Depuis que l'école s'est arrêtée et que les familles sont confinées, le terme coronavirus s'est invité dans les discussions des foyers champardennais. Mais qu'en pensent les enfants ? Qu'ont-ils compris du Covid-19 ? Comment vivent-ils cette période ? Réactions et conseils.
Coronavirus. Le mot a rapidement été intégré au vocabulaire des enfants. Plutôt bien accepté, puisque associé au départ à un arrêt de la classe et donc a un semblant de vacances, il commence désormais à en agacer certains, ou continue à en amuser d'autres.
Voilà douze jours tout de même que ce virus les contraint à observer de nouvelles règles comme se laver très fréquemment les mains, éternuer dans son coude, ne pas s'approcher des autres dans la rue à moins de 2 mètres, ne pas sortir de chez soi... Douze jours de vie entre parenthèse, cela peut leur paraître long. Ce n'est malheureusement que le début. Témoignages de jeunes champardennais confinés.
"Le coronavirus, on peut en mourir"
"A cause du coronavirus, on ne peut plus voir mamie, c'est pas juste!", confie Arthur, 5 ans. Sur le dessin qu'il nous a envoyé, son ressenti est très net. Il a dessiné les cinq membres de sa famille dans la maison au centre, et ses mamies seules de chaque côté "avec le coronavirus qui est partout dans les airs, mais avec un grand soleil parce qu'il fait beau".Tiens tiens, premier indice, le coronavirus se balade dans l'air. Au fait les enfants, c'est quoi le coronavirus? Les réponses fusent.
Pour Léon, 7 ans, c'est "un virus qui rend malade et qui fait mourir les personnes âgées". Pour Jeanne, 6 ans, "c'est un microbe qui vient de Chine et même d'une petite bête qui vit en Chine". Son frère, Paul, 4 ans surenchérit: "Il n'est pas gentil parce qu'on tousse beaucoup et qu'on est malade quand on a le virus". Leur voisine Ellie, 2 ans et demi a, elle aussi, bien intégré les choses. Réponse en deux mots : "Des microbes". Pour Adèle c'est "un mini virus pas gentil".
Quant à Armand, 4 ans, même pas peur : "le coronaminus, il nous embête!"
Et a quoi ressemble-t-il ? "C'est un rond", explique tout naturellement Paul du haut de ses 4 ans. "Il est invisible", poursuit Jeanne. "C'est une boule pleine d'épines avec des couronnes, un peu comme les balles de chien avec des petits picots!", complète Hugo. Tout est juste ou presque."C'est un virus qui est un peu comme la grippe, mais en plus dangereux et dont on n'a pas encore le vaccin. Si on l'attrape on peut en mourir".
- Hugo, 10 ans
"Le coronavirus se transmet d'humain en humain. Au bout de 4 heures, les microbes partent sur le métal, le plastique, plein de choses. Il voyage comme la peste"
-Léon, 7 ans
Un constat s'impose : rien ne leur a échappé de la crise sanitaire qui sévit actuellement.
L'absence des copains
En cette deuxième semaine de confinement, l'autre mot qu'ils ont vite intégré à leur vocabulaire, les enfants commencent à ressentir les premières contraintes. Les premières inquiétudes. Les premiers manques. L'école et les activités sportives pour certains, les copains et copines pour d'autres. C'est le cas pour Léon: "Je ne suis pas inquiet. Je me sens bien à la maison, c'est juste que mes copains me manquent". Idem pour Paul et Adèle : "Je ressens de la tristesse quand je pense à mes copains car cela fait longtemps que je ne les ai pas vus". Ou encore Hugo. "Le confinement, pour moi, c'est le fait de ne plus aller à l'école, on fait ses devoirs à la maison et surtout on ne voit plus ses amis".Heureusement, il y a d'autres moyens pour se voir qui compensent un peu l'absence des autres. "Ce soir, par exemple j'ai un rendez-vous skype à 18h avec un ami, parfois on joue aussi un peu aux jeux vidéos ensemble en réseau", poursuit le jeune marnais, avant d'achever d'un cri qui vient du coeur (ou plutôt de l'estomac) : "Parmi les choses qui me manquent aussi il y a le chocolat! Comme on sort moins souvent faire les courses, il y en a vite moins dans les placards de la maison".
Des comportements et sentiments tout à fait compréhensibles et normaux pour Thierry Delcourt, pédopsychiatre à Reims.
"Durant la première semaine de confinement, les enfants étaient plutôt comme dans un cocon, chez eux, un environnement sécurisant où tout est là à disposition. En tant que parents, il faut être vigilants, certains peuvent se renfermer sur eux-mêmes exprimer de la tristesse liée à de l'anxiété."
Les jours passants, le confinement peut tourner à l'ennui, à la petite déprime et ensuite faire ressurgir des tensions, surtout par exemple pour les enfants qui n'ont pas de jardin.
- Thierry Delcourt, pédopsychiatre
L'ennui
Hugo,10 ans, vit à la campagne avec un jardin. Il garde le moral et la forme mais il avoue avoir ressenti de la tristesse récemment: "Mon chien m'embêtait, je me suis énervé pour rien, je suis un peu fatigué à cause du confinement, ce n'est pas drôle de ne pas voir ses copains et parfois ça fait pleurer".Ellie a dû s'acclimater à cette nouvelle façon de vivre cloisonnée. Du haut de ses deux ans et demi, elle arrive à bien résumer la situation, qu'elle a bien observée du haut de son appartement, derrière sa fenêtre. "La police est arrivée, elle a fermé les portes du parc. Elle a mis un petit papier "INTERDIT LE JARDIN"".
Quel est alors le meilleur remède à leur ennui? "Si en temps normal, il est bon d'apprendre aux enfants à savoir s'ennuyer, en cette période extra-ordinaire, il faut faire tout l'inverse. Chasser l'ennui par la créativité, l'action, être inventif, faire des jeux avec eux, et utiliser le tissu social virtuel , c'est à dire envoyer des vidéos ou des photos aux grands-parents par exemple, faire un gâteau..." explique le spécialiste. Avant de préciser : "L'essentiel, c'est aussi de ne pas se prendre la tête avec les devoirs. Au fil des semaines, l'essentiel c'est qu'il y ait de la vie, et une dimension plaisir au quotidien".
Thierry Delcourt suggère notamment aux parents de favoriser des temps d'échange. "L'histoire du soir peut dériver vers de l'interactif, du dialogue, cela peut aider à extérioriser la tristesse de l'enfant, le cas échéant". Il conseille également de ne pas leur mentir sur l'échéance du terme du confinement. "Il faut leur donner des perspectives rassurantes. Par exemple, parler de "cet été" pour parler des vacances, cela semble une perspective envisageable".
Gustave, 9 ans et son petit frère Constant, 4 ans ont trouvé, eux, le remède. Pendant que leurs parents télétravaillent, ils créént des légos qui "enlèvent le coronavirus en projetant de la fumée pour protéger les poumons".
Pour Adèle, bientôt 4 ans, c'est une période réconfortante: "J'aime bien car je suis avec papa et maman. J'aime bien faire des dessins". Léon y a trouvé aussi son intérêt : "on a un emploi du temps, des devoirs mais je peux regarder la télé, jouer avec mon frère". Il poursuit plein d'humour : "Et on y gagne, car d'habitude l'école c'est 8h-18h , là on a que 2-3 heures d'école à la maison!"
Les enfants le savent, il va falloir tenir sur une longue période. Et ils iront bien si leurs parents vont bien. A bon entendeur!