Coronavirus : à Reims, le confinement à l'épreuve de la rue

Comment les Rémois se sont-ils pliés aux règles de confinement prévues pour endiguer le Coronavirus ? Petit tour au travers des rues de la ville où les consignes semblent plutôt bien suivies. 
 

Au centre-ville de Reims, l’image est saisissante. L’espace s’est éclairci de la foule habituelle, la circulation s’est tue.  On croise davantage de joggers que de voitures en cet après-midi ensoleillée. Dans les quartiers périphériques, la photo n’est pas aussi spectaculaire. Le calme règne aussi mais l’ambiance ressemble plus à celle d’un dimanche après-midi du mois d’août. Quelques personnes autour des îlots commerciaux et à l’entrée des supérettes. 


Dans le quartier Wilson, personne ne pénètre dans la pharmacie. Un comptoir est installé à l’entrée, les gens font calmement la queue dehors. Sur la place Mozart, les clients sont filtrés à la boucherie par des vigiles. Seul un groupe d’une dizaine de jeune gens semble s’affranchir des consignes en déambulant groupés. Certains d’entre sont équipés de masques de protection.  Deux familles se promènent avec les poussettes.

Quartier Orgeval, c’est aussi le grand calme, les passants se rendent à la pharmacie ou à l’arrêt du tramway. La place nouvelle place de Fermat est déserte. Michel repère les horaires du Tram en prévision de son rendez-vous chez le médecin demain : « Souvent je ne suis pas d’accord avec Macron mais là, il a raison. Les gens dans l’ensemble respectent les consignes à part quelques-uns », désignant un groupe d’une dizaine de jeunes qui discutent devant les arcades. Au même moment, une patrouille de police passe et poursuit son chemin. 
 

"Les enfants jouent à la console"

A l’autre extrémité de la ligne du tram, c’est identique. A l‘arrêt Médiathèque, la rame déverse des personnes au compte-goutte. Parmi elles, Endurance, habituellement bénévole au secours catholique, "au chomage technique" : « Je suis juste sorti chercher des médicaments pour ma femme. Sinon, nous sommes confinés dans notre appartement. Ce n’est pas encore trop dur, les enfants jouent à la console ». 

De jeunes adultes masqués demeurent statiques autour de l’îlot commercial de Croix du Sud. Quelques voitures circulent et troublent le calme inhabituel de l’avenue du général Bonaparte. Salah Byar, figure bien connue du quartier, veille depuis le trottoir et porte des gants en caoutchouc. Ce sexagénaire est le président du comité de défense des locataires de Croix Rouge.  

Beaucoup d’habitants ont peur. Le président Macron a trop de fois répété qu’on était en guerre, c’est trop. 
- Salah Byar, habitant du quartier Croix Rouge à Reims 


Salah est allé à deux reprises ce mercredi matin chercher des médicaments pour des personnes âgées qui lui avait confié leur carte vitale. « Il faudrait mettre en place un service de livraisons pour ces personnes. Elles n’ont pas les moyens de se payer un service à domicile avec des revenus d’à peine 700 €, le nouveau maire devrait faire quelque chose ».  

Retour vers le centre-ville de la cité des Sacres : le canal n’est pas exempt d’animation. Des marcheurs, des cyclistes, des coureurs à pied profitent de l’air exceptionnellement printanier de cette mi-mars. Alain, drapeau américain autour de la bouche, court le long des berges : « J’habite un camping-car que je stationne à proximité. Je suis un ancien routier, les espaces restreints je connais. Mais avec le confinement, j’ai quand même besoin de prendre l’air. Je me conforme à la loi, je fais un petit tour et puis je rentre. » 

Un peu plus loin, à la sortie de la pénétrante urbaine, un poste de contrôle de police est en place devant le commissariat : les hommes en bleu arrêtent les voitures, les conducteurs doivent montrer pattes blanches, justificatif de déplacement à l’appui. Les paroles sont courtoises. 

Sur les promenades, des ados jouent sur les balançoires, des sportifs font des tractions, un couple se tient la main, une ado s’élance sur ses rollers. Place d’Erlon, un papa promène son fils à l’avant de son vélo suivi par son aîné. Tout le monde a un casque sur la tête, sécurité oblige !

Personne n’est en infraction et ce petit nombre de citoyens insouciants ne pose sans doute pas de problème sanitaire majeur. Mais qu’en serait-il s’il venait à augmenter ?  La liberté des uns commence là ou s’arrête celle des autres. Profiter du printemps deviendra-t-il un acte incivique ?  Malheureusement la situation critique en Italie, (avec 475 décès en 24 heures ce 18 mars) devrait inéluctablement restreindre encore notre espace de liberté. Pour le bien de tous. 
 
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