Le confinement vu par le chanteur Barcella : "L'isolement, c'est propice à la création"

Célébrité ou anonyme, aucun Français n’échappe au confinement lié au coronavirus. Comment les personnalités originaires de Champagne-Ardenne vivent-elles cette période ? Ce premier épisode vous entraîne dans le quotidien du chanteur rémois Barcella.

15h30. Barcella décroche son téléphone pour répondre à nos questions. “Je sors de table”, indique-t-il, un sourire dans la voix. Le chanteur rémois vit son confinement dans une maison familiale du sud de la France, entouré de ses proches et de ses trois chiens. “J’étais déjà ici quand l’annonce d’Emmanuel Macron est tombée. Je n’ai pas fui la ville pour me réfugier !”, précise-t-il. Les grandes tablées en famille, le jardinage, l’écriture : pour l’artiste, ce confinement représente avant tout un “ressourcement”.

Où et avec qui vivez-vous ce confinement ?

Barcella : Je suis en Ardèche, dans un petit village qui compte seulement six familles. J'y passe habituellement la moitié de l'année. Je suis confiné à la campagne, la vraie ! Je suis en famille, chaudement entouré, et je cultive mon jardin : mon jardin extérieur mais aussi mon jardin intérieur !
 



À quoi ressemblent vos journées ?

J’ai la chance d’avoir beaucoup d’espace. Je ne suis pas du tout jardinier, mais la verdure, ça m’invite à m’y mettre ! Je suis dans le jardin au moins trois heures par jour. On recentre notre attention sur les choses essentielles. La campagne oblige à nous éloigner du flux d’informations dont on s’abreuve. C’est ressourçant ! Dans cette période angoissante, les plantes apportent une dimension poétique, de l’ordre de l’essentiel, une symbolique. On revient à des choses que l’on avait petit à petit oubliées. On s’évade. Avec les enfants, on regarde le calendrier lunaire pour planter. Eh oui ! On essaye de faire ça bien, en biodynamie. En plus, c’est physique ! On bouge ! Après plusieurs heures de jardinage, on sent qu’on a dépensé des calories.
 

Quelles ont été les conséquences du confinement sur vos projets en cours ?

Quand l’annonce nous est tombée dessus, j’allais quitter l’Ardèche pour Paris afin d’enregistrer un duo en studio. Tous mes rendez-vous on été annulés dès le lendemain. La séance est repoussée. J’ai aussi eu plusieurs concerts annulés : je devais chanter le 14 mars à Avoine (en Indre-et-Loire, ndlr) et faire plusieurs concerts après.

C’est l’occasion de continuer l’écriture de mon premier roman. Trois ou quatre heures par jour, j’écris, je me relis, je peaufine…
-Barcella, chanteur confiné


À travers les réseaux sociaux, vous avez informé vos abonnés que vous profitiez du confinement pour écrire un roman. Peut-on en savoir davantage ?

Toutes ces annulations, c’est l’occasion de continuer l’écriture de mon premier roman. Trois ou quatre heures par jour, j’écris, je me relis, je peaufine… Cela me permet de me concentrer là-dessus. Ce n’est pas nouveau, vous savez : je suis chanteur, auteur, compositeur, mais je reste avant tout un raconteur d’histoires. Le roman m’offre une page de liberté plus importante. Dans une chanson, on n'a que trois minutes ! Là, je ne suis pas soumis à un format. J’explore la richesse de la langue française, que j’ai défendue depuis toujours. La conjoncture indélicate que l'on traverse permet quand même une concentration durable. Un roman, c’est exigeant. Cela représente un an et demi de travail.


Dans votre morceau “Cahier de vacances”, vous chantez ceci : “Assis le cul sur une chaise / Au loin j’entends jouer les mauvais élèves / Si seulement je pouvais filer à l’anglaise.” Ces paroles prennent un sens assez ironique en cette période de confinement. Votre répertoire est une ode à l’évasion. L’envie de sortir doit vous démanger !

Disons qu’au moins, j’ai de l’espace. Ici, mon jardin, c’est une forêt ! Mais tout aurait été différent si j’avais dû rester dans mon immeuble du centre-ville de Reims. J’ai beaucoup de tendresse pour celles et ceux qui sont confinés dans leur appartement. Personnellement, dans chaque chose qui nous cloisonne, j’essaye de trouver des fenêtres d'espoir. Avec des amis, on a fait un apéro Skype. Je passe plus de temps avec mes proches au téléphone. Je veux voir cette période comme l’opportunité de se rapprocher. Il faut essayer de se recentrer sur les fondamentaux, loin de notre rythme effréné, ne pas se concentrer sur le côté anxiogène de la situation, trouver une sorte d’inspiration lumineuse.
 

Justement, vous qui êtes artiste, cette période vous inspire-t-elle?

Je suis très créatif dans ce genre de périodes. Il faut atteindre un certain ennui pour trouver l’inspiration. C’est une phase que je recherche habituellement. Là, l’ennui, il s’impose ! On a du temps plus qu’il n’en faut ! L’isolement, c’est propice à la création. J’ai écrit pas mal de chansons au mois de janvier, et là, le confinement m’aide pour mon roman. S’il y a une leçon à retenir de tout cela, c’est voir le verre à moitié plein. Profiter des choses simples. Ce soir, par exemple, je vais faire le feu, sentir la chaleur monter, et l’inspiration viendra.


Les conseils "culture" pour mieux vivre le confinement

  • Un livre : “Une sirène à Paris”, de mon ami Mathias Malzieu. C’est le dernier roman que j’ai lu. Il a été adapté au cinéma et est sorti juste avant l’annonce du confinement. C’est un roman plein d’espoir et de féérie. Tout ce dont on a besoin en ce moment !
 
  • Un film : “Les Enfants du Marais” (de Jean Becker, ndlr). C’est un film ressourçant, dans un monde rural, qui correspond à ce que je vis en ce moment. Il y a une atmosphère de franche camaraderie, d’entraide… Il y a quelque chose de poétique dans cette France d’avant à laquelle on ferait bien de revenir !
 
  • Une série télévisée : “Malcolm” ! J’adore le côté “famille déjantée”.
 
  • Un disque : le dernier d’Alain Souchon (Âmes fifties”, ndlr). Souchon traverse le temps. Après 40 ans de carrière, sa voix fait partie de l’ADN de chacun de nous. Je pense que cela mérite une écoute. En ces temps agités, c’est relaxant. On respire.
 
  • Un compte à suivre sur les réseaux sociaux : @Gregsway, sur Instagram. C’est un voyageur. Il a moins de 30 ans et fait le tour du monde avec son van aménagé. Il se débrouille avec le nécessaire, fait des rencontres improbables... Tous les paysages qu’il publie offrent une évasion, loin de l’actualité anxiogène.

 
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