Cet ancien restaurant Courtepaille a été abandonné, squatté, et incendié

Le site de l'ancien Courtepaille de Reims (Marne) fait triste mine. Après sa fermeture en juin 2023 puis son incendie au mois d'août suivant, il demeure à l'abandon.

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Courtepaille est l'une des enseignes les plus connues et appréciées de la population française. Mais le succès de la marque n'a pas empêché des déboires financiers pour sa maison-mère, qui a fini par mettre la clé sous la porte.

Autour de Reims (Marne), le Courtepaille de Tinqueux, situé route de Soissons, a été récupéré et pérennisé par le groupe La Boucherie. Il s'agit du repreneur de l'activité et d'une partie des restaurants de Courtepaille. 

Mais ce n'est pas le cas de celui de Reims intra-muros. Implanté zone Henri Farman, il est situé route de Soissons. Il n'a pas été repris par la Boucherie en juin 2023, et laissé à l'abandon, a vu son parking être occupé par plusieurs caravanes.

Des cendres et des détritus

Au mois d'août, L'Union rapportait que le feu prenait sous le toit. Une intervention compliquée des pompiers pour démonter la zinguerie et éteindre l'incendie n'a pas empêché l'embrasement du rez-de-chaussée. Le restaurant était détruit.

L'occupation des environs a été interrompue, puis a repris. Depuis, le site s'est mué en une mini-friche. Ce qui fait tache pour les deux voisins immédiats, le très fréquenté rond-point Fulton, et les peintures végétales Luma (voir la carte ci-dessus).

Mais comment a-t-on pu en arriver là, alors que tout semble aller bien à Tinqueux ? Le groupe La Boucherie détient une partie de la réponse... À défaut de posséder le terrain ou les murs de ce Courtepaille.

Ce qui s'est passé ici est fort regrettable, mais ne dépend plus du repreneur, précise ce dernier. Marlène Velé, la directrice des opérations de la division Courtepaille de La Boucherie, a expliqué à France 3 Champagne-Ardenne que "ce restaurant ne nous appartient plus. Quand le groupe La Boucherie a fait une offre de reprise, elle portait sur l'ensemble des contrats de franchise, et sur dix restaurants-filiales."

"Les autres filiales n'en faisaient pas partie. Ils n'ont pas été repris et ces restaurants ne nous appartiennent plus. Les murs sont à des bailleurs privés ou à des foncières." Ce sont donc ces entités qui décident dorénavant du sort des anciens Courtepailles. Ou ne décident pas, dans le cas de celui de Reims. La responsable confirme. "Si ça brûle ou si c'est squatté, ce n'est pas du tout de notre ressort." 

Courtepaille ne possédait pas tous ses restaurants

Une conséquence de la stratégie du groupe Courtepaille, dans les années 2010, de revendre beaucoup de ses bâtiments. "Ils ont appartenu à des bailleurs ou des foncières, qui ont alors loué les locaux à Courtepaille. Quand la société Newcourt [Courtepaille; ndlr] a été liquidée, tout ça s'est arrêté."

"Une des raisons pour laquelle le groupe La Boucherie n'a pas repris l'ensemble du réseau, au-delà des capacités financières, c'est que les niveaux de loyers des bailleurs envers les Courtepailles étaient très élevés. Les restaurants n'étaient plus viables. Des conditions particulières, validées dans l'offre de reprise", ont été proposées à certains candidats qui voulaient reprendre ou rouvrir un Courtepaille. "On a essayé dans ces cas-là de négocier avec les bailleurs pour avoir des conditions de location plus favorables, pour permettre la réouverture." 

Contrairement au Courtepaille de Tinqueux, franchisé et dont le contrat a été repris, celui de Reims, détenu par une foncière, n'a pas pu en bénéficier. Le sort des lieux dépend donc de cette dernière. "Ce sont ces personnes à qui appartiennent les murs qui laissent les choses dépérir." Courtepaille ne possède pas leurs coordonnées. Les sites d'informations des sociétés et l'annuaire gouvernemental des entreprises ne tiennent pas une base de données forcément à jour des entités ayant dirigé les Courtepailles laissés de côté. France 3 Champagne-Ardenne n'a pas pu joindre les personnes qui en étaient à la tête ou possédaient les terrains.

Les autorités interviennent

Sollicitée, la mairie de Reims n'a pas non plus pu communiquer ces informations. Les informations du cadastre sont mises à disposition du public par le gouvernement, mais ne nous apprennent que la superficie du terrain (3 000 mètres carrés) et non son propriétaire (la foncière). 

L'autorité municipale a seulement communiqué au sujet de l'occupation illégale du terrain sinistré, ne pouvant que constater la situation et s'en remettre à l'action de la sous-préfecture. "Le site de l’ancien restaurant Courtepaille a fait l’objet d’une installation illégale de gens du voyage après l’incendie de cet établissement. Une demande d’évacuation avait été adressée à la sous-préfecture, qui fut suivie d’effet."

Mais les caravanes sont ensuite revenues. "À la fin du mois de janvier, quatre caravanes étaient venues réoccuper le site. Un constat établi le 22 janvier a donné lieu dès le lendemain à la transmission d’un rapport avec demande d’intervention à la sous-préfecture. Une intervention des forces de police pour l’évacuation des gens du voyage a eu lieu."

En sus, le maire de Reims "a pris une décision complémentaire pour neutraliser le site et éviter toute nouvelle intrusion. Plusieurs plots en béton ont été disposés sur l’espace public, en limite de cette propriété privée." Ils sont bien présents et délimitent désormais l'accès au site. Qui, en attendant, restera dans un état déplorable. 

Sollicité par France 3 Champagne-Ardenne, le voisin direct du site, une entreprise de peinture, n'a pas répondu. 

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