Après les incidents du week-end du 15 et 16 août dans les quartiers Wilson et Croix-Rouge, Arnaud Robinet, le maire (LR) de Reims appelle le gouvernement à rouvrir le débat sur la légalisation du cannabis. Il réfléchit aussi à une série de mesures répressives au niveau local.
"Je souhaite que le gouvernement ouvre une réflexion sérieuse au sujet de la légalisation du cannabis, en étudiant les conséquences et l'impact de cette mesure qui attaquerait les trafiquants au porte monnaie". Ce n'est pas un représentant d'Europe Ecologie les Verts qui s'exprime ainsi, mais bien Arnaud Robinet, maire de Reims et membre des Républicains.Cet appel a ét lancé ce jeudi lors de la conférence de presse de rentrée de l'édile.
Certes, l'élu prend soin de rappeler qu'il n'a pas "d'idées préconçues ni de position fixe", mais il ne cache pas les avantages qu'il verrait à l'application d'une telle mesure. Un encadrement par l'Etat de la vente de cannabis offrirait des rentrées d'argent qui selon lui "assureraient des moyens en plus aux forces de l'ordre", et permettrait en outre "de concentrer l'activité de la police nationale sur les gros trafiquants de drogues dures".
Pour expliquer sa position, le maire de Reims s'appuie sur les violences qui ont émaillé le week-end des 15 et 16 aôut dans les quartiers Wilson et Croix Rouge à Reims. Pas moins de 13 voitures incendiées dans le quartier des Hauts de Murigny dimanche soir, où des pompiers et policiers ont été accueillis à coups de mortiers de feu d'artifice une fois arrivés sur les lieux. En outre, 7 policiers ont été blessés durant le week-end à la suite d'échauffourées. Une série de violences provoquée semble-t-il par l'arrestation samedi d'un trafiquant présumé de stupéfiants dans le quartier Wilson.
Pour le maire de Reims, le constat est clair : "les trafics de stupéfiants sont à l'origine de ces réglements de compte, et la revente du cannabis y occupe une large place".
Légaliser le cannabis ? Un serpent de mer, qui promet de longs débats dans l'opinion, voire à l'Assemblée si le dossier devait être ouvert. Traditionnellement la droite y est hostile, et le maire de Reims marque ici sa différence à l'égard de sa famille politique.
Couvre-feu et suspension des allocations familiales ?
Pour endiguer la délinquance dans les quartiers rémois, le maire de la ville a aussi fait une série de propositions, cette fois plus cohérentes avec sa fonction car dépendant directement de ses compétences.D'abord, "un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans" fait partie des options envisagées. Reprenant une proposition de sa dernière campagne électorale, le maire de Reims appelle aussi à la création "d'équipes pour sécuriser les hall d'immeubles". Des équipes dont la création repose sur les bailleurs sociaux, que le maire n'a pas hésité à tancer : "nous voulons les inciter et les obliger à mettre en place ces équipes". Des bailleurs, décidémment houspillés et appelés en outre à "expulser les familles qui pourrissent la vie d'un immeuble". Tout un programme.
Autre point, tout aussi sensible et délicat à mettre en place : la suspension des allocations familiales "quand il y aura manquement de surveillance et d'éducation". Ce point là est du ressort du parlement, et Arnaud Robinet le sait. Il dit donc étudier, au niveau local, la suspension des aides sociales de la ville de Reims (versées par le Centre Communal d'Action Sociale, ndlr) aux familles "qui ne rempliraient pas leur rôle vis à vis de leur enfant".
Côté forces de l'ordre, le maire de Reims reprend un point défendu durant sa campagne, à savoir des patrouilles mixtes entre police municipale et nationale. A la rentrée devrait être annoncée en outre "une réorganisation de la police municipale permettant une présence quotidienne" dans les quartiers sensibles.
Concernant les effectifs de la police nationale, le maire de Reims souhaite sans surprise des effectifs supplémentaires. Son espoir : que les quartiers Croix Rouge et Wilson, déjà classés "Zone de sécurité prioritaire"entrent dans le dispositif "Quartier de reconquête républicaine" lancé en 2018. Une quinzaine de quartiers sont déjà concernés, d'autres devraient l'être et Reims est candidate. Si la demande de la Ville est acceptée par le gouvernement, le maire en attend "15 à 20 agents supplémentaires".