Champagne : la perte estimée à 100 millions de bouteilles inquiète, l’interprofession prend de nouvelles mesures

Une bouteille de champagne sur trois ne sera pas vendue en 2020 et il faudra faire face à une perte possible d’1,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires rappelle, dans un communiqué, le Comité Champagne. Une crise sans précédent que l'interprofession tente d'encadrer.

Les maisons de Champagne et les vignerons ont retrouvé un peu de joie depuis l’annonce du Premier ministre, le 28 mai dernier, de l'autorisation de rouvrir les lieux de consommations festives (bars, restaurants…). Une réouverture effective depuis le 2 juin. Pour autant, l’appellation n’est pas "sortie de l’auberge", car tous les yeux sont désormais tournés vers l’export en Europe (la Grande-Bretagne représente le premier marché en volume) et le grand export (les Etats-Unis sont le premier marché en valeur, là où sont consommées les flacons à forte valeur ajoutée).

Globalement, les mesures très techniques prises par le Comité Champagne (une partie de la future vendange ne pourra être mise en bouteilles qu’à compter du 1er janvier 2022, suspension du marché des vins en cours d’élaboration jusqu'au 28 juin 2020 etc) montrent que les deux familles (maisons de Champagne et vignoble) se sont entendues pour poser un cadre et faire face à cette crise violente pour tous. "Le risque doit être partagé chez tout le monde", explique un président de coopérative. Aujourd’hui, toute la Champagne attend la date du 22 juillet. A l’issue de cette négociation, on sera fixé sur le volume à cueillir. Quel sera le niveau du compromis ? Les deux familles unies pour le meilleur et le pire doivent trouver ensemble ce chiffre vertueux qui a fait le succès de l’appellation.

"Tous les quinze jours, j’appelle le comptable"

Chez les jeunes qui viennent de s’installer, la situation est très inquiétante. Aurore Casanova a créé avec son conjoint un domaine de 3,5 hectares, il y a 5 ans à Mardeuil (Marne). La jeune femme est angoissée par le manque de visibilité. Quand, comment, à quelle vitesse la consommation va-t-elle repartir ? "Nous avions une belle entreprise saine avec une jolie croissance. Une partie est consacrée à la vente au kilo et l’autre à la commercialisation de bouteilles de champagne que nous élaborons. Nous avons acheté des bâtiments et, en deux mois et demi, notre trésorerie est descendue au plus bas. Tous les quinze jours, j’appelle le comptable pour faire un point.

J’ai peur que, dans deux ans, les bâtiments que nous avons achetés appartiennent définitivement à la banque. Si le niveau de récolte est trop bas nous devrons faire un choix entre la vente au kilo et l’élaboration de nos bouteilles. Je crains que cette crise impacte l’élan de commercialisation pour les 4 à 6 ans à venir."


Depuis le village marnais de Mutigny, qui surplombe Aÿ, un observateur aguerrit du monde champagne, Bernard Beaulieu est lui aussi très inquiet. Selon lui, si le niveau de récolte est fixé en dessous de 8.000 kilos/hectare, toutes les exploitations viticoles seront déficitaires. Il y aura de la casse et certaines maisons de négoces rencontreront de grandes difficultés financières...

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