Une cagnotte lancée par des détenus de la prison de Reims, destinée aux soignants du CHU a été mise en place. 1068 euros ont été versés au CHU. Le directeur de la prison évoque une initiative de "citoyens détenus". Ils espèrent que leur action donnera des idées dans d'autres prisons.
L'idée de lancer une cagnotte en prison pour aider les soignants confrontés à la pandémie de covid19 est venue de deux détenus incarcérés à Reims. Le directeur de la maison d'arrêt, Joël Bigayon, raconte l'opération comme un porte-voix à la place des détenus qui ne peuvent pas témoigner. Car il rappelle régulièrement que ce sont bien des détenus qui en ont eu l'idée fin mars. Tout est parti d'une lettre, qu'il a reçu de deux détenus. Ils ont demandé au directeur de pouvoir collecter de l'argent pour soutenir les soignants. Il a accepté.
"Je ne suis que le relais de cette initative, précise-t-il. Hier, mardi 8 avril, la cagnotte a été versée au CHU de Reims. Le montant du virement était de 1.068 euros. Dès que l'opération a été réalisée, je suis allé les remercier dans leur cellule. Ils ont fait un sacrifice sur leur pécule personnel pour participer à la cagnotte".
Je ne m’interdis pas d'accepter une nouvelle opération du même genre. Car les détenus sont heureux du geste. C’est leur initiative, je n'en suis que le vecteur.
-Joël Bigayon, directeur de la prison de Reims
Désormais, la cagnotte des prisonniers de Reims commence à faire parler, bien au-delà des murs. Le directeur a été sollicité par plusieurs médias, dont des nationaux, car il s'agit d'une première en France. Il en profite pour évoquer la place des détenus dans la société. "Avec cette pandémie, on peut tous être touché, on est tous dans la même galère, et personne ne peut rester insensible. Les détenus, eux, sont déjà confinés, et se sentent concernés par ce qu'il se passe. Ils espèrent juste que cet engouement, leur idée de cagnotte, soit partagé par d’autres établissements pénitentiaires de France, que ça donne l'exemple". D'autant que la crise du covid19 et la prison pour l'instant avaient plutôt fait parler pour des émeutes et la crainte d'une contagion généralisée ...
"Des citoyens, même derrière les barreaux"
L'opération a été menée en lien avec l'administration pénitentiaire et le régisseur des comptes. Sur les 139 détenus, environ 30 ont participé à cette cagnotte. Du côté du personnel, les surveillants ont eu à vivre des moments difficiles depuis le début de la crise sanitaire. Cette fois, c'est donc un peu de positif au coeur de la prison et ça fait du bien, semble-t-il. "Il y a une prise de conscience de tout le monde que le danger est là. Même par des détenus, qui sont des citoyens comme les autres dans le droit, rappelle le directeur.La prison n’arrête pas la solidarité. Ils sont toujours citoyens, même derrière les barreaux. Je pense que la réinsertion doit passer par là. Ils peuvent aussi faire preuve de solidarité, on ne peut pas les oublier.
-Joël Bigayon, directeur de la prison de Reims
Des détenus qui en période de pandémie peuvent désormais téléphoner, de manière très encadrée, depuis leur cellule. A la demande du ministère de la Justice, ils bénéficient depuis la mi mars d’un téléphone fixe, avec répondeur. Pour correspondre avec leur famille. "Cela permet de conserver un lien, faute de parloirs". L’administration pénitentiaire régule le système avec des numéros autorisés par le juge d'application des peines.