Depuis midi, les Rémois comme le reste des Français sont confinés chez eux. Peu à peu, les rues de la ville se sont vidées pour laisser place au calme et au silence. Une atmosphère de fin du monde. Certains ne savent où se réfugier.
10h. Des passants, sacs de course à la main, le pas pressé. Toute la matinée, les files d’attente devant les supermarchés, les pharmacie, les boulangeries. « C’est particulier, c’est sûr mais ça va. On est à la maison, on a fait les courses, on sort le chien quand on veut donc ça devrait aller » concède Lucas, 15 ans, son chien au bout de la laisse.
La tempête avant le calme
« Je n’ai pas le temps de répondre à vos questions, il est bientôt midi et j’ai beaucoup de travail », s’énerve cette pharmacienne qui demande inlassablement à sa patientèle d’attendre avant d’entrer dans l’officine pour pouvoir respecter un mètre de distance entre tous. L’heure est au dernières précautions, aux dernières courses ou peut-être simplement à la dernière balade au grand air. Beaucoup de parents se sont aventurés une dernières fois avec leurs enfants à vélo pour profiter quelques heures de cette journée aux airs de premier jours de printemps. Le calme avant la tempête ou peut-être la tempête avant le calme.Devant la cathédrale, les touristes ont disparu. Quelques curieux sont venus apprécier le parvis de Notre-Dame avant de s’enfermer chez eux. Paul (son prénom a été modifié) est venu se « reccueillir. Car c’est le bordel ! » Il est sans domicile fixe.
Se confiner, oui mais où ? Je n’ai nulle part où aller, personne ne m’attend alors je suis venu prier. La rue, elle va changer, comment je vais faire moi ?
- Paul, sans domicile fixe
Etrange journée pour ceux qui sont, malgré eux, confinés dehors quand le gouvernement ordonne à tous de rester chez soi.
« Je ne peux pas te rejoindre, il est presque midi, je n’aurai pas le temps ! » s’égosille cet homme qui attend son bus au niveau de la rue Vesle. D’habitude, c’est une des rues les plus passantes de la Cité des Sacres : les groupes d’adolescents qui textotent devant le Mcdonald’s, du monde dans les boutiques, le bruit des bus, bondés, qui enchaînent les allers-retours. Tout ça a déjà presque disparu.
faudra maintenant montrer patte blanche
12h. Rares sont les passants qui s’attardent encore et le balais des bus (qui circulent désormais en horaires de vacances) est rapidement remplacé par celui des voitures de police. Pour sortir de chez soi, il faudra maintenant montrer patte blanche. « J’ai une attestation dans mon sac. Notre employeur nous a fourni le document ce matin. Je travaille dans une banque donc je suis obligée de sortir de chez moi » explique cette passante. Avant d’ajouter : « J’ai très peur. J’avoue que depuis hier je suis très angoissée. J’aurais préféré le télétravail mais nous n’avons pas assez d’ordinateurs portables pour que chacun reste chez soi. »Une ville déserte, contrôles de police sur certains axes, le confinement semble respecté à #Reims.
— Charles-Henry Boudet (@CharlyBoudet) March 17, 2020
Il règne cependant une drôle d’atmosphère, pesante. On entend les oiseaux.
Un répit aussi pour la planète et pour notre survie. pic.twitter.com/mkBRPzZyCp
Il faut le voir pour le croire
13h. Ce qui frappe désormais, c’est le calme qui emplit les rues d’un centre-ville habituellement très fréquenté. « Là, je vais vite rentrer chez moi, il est midi passé », nous confie cette mère de famille, cachée derrière son écharpe à défaut de masque. En moins d’une heure, les rues se sont presque totalement vidées.Quelques habitants passent la tête par leur fenêtre. Car il faut le voir, pour le croire. Il règne une ambiance étrange, un silence de cathédrale sur le parvis de Notre-Dame de Reims. On entend désormais les oiseaux.
Jamais je n’ai vu cela.
— Charles-Henry Boudet (@CharlyBoudet) March 17, 2020
Habituellement fréquentée tous les jours par les Rémois et les touristes, le parvis de la cathédrale de #Reims est vide.
Il faut remonter à la seconde guerre mondiale pour voir une situation pareille. pic.twitter.com/UFkhZ5emNm