciale de Paris pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen où il faisait partie d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
Le procès, qui doit durer jusqu'au 4 octobre, devra notamment trancher la question de son implication dans les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris. Les juges d'instruction estiment qu'il a "facilité l'intégration au sein d'Aqpa d'un des frères Kouachi, très probablement Chérif", et qu'il avait "connaissance" de "la mission" de perpétrer un attentat en France confiée à son ami d'enfance lors d'un court séjour à l'été 2011 au Yémen.
Les Kouachi ont un lien avec la Champagne-Ardenne. En 2015, Saïd Kouachi était locataire d'un appartement du quartier Croix-Rouge à Reims (Marne). Un important déploiement de forces de l'ordre pour fouiller les lieux le soir même de l'attaque de Charlie Hebdo a marqué le quartier. Saïd Kouachi a été enterré à Reims, dans une sépulture anonyme. Son frère est lui inhumé à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
Peter Cherif a jusqu'ici nié tout lien avec les attaques de janvier 2015. Entendu à l'automne 2020 comme témoin lors du procès des attentats, commis notamment par les frères Kouachi avant qu'ils ne soient abattus par les forces de l'ordre, et qui ont fait au total 17 morts, il a assuré n'avoir "rien à voir" dans ces attaques, avant de se murer dans le silence.
Perpétuité encourue
Le procès, qui va s'étaler sur trois semaines, doit permettre de faire la lumière sur son implication réelle dans les attaques. "On pourrait savoir beaucoup de choses sur l'organisation de la préparation de ces attentats. On pourrait apprendre exactement quels sont les fonds dont ils disposaient. On pourrait aussi savoir - ce qui est resté une énigme - d'où venaient les armes utilisées par Chérif Kouachi", explique Maître Antoine Casubolo-Fero, avocat de l'association française des victimes du terrorisme, interrogé par nos confrères de France 2 dans un reportage diffusé dans le journal de 20h, le 12 septembre dernier.
Peter Cherif a été arrêté en 2018, à Djibouti, où il s'était rendu avec de faux papiers. Il a ensuite été expulsé vers Paris. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
