Covid-19 : afflux de patients, déprogrammations, le CHU de Reims et la polyclinique de Courlancy sous haute tension

La nouvelle vague de Covid-19 frappe le CHU de Reims et la polyclinique de Courlancy à Bezannes. Les déprogrammations s'accélèrent. Le point sur la situation avec le président de la commission médicale, le professeur Philippe Rieu, et Bruno Leray, président du Groupe Courlancy.

La nouvelle vague de l’épidémie de covid-19 continue de frapper chaque jour de nombreuses personnes en France. Dans la Marne, les hôpitaux s'organisent, mais la situation est préoccupante et inquiète les directions hospitalières. Le CHU de Reims et la polyclinique de Courlancy à Bezannes s'organisent pour contrer cette situation qui leur arrive de plein fouet.

"Le nombre de patients hospitalisés pour Covid ne cesse d’augmenter depuis quelques jours. Le nombre de patients hospitalisés par les urgences est de 8 par jour en moyenne. Le nombre de patients Covid hospitalisés en médecine est de 56, et en réanimation de 26 ce jour (mardi 30 mars ndlr). Nous sommes au même niveau que le pic de la vague de novembre, c'est-à-dire la seconde vague, mais cette fois ci nous ne sommes qu’au début de la vague", explique le professeur Philippe Rieu, président de la commission médicale d'établissement du CHU de Reims.
 

Près de 50 % des blocs fermés 

Même état des lieux à la polyclinique de Courlancy Reims-Bezannes qui vient en renfort au CHU de Reims.
"Nous sommes toujours en renfort pour les hôpitaux de la région. Nous-même, à la polyclinique de Courlancy à Bezannes, nous avons des patients Covid. Nous arrivons à la limite, car on accueille ceux des autres hôpitaux, explique Bruno Leray, président du directoire du Groupe Courlancy. Nous travaillons étroitement ensemble avec le CHU Robert Debré à Reims. Depuis le second confinement, nous faisons tous les mardis un point de la situation avec leur équipe de direction. 

Nous venons de prendre en charge deux patients Covid venus de l'Aube. Le CHU nous a appelés pour nous demander si on pouvait en accueillir, car eux-mêmes devaient en prendre en charge. Aujourd'hui, c'est tendu, explique le président du groupe Courlancy. Théoriquement, nous avons une capacité pour 10 patients covid en réanimation et nous sommes déjà à 9."

Le taux de remplissage des lits de réanimation est de 100% avec des patients Covid et non Covid alors que douze lits de réanimation supplémentaire ont été ouverts

Professeur Philippe Rieu, au CHU de Reims

Rappelons que le département de l'Aube a rejoint, le 25 mars, la liste des seize départements déjà "reconfinés", portant à 19 les territoires où la progression du virus est fortement élevée. Le taux d'incidence du Covid-19 y progresse toujours et atteint les 534 pour 100.000 habitants ce mardi 30 mars.


Les services de réanimation sont surchargés et les hôpitaux doivent parfois reprogrammer d’autres types d’opérations. "Plus nous ouvrirons des lits supplémentaires pour les patients Covid, plus nous annulerons des opérations, c'est certain, explique Bruno Leray, à Courlancy. Nous allons ouvrir des lits supplémentaires par trois, à savoir de 10 à 13, de 13 à 16, etc. Nous estimons une déprogrammation de 20 % à 13 lits et 50 % à 16 lits " précise-t-il.

"Le taux de remplissage des lits de réanimation est de 100 % avec des patients Covid et non Covid alors que douze lits de réanimation supplémentaire ont été ouverts, alerte le professeur Philippe Rieu au CHU de Reims. Nous sommes encore en train de créer des lits de réanimation supplémentaire. Cela se fait au prix d’une déprogrammation avec fermeture de bloc opératoire pour armer en personnels médicales et paramédicales les lits de réanimation créés. Nous avons fermé 30 % des blocs et nous prévoyons de fermer 50% des blocs dans les jours à venir pour ouvrir des lits de réanimation supplémentaires."


"On va réfléchir toute la semaine à déprogrammer des interventions dites "non-urgentes" avec bien sûr la décision des médecins qui suivent leurs patients. À la polyclinique de Courlancy, on est dans un environnement de médecins libéraux. Nous nous sommes mis d'accord avec les médecins sur le processus de déprogrammation. Par exemple, telle pathologie est déprogrammée, car ce n'est pas un caractère urgent. Notre souci n'est pas le manque de lits ni de machines. Techniquement, nous pourrions le faire sans soucis, mais c'est le personnel qualifié qui nous manque et c'est pour cela qu'on récupère le personnel du bloc, formé et qui a les compétences pour suivre des patients Covid en réanimation", complète Bruno Leray.

Tous s'inquiètent de l'état de fatigue des soignants. "On se prépare pour une semaine et d'autres difficiles et chargées, prévient Bruno Leray. On va encore demander des efforts à nos soignants, en sachant que nous sommes comme tout le monde. Nous aussi, nous avons des soignants qui ont contracté le virus et qui sont en arrêt maladie." La semaine s'annonce difficile avec encore plus d'opérations reportées. "Nous sommes prêts pour passer des coups de fils aux patients pour les informer du report de leur opération, c'est sûr", avance Bruno Leray. 

Le docteur Olivier Chataigner, lui, est chirurgien thoracique et cardio-vasculaire à la polyclinique. Il participe, tous les mardis, au Co-Dir entre le CHU de Reims et la polyclinique. Aujourd'hui, il constate une baisse d'activité net de 20 %, mais ce chiffre va sûrement augmenter d'ici la fin de la semaine. Il partage le même constat que la direction et s'inquiète du taux d'absentéisme des soignants à venir en plus des déprogrammations.
 

"On va devoir passer à la vitesse supérieure"

"Avec la fermeture des classes dans les écoles, il va y avoir des absents, car aucune solution n'a été trouvée pour la garde des enfants des soignants, prévient-il. Par contre, tout est mis en œuvre pour maintenir les interventions urgentes bien évidemment comme sont maintenues les examens de dépistages, types fibroscopie, coloscopie ou autres examens qui nécessitent un accueil au bloc"

Ceci étant, les semaines à venir s'annoncent difficiles et il rejoint l'avis de Bruno Leray et Philippe Rieu. "On devra s'adapter au flux tendu qui arrive, c'est sûr".

À la question est ce que nous sommes sur une situation aussi inquiétante qu'il y a un an ? "Je ne sais pas si la situation est comme en mars de l'année dernière, mais ça s'aggrave très vite et on va devoir passer à la vitesse supérieure pour ne plus accueillir que des patients Covid", prévient Bruno Leray. Un constat partagé à 100 % par le professeur Philippe Rieu qui conclut en nous confiant: "la situation est très préoccupante et je ne comprends pas pourquoi nous ne sommes pas encore confinés..."

D'après l'ARS, depuis le début de l’épidémie, 8.768 personnes hospitalisées pour Covid-19 sont décédées en établissements sanitaires dans le Grand Est.

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