Arnaud Robinet maintient sa position : il reste favorable à la légalisation du cannabis, a-t-il déclaré sur RTL le mardi 15 septembre. Lors de sa visite ministérielle à Reims (Marne) la veille, Gérald Darmanin, s'y était formellement opposé.
Arnaud Robinet ne changera pas d'avis. Au lendemain de la visite du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans sa ville de Reims (Marne), l'édile maintient sa position. Il reste favorable à la légalisation du cannabis, une opinion qui épouvante le ministre : ce dernier compare le psychotrope à "de la merde".
C'est au micro de nos collègues de RTL que le maire rémois a clarifié sa position, le mardi 15 septembre 2020 peu avant 8h30. Il y évoque son "long cheminement" sur la question.
Le maire pointe le nombre important de violences survenues à Reims pendant l'été, en partie liées au cannabis. Il se place en porte-à-faux du ministre de l'Intérieur qui souhaite réprimer la consommation. "Le constat que je fais, mais je ne suis pas le seul, c’est que nous voyons en France que nous sommes le pays le plus répressif en matière de consommation de cannabis… Mais nous avons le nombre de consommateurs le plus important en Europe." Comprendre : réprimer, ça ne marche pas.Je ne peux pas dire qu'on va légaliser cette merde.
Arnaud Robinet pose une question "qui dépasse la simple sécurité : c'est un enjeu de société et il y a la sécurité sanitaire". Il cite les exemples à l'étranger. "J’ai plutôt ma propre vision de pharmacologue, ma propre analyse sur la question. Je me suis rendu au Canada il y a quelques années, au moment où a été légalisé le cannabis. Je regarde ce qui se fait ailleurs, notamment au Portugal, aux Pays-Bas, dans certains États des États-Unis. Il y a eu des évolutions en termes de consommation, certains sont revenus dessus mais ont mieux encadré… Il y a des choses qui durent, qui fonctionnent. Clairement, je veux qu’on pose un débat."
Le sujet suscite de vives réactions. Mais Alain Rigaud, président d'honneur de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), est heureux de voir le débat relancé, rapporte le maire rémois. "Bien sûr, c’est tabou. Mais il y a la question de la définition. Si on parle de légalisation, on imagine tout et n’importe quoi. Ça ne veut pas dire qu’on fume partout et sans contrainte. Au contraire, on encadre la consommation, vis-à-vis des mineurs notamment. On contrôle et garantit la sécurité sanitaire des produits. Pour un meilleur contrôle des addictions et malades, à ce jour vus comme délinquants. Et, faut être clair, ça apporte aussi des rentrées fiscales à l’État..."Nous sommes le pays le plus répressif en matière de consommation de cannabis; mais nous avons le nombre de consommateurs le plus important.
Bombe à retardement ?
Derrière le micro de RTL, Yves Calvi s'inquiète d'une possible "bombe à retardement sanitaire" pour les jeunes. Mais Arnaud Robinet reste déterminé. "Je suis un élu responsable, c’est d’ailleurs ce qui me fait prendre cette position et ouvrir ce débat. On se voile la face. J’ai évidemment conscience de l’impact du cannabis sur le cerveau des jeunes. Laisser pourrir la situation telle qu’on la connaît, c'est ça la bombe. Légaliser permettrait d’encadrer ce que les jeunes fument aujourd’hui, de garantir un contrôle sanitaire. La situation aujourd’hui, c’est que les jeunes fument n’importe quoi. Ils ne savent pas ce que ce qu’ils fument.""Je le redis : la légalisation ne concerne pas seulement la sécurité, c’est également une question de sécurité sanitaire pour notre jeunesse et notre société." Cette interview est à retrouver sur RTL, en intégralité.