Coronavirus – Port du masque : deux policières rémoises privilégient l’humain au protocole sanitaire

Depuis le début de la crise sanitaire, la question du port du masque par les forces de l’ordre revient en boucle. Nombre de citoyens s’étonnent de certaines situations. Ce fut le cas de Brigitte Guyot dont la maman de 92 ans a reçu la visite de deux agents de police, non masqués.
 

"Elles étaient charmantes, mais jamais elles n’ont respecté les distances et elles ne portaient pas de masque", raconte Brigitte Guyot. Sa maman, âgée de 92 ans, a reçu la visite à son domicile rémois, samedi 23 mai, de deux agents de la police nationale. "Elle a d’abord été étonnée de voir ces deux policières sur le pas de sa porte, précise encore Brigitte Guyot. Tout de suite, elles lui ont demandé si elle connaissait sa voisine et si elle voulait les accompagner". Ce soir-là, les deux représentantes de l'autorité publique ont une mission toute particulière et pour le moins délicate. Annoncer le décès d’un proche à cette dame très âgée.

"Maman a de bons rapports avec sa voisine. Elle lui rend de petits services de temps en temps. Elle a donc accepté d’accompagner les policières." Elles se sont retrouvées à quatre dans l’appartement. Deux membres de la famille sont ensuite arrivés. "Maman est restée dix minutes en essayant de se mettre un peu à l’écart. Lorsqu’elle m’a raconté cela le lendemain matin, j’étais stupéfaite et en colère, explique Brigitte Guyot. Chaque jour depuis le début de cette crise, on nous rappelle les règles sanitaires à respecter, il faut protéger l’autre. Et là, les forces de l’ordre viennent dans un appartement d’une dame de plus de 90 ans, sans masque et sans garder leurs distances. J’étais indignée."

J’ai tout fait pour qu’elle n’ait pas de contact avec l’extérieur et qu’elle n’attrape pas cette cochonnerie
- Brigitte Guyot


Agée de 92 ans, la maman de Brigitte est très autonome et a même souhaité passer le confinement, seule chez elle. "D’habitude, je vais la voir tous les jours. Pendant le confinement, je n’y allais qu’une fois par semaine. Elle me donnait sa liste de courses que je lui rapportais, toujours masquée, en gardant mes distances."


De la responsabilité et du bon sens 

Les forces de l’ordre sont en première ligne depuis le début de la crise sanitaire. Respect du confinement, contrôle des attestations de sorties dans un premier temps, sans compter bien sûr le quotidien des interventions. Elles se sont même retrouvées dépourvues de tout moyen de protection. Leurs masques ayant été réquisitionnés pour doter les soignants. Les ordres étant même parfois d’interdire le port du masque tout simplement.

Les choses ont évolué depuis. "Nous avons eu des dotations limitées au début de la crise, puis elles ont augmenté pendant la période de confinement, précise Joseph Merrien, directeur départemental de la sécurité publique de la Marne. Aujourd’hui, les équipements sont suffisants."

Mais pour autant, le port du masque permanent n’est pas obligatoire pour les policiers. "Le systématisme aurait tendance à rassurer tout le monde, explique encore Joseph Merrien. Nous sommes dans une logique globale de précaution, sans obligation de port du masque. Chaque agent doit apprécier la situation. Il en va de la responsabilité et du bon sens de chaque policier. Tout le monde n’a pas la même perception et il faut tenter de réduire les appréciations individuelles." Et ainsi, préserver l’intégrité de tous.
   

L’humain a pris le pas sur le principe de précaution

Alors que s’est-il passé ce samedi 23 mai aux domiciles de ces deux personnes âgées ? A plus de 90 ans, les deux voisines sont pour le moins des personnes fragiles à protéger sans doute encore plus que les autres.

Les deux policières disposaient bien du matériel sur elles, mais elles ont fait le choix de ne pas le porter
- Joseph Merrien, directeur départemental de la sécurité publique de la Marne


"C’est une prise de position personnelle, explique le directeur départemental de sécurité publique après avoir entendu les deux policières. On peut leur reprocher leurs choix sur le plan technique, mais pas humainement. Elles devaient annoncer à cette dame la mort de son dernier fils. Les conditions d’exécution psychologiques et affectives lourdes les ont amenées à prendre cette décision. Nos policiers sont des êtres humains qui s’adressent à d’autres êtres humains, ajoute-t-il encore. Le non respect du principe de précaution peut être discuté, mais si la qualité de la relation n’avait pas été au rendez-vous à ce moment-là cela aurait été encore plus critiquable."

Brigitte Guyot, elle, reste sidérée de la situation. "Je vous assure, si dans quelques jours maman développe le covid19, c’est certain, je porterais plainte."
 
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