Depuis l’apparition de l’épidémie en France, l’université de Reims Champagne-Ardenne s’est mobilisée pour aider le CHU rémois à faire face au SARS-CoV2. Aujourd’hui, ses équipes de recherche travaillent sans relâche pour mieux comprendre et mieux combattre le virus.
Passer au crible des milliards de molécules en un temps record pour trouver celles qui seraient capables d’inhiber le SARS-Cov2 (covid-19) : c’est l’objectif tout récent d’une des équipes de recherche de l’université de Reims Champagne-Ardenne (URCA). Des chimistes, des biophysiciens, des biologistes, des informaticiens et des médecins se sont réunis autour de ce projet "HT Covid" qui vise à trouver des molécules susceptibles de servir de base à un médicament.
Et pour cela, l’URCA s’appuie sur un réseau de super-calculateurs, dont le sien, baptisé ROMEO, qui ont déjà permis de tester plus d’un milliards de structures, qu’il va falloir maintenant analyser. Les équipes de chercheurs de l’URCA travaillent donc en contact avec des chercheurs de la France entière pour trouver les potentielles molécules ayant une action sur le virus.
L’originalité de notre approche “virtuelle” est de coupler une échelle ultra-large de criblage avec les connaissances des biologistes et des médecins sur le virus. Puis de de synthétiser, purifier et tester “en vrai” les candidats potentiels.
- Pr. Jean-Hugues Renault, directeur de l’Unité mixte de recherches de l’Institut de chimie moléculaire de Reims (CNRS/URCA)
Mieux comprendre le virus
Si les uns cherchent les bases d’un anti-viral, les autres tentent de mieux comprendre le fonctionnement du SARS-CoV2. C’est le cas par exemple de l’équipe CardioVir du laboratoire de virologie médicale et moléculaire de l’URCA. Cette équipe de chercheurs tentent d’observer et de comprendre les actions du virus sur le système cardio-vasculaire.Depuis 2012 en effet, une équipe composée d’hospitalo-universitaires, de praticiens hospitaliers, de jeunes chercheurs et de techniciens de recherche étudie les infections cardio-vasculaires virales et les réponses inflammatoires en pathologie humaine. "Pendant le confinement, l’équipe CardioVir a continué son activité à plus de 100%, précise Guillaume Gelle, président de l’URCA. Elle s’est fortement mobilisée dès le début pour travailler sur le covid".
Du matériel mis à disposition du CHU
D’ailleurs, depuis l’apparition de l’épidémie, c’est l’ensemble de la communauté universitaire qui s’est lancé dans la lutte contre le covid19 en partenariat étroit avec le centre hospitalier universitaire de Reims. Du matériel de protection a été donné aux équipes soignantes. Les imprimantes 3D de l'université en ont fabriqué plus encore et ont même pu imprimer quelques pièces spécifiques pour les soins, à la demande du CHU."Nous avons aussi plusieurs thermocycleurs à l’université de Reims, qui permettent de réaliser des tests PCR, dont deux ont déjà été mis à disposition du CHU au début de la crise", poursuit Guillaume Gelle. Le test PCR (pour "polymerase chain reaction") est le test de dépistage du covid19 le plus utilisé en France depuis le début de l'épidémie. Il est effectué grâce à un prélèvement dans la gorge, le nez ou le nasopharynx à l'aide d'un petit écouvillon (goupillon) inséré dans le nez, avec un résultat disponible après 3-4 heures. Les thermocycleurs permettent d’analyser ces prélèvements. Sept d’entre eux sont encore disponibles à l’université, qui réfléchit actuellement avec les instances sanitaires à leur prochaine utilisation au service des citoyens.
Les étudiants en santé, eux aussi mobilisés
Enfin, ce sont tous les étudiants en santé qui ont été mobilisés et qui le sont encore, souvent, pour lutter contre le nouveau coronavirus. Etudiants et étudiantes en médecine, infirmiers, apprentis aides-soignants, élèves pharmaciens : ils prêtent main forte à leurs ainés dans les hôpitaux et les centres de soin. Chez les étudiants infirmiers rémois par exemple, les trois promotions ont été mobilisées, à raison de 130 étudiants par promotion, dirigés soit vers les centres hospitaliers, soit vers les EHPAD.
D'après les retours que l'on a, émotionnellement, ce n’est pas simple. C’est une crise sanitaire, c’est quelquechose d’inédit, tant pour le personnel soignant que pour les étudiants. C'est du jamais-vu.
- Amélie Thiérus, présidente de la corporation rémoise des étudiants infirmiers
L’URCA est une université pluri-disciplinaire avec un pôle santé complet. En plus des étudiants, les praticiens hospitaliers de l’université ainsi que tous les personnels techniques qui l’ont pu ont été mobilisés pour faire face à la crise. Pour Guillaume Gelle, c’est assez "exemplaire": "Il faut aussi que notre territoire prenne conscience de la chance que c’est d’avoir une université comme la nôtre dans ce genre de situation. Il me semble qu’il faut vraiment saluer l’investissement large de la communauté universitaire et de ses étudiants, dans le soin, mais aussi dans l’accompagnement social".
Un engagement qui est loin de prendre fin, qu'il s'agisse de la recherche, du matériel à disposition ou de l'investissement de tous les membres de l'université. Les équipes de recherche poursuivent leur travail. La communauté universitaire dans son ensemble reste mobilisée. Preuve, s’il en était besoin, que l’institution a un rôle majeur à jouer dans la réalité sanitaire qui occupe aujourd’hui le pays tout entier.