Marne : capitale européenne de la culture, qu'implique le titre que convoite Reims pour 2028

L’annonce est faite et le projet en construction. Arnaud Robinet, maire de Reims, a annoncé les échéances : juin création de l’association "Reims 2028 Capitale européenne de la Culture" à la tête du projet et fin 2022 le choix de la ville retenue par la France.

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"Porter ce projet affiche une ambition très claire. C’est la pierre angulaire de notre vision de Reims de demain". Arnaud Robinet, maire de Reims, l’a annoncé : Reims ambitionne de devenir la capitale européenne de la culture en 2028. A travers cet énorme projet, l’équipe municipale montre son envie d’impulser un nouveau souffle à l’agglomération mais aussi à l’ensemble de la région bien au-delà de la seule métropole rémoise. D’ailleurs les maires d’Epernay, Troyes, Charleville-Mézières et Châlons-en-Champagne ont donné leur accord pour jouer un rôle dans cette aventure.

Si l’engouement est là côté municipal, Arnaud Robinet précise bien que "la candidature sera humaine et fédératrice. Ce projet sera un projet inclusif où chacun pourra y avoir sa place, les associations, nos structures, la jeunesse. Ce sera une œuvre collective, un jeu de construction où chacun pourra déposer sa brique". Objectifs : "créer des liens, rapprocher les arts, donner des ailes à la création".
 

Qu’est-ce qu’une capitale européenne de la culture ?

"Capitale européenne de la culture" est un label décerné par l’Union Européenne. Durant un an, les villes choisies (deux désormais) ont la responsabilité de mettre en avant leur patrimoine et leur dynamisme culturel en organisant toutes formes d’évènements culturels. Être capitale européenne de la culture s’est prouver à l’Europe sa richesse culturelle, mais aussi historique et patrimoniale. C’est aussi avoir une ambition de développement pour son territoire.

A l’origine de ce label : l’entrée de la Grèce dans l’Europe en 1981 et la volonté de sa ministre de la Culture Mélina Mercouri de mettre en valeur une ville de la communauté européenne. Athènes fut d’ailleurs la première ville européenne de la culture en 1985. L’année de lancement… et la mise en lumière de la diversité de la culture européenne.

Les pays de l’Union Européenne ne peuvent pas prétendre à ce titre tous les ans. Des règles précises assurent une rotation entre les états membres. Des règles qui évoluent aussi et en 2009,  il est décidé de désigner au moins deux capitales européennes de la culture. L’une est issue d’un état membre de l’UE depuis longtemps, l’autre d’un état entré plus récemment. Peut s’ajouter une troisième ville, issue d’un pays voulant entrer dans l’Union Européenne (Istanbul en 2010).

La France est donc le pays retenu, au titre des états membres depuis longtemps, pour 2028 et doit ainsi sélectionner pour fin 2022 sa candidate. C’est ensuite la Commission européenne qui étudie les dossiers et enfin le Conseil des Ministres de l’Union Européenne qui tranche après avis du Parlement.

 

Les atouts de Reims

"C’est une opportunité exceptionnelle pour la ville, pour son développement et son rayonnement", précise encore Arnaud Robinet. La candidature de Reims s’appuie sur son histoire au fil des temps ce qui l’a rendu "profondément européenne". De "Reims la Romaine, capitale médiévale, théâtre du baptême de Clovis, à Reims ville martyre qui s’est relevée de ses cendres après la 1ere guerre mondiale", explique le maire de Reims. Elle est devenue "lors de la reconstruction des années 1920, une capitale européenne de l’Art Déco. Puis ce fut la ville de la reddition du 3e Reich et de la réconciliation franco-allemande, symbole du dialogue entre les peuples". Reims rayonne aussi partout en Europe grâce à son breuvage effervescent. Ces années d’histoire compteront aussi dans ce projet.

Arnaud Robinet met aussi en avant les villes jumelles de Reims : Aix-la Chapelle, Salzbourg, Canterbury, Kutna Hora et Florence qui seront associées à cette candidature européenne. Et puis et surtout, la ville de Reims s’appuie sur une offre culturelle qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Avec des structures et infrastructures importantes comme Le Manège, scène nationale, la Comédie, Centre dramatique national, l’Opéra, la Cartonnerie, Césaré, le Frac, ce sont six équipements nationaux qui apportent à Reims une culture du monde entier. "Ces équipements sont des pôles majeurs de la diffusion culturelle. Et puis il y a aussi Le Cellier, la Fileuse, La Maison Commune du Chemin Vert et les réseaux des Maisons de quartier qui organisent tout au long de l’année de nombreux évènements". L’agglomération rémoise possède 64 associations porteuses de projets culturels et 28 structures conventionnées.
 


"Nous souhaitons aussi renforcer l’art dans l’espace public et faire entrer en résonance patrimoine et création, explique encore le premier magistrat. Notre ambition : créer une dynamique, un enthousiasme commun, mobiliser des moyens humains et financiers et ainsi mettre en lien tous les acteurs pour bâtir un dossier solide".
 

Un intérêt économique

Dès le mois juin, la municipalité présentera les membres de l’association qui géreront le projet. Des ambassadeurs au parcours reconnus seront aussi nommés pour porter cette candidature. Car il s’agit-là de plus qu'un projet d’une année. "Il y a un avant, toute l’effervescence que nous devons mettre en musique, reprend Arnaud Robinet, mais il y a aussi l’après 2028. Le concept que nous mettons en place à travers ce projet est celui du Reims de demain. A Lille, capitale européenne de la culture en 2004, il y a encore des répercussions aujourd’hui. Elle a réussi à fédérer sa population".

Fédérer sera le premier travail de l’équipe qui montera le projet. En 2022, la candidature devra s’écrire et le dossier être remis. En 2023, Reims saura si elle est retenue. Puis entre 2024 et 2028, ce sera la préparation des évènements pour qu’en 2028, plus de 500 manifestations culturelles soit organisées partout dans la ville. Et ainsi pouvoir bénéficier des retombées, économiques et touristiques, que ce genre de labellisation peut apporter. Il faudra aussi apporter un budget conséquent fait de subventions européennes et nationales mais aussi de mécénats privés.
 

Les autres villes françaises candidates

La France sera accompagnée en 2028 par la République Tchèque. Deux pays, deux villes pour porter la culture européenne. En France, Reims aura pour adversaires : Bourges, Rouen, Clermont-Ferrand, Saint-Denis et Nice, la dernière à avoir fait connaître sa candidature. Et certaines villes sont déjà sur les rangs depuis un moment, Clermont-Ferrant a annoncé sa candidature depuis 2015 alors que Nice était déjà candidate pour le titre lors de l'édition 2013. L’une d’entre elles prendra la suite de Marseille capitale européenne de la culture en 2013, Lille en 2004 et Paris en 1989. "La dernière ville française était de la région Paca, souligne Arnaud Robinet. Mais que le meilleur gagne".

Dans un rapport rédigé, en 2004, par la commission européenne concernant les motivations des villes à se porter candidate, il était indiqué que "la plupart d’entre elles poursuivaient de nombreux objectifs renvoyant souvent au besoin de développer le profil international de la ville et de sa région, de mettre en place un programme d’activités culturelles et d’événements artistiques, d’attirer des visiteurs et de renforcer la fierté des villes et l’image qu’elles ont d’elles-mêmes. Mais les conclusions étaient mitigées quant à la participation du label au renforcement de l’intégration européenne. Peu de villes semblaient, en effet, attachées à la dimension européenne de l’évènement. Les attentes de coopération entre villes partageant le titre n’ont pas été réalisées ou maintenues".

Reims ambitionne cela, que l'Europe soit au coeur de ce projet. Devenir la capitale européenne de la culture, c’est aussi se forger une réputation et l’image d’une ville où toutes les populations se mêlent à travers des formes artistiques les plus diverses. La ville au service des arts, pour Reims peut-être bientôt.

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