Coronavirus : les difficultés des associations d'aide alimentaire

Depuis le début de la crise, de nombreuses associations d'aide alimentaire sont dans la tourmente. Comment continuer à aider les plus démunis ? Certaines ont fermé leurs portes, d'autres tentent tant bien que mal de remplir leurs missions.
 

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Nous, on est fermé au niveau du collectif", annonce d'emblée Monique Douté, directrice de l'Accueil Solidaire et Social Ozanam de Reims, ASSOR. "On ne fonctionne plus que pour les douches, le linge entre 12 h et 14 h et les livraisons de nourriture."

L'ensemble des activités non-humanitaires de cette association sont annulées (sport, accompagnement social, etc.). Comme dans beaucoup de structures d'aide aux plus démunis, le quotidien est chamboulé.

Au Secours populaire de Reims, l'aide alimentaire et d'hygiène est sur rendez-vous : "Pour nos 1500 familles, nous donnons un colis préparé, il n'y a plus de libre-service", explique Patricia Le Corvic, secrétaire générale. "Ces règles vont nous permettre de maintenir notre activité."
  

Durant les livraisons, des rapports deviennent conflictuels

Ces deux associations ont à cœur de maintenir leur distribution de nourriture. Mais à quel prix ? 

On arrive à tenir pour l'instant, mais lundi, on a fait 80 sandwichs, mardi, 130 et mercredi, 300. 
- Monique Douté, directrice de l'Accueil Solidaire et Social Ozanam de Reims, ASSOR


Le rythme est soutenu, les appels nombreux, la perte de contact avec les plus démunis est inévitable. Dans les locaux de l'ASSOR, la tension monte. Durant les livraisons dans les squats et la rue, des rapports deviennent conflictuels.  

La directrice raconte : " La distribution des repas crée beaucoup de conflits. C'est vraiment difficile. Certains éducateurs se sont fait insulter aujourd'hui. Je ne sais pas de quoi demain sera fait."

Au début, sa structure ne devait nourrir que les personnes seules, mais elle constate que dans des hôtels certaines familles hébergées par le 115 n'ont pas à manger.
 Les activités de l'Accueil Solidaire et Social Ozanam de Reims ont été réduites au strict nécessaire.
 

"On ne dort pas bien la nuit"

Ces associations sont sous pression. Alors que les mesures de confinement datent de mardi, les difficultés financières risquent d'en rattraper certaines. "Des recettes très importantes sont supprimées et à côté de ça, on a des dépenses très fortes", indique Patricia Le Corvic.

De nombreux événements de collecte ont été annulés suite aux annonces du gouvernement comme les traditionnelles "Chasse aux œufs" du Secours populaire. Perte estimée : entre 35 et 40 000 euros dans la Marne.

Nous ne sommes pas en capacité de répondre à une telle demande
Patricia Le Corvic, Secrétaire générale du Secours populaire de la Marne


"On ne dort pas bien la nuit, car on se demande comment on va faire pour tenir." La secrétaire générale appelle les structures qui ont fermé à ne pas réorienter leurs bénéficiaires vers son association.
  

Réinventer la solidarité

Pour autant, ces établissements encore en activité comprennent que d'autres aient choisi de garder leurs portes closes. "Les bénévoles sont âgés. Ils se préservent de tout ça. C'est normal", reconnaît Monique Douté.

Nous allons organiser un réseau téléphonique à partir de la fin de la semaine prochaine
Patricia Le Corvic, Secrétaire générale du Secours populaire de la Marne

Le Secours populaire marnais lance un appel aux dons et demande aux bénévoles qu’ils se signalent par mail (contact@spf51.org). L’association veut essayer de réinventer la solidarité. Son objectif : prendre des nouvelles des bénéficiaires isolés par le confinement. Pour répondre aux urgences, une permanence téléphonique est également mise en place de 9h à 12h et de 14h à 17h et les donateurs de biens matériels, c'est à dire autre qu'alimentaires, sont invités à reporter leur venue.
 
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