Confinement : SOS amitié en première ligne

Le rôle de l'association est primordial alors que le confinement accroît l'isolement des personnes seules. Un rôle d'écoute, d'apaisement et de bienveillance plus que jamais nécessaire en cette période particulièrement troublée. Témoignage à Reims. 
 

Société
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« La question de la continuité s’est posée mais la décision a été prise tout de suite : on poursuit d’autant que l’angoisse monte! » Malgré le confinement, les bénévoles marnais de SOS amitié continuent leur mission, à savoir répondre au téléphone 24h sur 24h et 7 jours sur 7. « Depuis quelques jours, le coronavirus est devenu le thème central des appels » note Jean-Paul, responsable communication et ancien président du poste rémois.

Une angoisse partagée par tous, sauf que ceux qui font appel à l’association sont plus fragiles, « de manière générale, ils évoquent à 80 % des problèmes de solitude. Désormais, avec le confinement, la situation est exacerbée car ils reçoivent moins de visites ». Et la situation est plus préoccupante encore pour ceux qui souffrent de maladies psychiques. Ils représentent plus de la moitié des appels. « Le confinement est pour eux insupportable, d’autant que les activités proposées dans les Esat (Etablissements et services d’aide par le travail, ndlr) et les CMP (centres médico-psychologiques) sont à l’arrêt », explique Jean-Paul qui conclut « pour eux, c’est terrible ». 
 

Ceux qui souffrent de maladies psychiques ne peuvent plus se rendre chez leur psychologue.
- Jean-Paul, membre de Sos amitié


La difficulté est la même pour ceux et celles qui sont suivis par des psychologues. Là encore, depuis mardi midi, c’est impossible. « Les autorisations de déplacement fonctionnent pour aller chez un médecin, mais les psychologues ne sont pas médecins contrairement aux psychiatres », ajoute-t-il.
 

Des bénévoles motivés et mobilisés encore plus

La situation est hors norme. Ce qui nous vivons, motive encore un peu plus l’engagement des 24 bénévoles du poste marnais. Par la parole et surtout l’écoute, ils tentent d’apaiser. Pour rejoindre leur bureau rémois, ils doivent cocher la case « assistance aux personnes vulnérables » sur l’attestation de déplacement obligatoire. Et ils se sont vus doter d’un document supplémentaire qui justifie de leur mission pour l’association. A montrer si nécessaire aux forces de l’ordre. L’un des principes fondamentaux de la structure -l’absolu anonymat des bénévoles- est un peu écorné. Une contrariété pour Jean-Paul, qui n’a d’autre choix que l’accepter. 

Les appels sont-ils plus nombreux depuis le début du confinement ? Impossible à dire. Tout est centralisé et redirigé vers les différents postes partout dans le pays. Une certitude : « on est saturé depuis des mois, 3 appels sur 4 n’aboutissent pas ». 
Avec le confinement, la formation des quatre nouveaux bénévoles est suspendue. Le poste rémois redoute donc des difficultés de planning à l’avenir. A quelques exceptions près, les écoutants sont toujours engagés pour 20 heures minimum chaque mois. Et il faudra continuer, coûte que coûte. « C’est le bien être des appelants qui nous tient au quotidien, et nous motive tout particulièrement en cette période », conlut-il. 
 

« Certains vont appeler l’association pour la première fois » 


SOS amitié va-t-elle être plus sollicitée avec le confinement ? Pour Nicolas Schmitt, psychologue dans la Marne et intervenant dans l’association, cela ne fait guère de doute : «l’isolement va accroître le nombre d’appels. Le fait de ne pas travailler signifie pour une partie de la population la perte du principal lien social. Certains vont appeler l’association pour la première fois ». 

Au contact des écoutants, il note que le virus « pesait « depuis quelques temps dans les conversation, désormais « il prend souvent toute la place ». « Solitude et crainte de la maladie s’accentuent mutuellement » note le psychologue. Que faire ? « Trouver les mots juste et surtout écouter. Quand l’autre est entendu dans ses peurs, il va mieux. C’est un besoin fondamental. C’est pour cela que l’action de l’association est formidable ». 

Concernant les plus fragiles, ceux atteints de pathologies psychiques, le psychologue marnais ne cache pas son inquiétude face à un confinement qui pourrait durer : « le principal danger est que le seuil de souffrance soit dépassé et qu’il y ait des passages à l’acte comme le suicide, ou une aliénation psychosociale qui amène certains à devenir délirants.»
 

La peur de « fin du monde » diffuse dans toute la société est beaucoup plus prégnante chez certains. Ils ont moins les moyens de faire face à l’angoisse qui devient plus envahissante.
Nicolas Schmitt, psychologue dans la Marne


Comment éviter cela ? Nicolas Schmitt préconise l’aménagement de temps de rencontres individuelles avec les psychologues, « en respectant la distanciation physique bien sûr ». 
Dans l’immédiat, certains centres médico-psychologiques marnais proposent des conversations téléphoniques pour garder le lien avec leurs patients. 



 
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