Face à la montée des peurs liées à la propagation du covid-19, et au possible passage en stade 3 de l'alerte, le professeur de virologie du CHU de Reims, Laurent Andreoletti, a répondu à vos questions en direct sur notre page Facebook ce mardi 10 mars.
Ce mardi 10 mars sur la page Facebook de France 3 Champagne-Ardenne, le professeur de virologie du CHU de Reims, Laurent Andreoletti, a répondu à vos interrogations sur le coronavirus en Facebook live. Avec l’épidémie qui s’étend en France, les inquiétudes montent. Le spécialiste qui vient de mettre en place la possibilité du dépistage au CHU de Reims s'est exprimé lors d’un live d’une quinzaine de minutes. Vous avez été très nombreux à poser vos questions.
Ce virus Covid-19, est-il grave ?
C’est un virus à transmission respiratoire qui va à 80 % des cas être asymptomatique, les gens peuvent développer un simple rhume. Dans 10 % des cas, cela provoquera des infections respiratoires basses, c’est-à-dire une gêne respiratoire et peut-être une pneumonie. Enfin, dans 2 % des cas, les patients peuvent développer un syndrome de détresse respiratoire et doivent être hospitalisés en réanimation. Mais cela représente seulement 2 % de tous les gens qui seront infectés.
Peut-on partir à l’étranger ?
Aujourd’hui, c’est fortement déconseillé, car des pays mettent leurs villes en quarantaine, on peut donc rester bloqué dans un aéroport ou dans une ville à l’étranger. Le mieux est de ne pas voyager en dehors de la France et de prendre des mesures de précaution standard, surtout le lavage des mains avec des solutions hydro-alcooliques. Se laver les mains toutes les heures si on est au travail.
Combien de temps, le virus survit sur une surface ?
On sait que c’est trois heures sur une surface inerte : poignées de porte, boutons d’ascenseur, téléphones, tablettes, etc. Dans un environnement humide, à la surface de l’eau par exemple, il peut rester plus longtemps et garder son pouvoir infectieux. On n’a pas les chiffres définitifs, on se base sur les autres coronavirus qui sont connus aujourd’hui et qui ont affecté l’homme auparavant.
Si on attrape le virus, que l’on guéri, peut-on l'avoir de nouveau après ?
C’est une question qui reste à explorer, certaines personnes ont attrapé le coronavirus et ont refait une infection ensuite. On n’en sait pas plus pour l’instant, cela pose des questions sur l’immunité à long terme et sur la possibilité de vaccination, mais je dirai que c’est possible.
Une fois que l’on a eu le coronavirus, peut-on être immunisé ?
Une immunité va s’installer, mais on ne sait pas si elle sera durable ou non, elle peut dépendre des individus et de l’intensité de l’infection. On n’a pas encore la réponse.
Peut-on comparer le coronavirus avec la grippe ?
La grippe est un virus complètement différent qui va atteindre les voies respiratoires, mais qui n’a pas du tout la même durée d’incubation et la même virulence. On peut les comparer, car ces maladies se transmettent par voie respiratoire et par les mains, mais elles vont fonctionner de manière différente.
Est-ce dangereux pour les asthmatiques ?
Comme la grippe ou les pathologies respiratoires chroniques les patients qui en souffrent sont plus à risque. C’est donc plus dangereux quand on a une maladie chronique comme l’asthme.
Combien de temps l’épidémie va-t-elle encore durer ?
On n’a pas la réponse, mais au moins jusqu’à l’été voir plus longtemps. On ne sait pas si ce virus va évoluer dans le temps, s’il va garder sa contagiosité et comment il va muter ou évoluer donc je ne sais pas, plusieurs mois c’est sûr.
Pourquoi attend-on d’être en stade trois pour isoler la population et éviter la propagation ?
Le virus circule déjà, la plupart des sujets qui sont porteurs sont asymptomatique ou ont des signes de rhinopharyngite avec ou sans fièvre. À partir de là, isoler complètement la population n’a pas de sens. Le seul moment où l’on pourra fermer les écoles et les lieux publics, c’est s'il y a un grand nombre de cas très concentrés à un endroit précis. C’est ce qui a été fait dans l’Oise et ce qui va être fait en Alsace.
Est-ce que ça ne va pas devenir une maladie saisonnière ?
On ne sait pas, il est possible que le coronavirus reste présent dans la population, revienne chaque année ou peut-être que ce sera un autre coronavirus. Je n’ai pas la réponse.
Peut-il disparaître avec l’arrivée de l’été et donc de la chaleur ?
Ce n’est pas évident, car le coronavirus circule actuellement en Australie et dans les pays chauds. Ce sera peut-être un paramètre pour ralentir sa propagation. On peut toutefois s’attendre que cet été soit avec le coronavirus.
Les personnes âgées, survivent-elles au coronavirus ?
Heureusement que toutes les personnes âgées ne décèdent pas du coronavirus, tout dépend de l'état de leur système immunitaire et si elles sont atteintes d’autres pathologies. Une personne âgée en bonne santé peut très bien guérir de ce virus.
Est-ce grave pour les femmes enceintes ?
Les données aujourd’hui publiées par les Chinois indiquent qu’il n’y a pas de transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse. Le risque c’est qu’une forte fièvre provoque des contractions, dans ce cas il faut se rendre aux urgences obstétricales.
Comment ne pas aller dans le sens de la psychose ?
Pas de psychose à avoir. 80 à 90 % des gens vont avoir ce coronavirus et ne vont pas développer de signes cliniques, ils vont guérir et auront une immunité. Il y aura malheureusement certaines personnes qui auront des gênes respiratoires et devront éventuellement aller à l’hôpital.
Combien de temps peut durer cette épidémie ?
On ne connaît pas aujourd’hui la dynamique de l’épidémie en Europe, on ne peut pas la mesurer et on ne sait pas combien de temps cela peut durer, plusieurs semaines voire plusieurs mois. Il va falloir vivre au jour le jour avec ce coronavirus et son évolution.
Peut-on attraper le virus par les yeux ?
Quand il y a des conjonctivites cela peut être un signe de coronavirus, en général, c’est une fièvre qui dure plus d’une semaine avec une rhinopharyngite. Il peut y avoir une conjonctivite, donc les yeux rouges associé, mais ce n’est pas un signe majeur qui sera recherché.
Peut-on booster nos défenses immunitaires pour se protéger ?
On peut en effet booster ses défenses immunitaires, avec une bonne hygiène de vie : ne pas fumer, ne pas consommer trop d’alcool, manger des aliments sains et ne pas avoir de carence au niveau alimentaire. Après nous ne sommes pas tous égaux face aux maladies virales ou bactériennes, donc certaines personnes sont très peu malades chaque année d’autres le sont beaucoup plus.
Est-ce que les médias en font trop ?
Ils font leur travail, ils vendent de l’info, c’est normal. C’est un nouveau virus émergent, je pense qu’il y a un impact médical, un impact économique et un impact sociétal important. Pouvons-nous accepter que des gens tombent malades avec un nouveau virus sans que le gouvernement ne prenne des mesures ou que l’hôpital ne s’adapte ? La question reste posée. Si on ne faisait rien, les gens nous le reprocheraient. Maintenant l’information est amplifiée d’où l’impact médiatique.
Vous travaillez sur ce virus vous aussi ?
En recherche, on ne travaille pas directement sur ce virus, mais nous avons développé des tests qui vont permettre de le dépister directement sur les patients au CHU de Reims, de suivre l’évolution du virus et de travailler directement avec les cliniciens. L’objectif, leur rendre les résultats et identifier les patients qui sont infectés par le virus.
