Coronavirus : avec le confinement, le trafic aérien a chuté de 90% dans le Grand Est

Depuis mi-mars et la mise en place du confinement, les vols commerciaux se font de plus en plus rares. À Reims, dans la Marne, le CRNA-Est, le Centre en route de la navigation aérienne, surveille un ciel inhabituellement vide.

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Le ciel est désespérement vide. En temps normal, c’est-à-dire à l’été aéronautique, ce sont près de 3.000 avions qui passent au-dessus de nos têtes. En ce moment, la fréquence est passé à 200 appareils sur 24 heures. D’une manière générale, toutes les compagnies sont clouées au sol. Une situation inédite. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur le fonctionnement et les dispositions pendant cette crise au sein du centre régional de la navigation aérienne.

En moins de quinze jours, nous avons vu le trafic s’effondrer, une situation inédite dans notre zone de compétence, c’est 90% des vols en moins.
Philippe Bassot, le directeur du CRNA-Est
 


De gros opérateurs ont maintenu quelques rotations minimums obligatoires. Ces dernières semaines, le centre rémois a notamment pris en compte des vols de rapatriements avec des vacanciers bloqués à l’étranger. Mais en ce moment, ce sont surtout des vols sanitaires ou des vols de frets qui passent sur leurs écrans radars."Nous sommes passés de 3.000 vols par jours à 200 vols par 24h, essentiellement des vols cargos, du fret, des évacuations sanitaires ainsi que des vols de rapatriements de ressortissants en provenance des pays étrangers", confie Philippe Bassot.

Un site unique dans le Grand Est

Ils sont 500 à travailler jour et nuit dans ce site ultra-sécurisé situé à Reims depuis 1983. Le CRNA, Centre en Route de la Navigation Aérienne assure chaque jour la sécurité de 2.800 avions, en évitant notamment les collisions.

C’est au cœur de la Zone Farman, à l’abri des regards extérieurs, dans une enceinte surveillée par la gendarmerie en permanence, que les 500 salariés dont 300 contrôleurs gèrent l'espace aérien de la frontière Allemande aux portes de l’Angleterre. Le CRNA-Est est un établissement public d’intérêt général, un maillon essentiel dans la sécurité des milliers de voyageurs qui transitent au-dessus de nos têtes chaque jour. Et pour cause, les hommes et les femmes qui travaillent ici assurent la sécurité de près de 350.000 passagers par jour. Seulement, 5 centres de ce type existent en France : à Athis-Mons près de Paris, Loperhet près de Brest, Aix-en-Provence, Mérignac près de Bordeaux et donc Reims.

"Dans le cadre des vols, il est intéressant de souligner que l'Antonov 225 a été pris en charge par le CRNA-Est, un vol qui a acheminé du matériel médical, notamment les masques chirurgicaux sur l’aéroport de Paris-Vatry à l'aller. Nos collègues parisiens du site d’Athis-Mons ont, quant à eux, pris en charge une partie de son vol retour", rapporte Philippe Bassot.

Covid19 et gestion aérienne

En Mars 2020, une pandémie mondiale gagne la France. Le Coronavirus affecte toute l’économie, notamment celle du secteur aérien. Les avions restent sur les pistes en attendant une reprise potentielle des vols.

Les salles de contrôles du CRNA-Est fonctionnent elles aussi a minima. "L’espace aérien n’a pas changé, nous poursuivons notre mission H24, sept jours sur sept, notre présence est obligatoire", précise Philippe Bassot, Directeur du centre. 
Pour concilier cette mission avec la protection des agents, la direction a mis en place une nouvelle organisation ainsi que l’ensemble des mesures de sécurité imposées par le gouvernement. "Nous avons été très vigilants dès le début de cette crise. Les contrôleurs et les autres personnels ont à disposition, des lingettes nettoyantes, des gels hydro alcoolique et des masques chirurgicaux. Nous avons aussi adapté les postes de travail, ils sont régulièrement nettoyés avec des produits adaptés" confirme Philippe Bassot.

Une organisation spécifique pour protéger les équipes de contrôle

Cela nous rappelle un événement. Un épisode historique avec des conséquences identiques : l'éruption du volcan islandais l'Eyjafjöll en 2010.
- Philippe Bassot, directeur du CRNA-Est


Pour réduire les risques de contamination entre agents, le CRNA a mis en place des tours de service visant différents niveaux de protection des contrôleurs. Par exemple, pour les personnels opérationnels, des cheminements spécifiques sont établis et évitent de croiser des agents non-opérationnels. En salle, les équipes sont réduites en nombre et travaillent bien espacées. Le nombre de relèves est ramené au minimum, chaque équipe travaille par demi-journée sur des positions dédiées et n’est relevée qu’une seule fois par une autre équipe.

Depuis le confinement, un maximum de personnel du CRNA-Est est en télétravail et en maintien des compétences à distance. "Habituellement, lors des périodes intenses, nous avons en place 60 à 70 contrôleurs en poste pendant 24 heures. Depuis le début du Covid19, nous sommes passés à deux équipes, ce qui représente une vingtaine de personnes opérationnelles. C’est une situation inédite pour notre centre de contrôle aérien. A une exception près : l’épisode historique avec des conséquences identiques, l'éruption du volcan islandais l'Eyjafjöll en 2010, qui avait causé d'importantes perturbations aériennes en Europe" rappelle Philippe Bassot.

Un rôle essentiel dans le ciel européen

Ce centre spécifique a été ouvert en 1983. Avec l’évolution du trafic aérien depuis 20 ans, sans cesse en augmentation, et avec l’ouverture de l’Europe, le site est devenu indispensable. Et justement, le CRNA de Reims est au cœur d'une grande région européenne, une des plus denses en matière de trafic aérien à ce jour. 

Les avions viennent de Paris et des principales plates-formes aéroportuaires européennes (Heathrow, Skipall, Franckfort, Genève et Zurich), mais aussi du bout du monde pour les vols transatlantiques.

Mission H24

La mission du site rémois est d’assurer la sécurité des centaines de milliers de voyageurs qui transitent chaque jour dans l’espace aérien français et européen. Les avions ont des couloirs de circulation bien défini. C'est un peu comme des routes ou des autoroutes. Il y a des carrefours et parfois plusieurs avions peuvent y circuler ensemble. Cest aux aiguilleurs du ciel du centre rémois de le prévoir et d'établir la meilleur stratégie pour la meilleure trajectoire.

Les 300 aiguilleurs du ciel rémois dont 70 stagiaires installés dans la salle de contrôle se relaient 24h/24, 7j/7 habituellement. Ils vont ainsi les guider en proposant les routes les plus directes possibles dans une logique environnementale et de qualité de service. Cela permet de fluidifier le trafic afin d'éviter au maximum les retards et le tout à moindre coût pour les compagnies aériennes.

Reprise des vols potentiels

Le retour à la normale pourrait prendre beaucoup plus de temps que la durée de la crise sanitaire. Les candidats aux voyagex pourraient être moins nombreux dans le contexte planétaire du coronavirus. Il faudra peut-être plusieurs mois, voire des années pour retrouver un trafic aéronautique identique à celui que le monde a connu avant le début de cette crise sanitaire sans précèdent. "Il est important de garder à l'esprit que l'avion demeure un formidable moyen de transport pour les longues distances. Il rapproche les hommes, les cultures et contribue au développement économique" conclut Philippe Bassot, Directeur du CRNA-Est.

Suivez les avions en vol sur Flight radar 24

Flight radar 24 permet de suivre des avions en vol à travers le monde de son ordinateur ou de son smartphone. Pratique et ludique.

Le plus simple est de se connecter sur le site flightradar24.com. Sur une carte du monde apparaissent tous les avions actuellement en vol. En cliquant sur n'importe quel avion, s'affiche dans une petite fenêtre toutes ses caractéristiques : son modèle (Airbus, Boeing...), son origine et sa destination, son altitude, sa zone radar ...

Exactement le même principe qu'un GPS de voiture. Et grâce à l'ADS-B (GPS), les avions envoient régulièrement leur position par signal radio et peuvent recevoir les données des autres. Ils ne sont donc plus dépendants des systèmes radars au sol ou embarqués.




 
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