De la même façon que dans les hôpitaux situées dans des départements ou le taux d'incidence est élevé, la polyclinique de Courlancy à Bezannes reste sous pression. Etat des lieux de la situation sanitaire alors que mai approche avec la promesse d'un allégement des mesures.
 

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Plus de quinze jours après le début d'un confinement troisième version avec fermeture des écoles, les chiffres de la pandémie ne sont toujours pas bons, dans la Marne comme dans le reste de la France. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter le bilan quotidien de l'Agence régionale de santé. Au 5 avril, début du confinement, on comptait 40 personnes en réanimation, soins intensifs et soins continus dans les établissements sanitaires du département. Le 19 avril, ils étaient encore 38. Du côté des hospitalisations, on comptait 297 patients le 5 avril et à peine sept de moins quatorze jours plus tard.

Une situation que ne peut que constater Bruno Leray, président du directoire de la polyclinique Courlancy à Bezannes "Nous sommes sur un plateau actuellement, on ne peut pas dire que cela baisse vraiment. Nous avons ouvert trois autres lits de réanimations en sachant que dix sont déjà occupés. Nous avons également dix patients covid, qui eux ne sont pas en réanimation mais en médecine, pour quinze lits disponibles. En sachant que le suivi des patients en réanimation et en médecine n'est pas du tout le même." 
 

La déprogrammation de certaines opérations se poursuit

Alors pour le chef d'orchestre de la polyclinique, difficile de faire avec la situation actuelle et encore plus difficile de la prédire. Même si une légère baisse de passage aux urgences a été constatée la semaine dernière, la situation préoccupe la direction et les soignants qui poursuivent la déprogrammation de certaines opérations. "Nous avons dû déprogrammer environ 25 % de nos opérations non-urgentes", précise Bruno Leray.


La seconde vague de l’épidémie de Covid-19 continue de frapper chaque jour de nombreuses personnes en France, rappelle Jacques Cohen professeur émérite à l'URCA de Reims et immunologiste. Pour lui, la situation de la courbe est identique, c'est ce que signifie être sur un plateau. "Les gens ont beaucoup raisonné en pic et non en courbe", explique le scientifique, qui rappelle que Nice, par exemple, est resté plus de deux mois au sommet de son pic sous forme d'un plateau. C'est ce qui se passe avec la vague actuelle. La grande question est, est-ce la fin ou pas ? En sachant que l'ARS communique comme chiffres pour le Grand Est 2.682 malades covid hospitalisés en médecine et 511 malades hospitalisés en réanimation au 19 avril.

Deux situations sont possibles selon le médecin. "Soit on reste en haut avec des vagues et des remous, soit on redescend grâce à l'effet de la vaccination ou du fait de l'immunité collective ou encore car le virus a décidé de partir en vacances, donc de disparaître de lui-même", explique Jacques Cohen. Car, oui, il le rappelle, ce ne serait pas le seul virus à avoir existé et, après avoir fait beaucoup de ravage, à disparaître et à devenir anodin.  "Je me répète, mais c'est le cas avec OC 43, le coronavirus des rhumes de l’enfant, qui a dû rentrer dans notre espèce vers la fin du 19e siècle en étant beaucoup plus méchant, puis qui s’est assagi. Aujourd'hui, c'est une rhinopharyngite banale et qui ne foudroie plus".
 

Le confinement utile ou pas ?

Face à ces chiffres désespérément hauts se pose cette simple question : le confinement, utile ou non ? "Cela nous a permis d'avoir une solution pour que nos soignants puissent faire garder leurs enfants, répond Bruno Leray. Il y a trois semaines, le personnel n'en pouvait plus avec les fermetures des classes. Et aucune solution de garde n'existait. Pour autant, cela n'a pas vraiment changer le problème que nous rencontrons pour trouver du personnel pour suivre les patients covid."

"On tire un élastique qu'on n'arrête pas de tendre. Le personnel est épuisé, rappelle le président de Courlancy. Il faut sans cesse restructurer les plannings car de nombreux soignants sont des cas contacts. Il faut donc trouver un remplaçant à la dernière minute. Parfois, nous devons déplacer des patients dans des services où les effectifs de soignants sont moins impactés. Alors aujourd'hui, il semble difficile de parler des semaines à venir et d'un allégement ou pas de travail des soignants."

Pour Jacques Cohen, ce confinement a été fait faute de mieux et les annonces actuelles du gouvernement sont des annonces politiques. "Personne ne sait comment le virus va se comporter dans les mois à venir et les beaux jours n'y changeront rien, rappelle-t-il en évoquant la pandémie qui a eu lieu il y a un an au Moyen-Orient. L'accalmie en France durant la période estivale est due au fait que le virus a voyagé, pas qu'il avait disparu. Aujourd'hui, il revient sous la forme des variants."


Le moment de déconfiner ?

Mai fait ce qu'il te plaît. Un adage bien difficile à appliquer dans le contexte sanitaire. Même si le président Emmanuel Macron, lors d’une interview pour la chaîne américaine CBS, a annoncé une levée progressive des restrictions de voyages liées à la pandémie de Covid-19 à compter du début du mois de mai.

Pour Jacques Cohen, personne ne sait comment évoluera la situation dans les semaines à venir. Il faut continuer à mettre en place la détection permanente et privilégier des tests génomiques que les Anglais commencent à faire. "Il faut s'auto-tester deux fois par semaine. Vous installez une appli sur votre téléphone pour rentrer les résultats de vos tests et avec ça vous pourrez rentrer là où vous voudrez, explique Jacques Cohen. Voilà ce que je recommanderai pour qu'on sorte une bonne fois pour toutes de tous ces confinements successifs. Et cela reviendrait moins cher pour que la vie reprenne et que tous les secteurs d'activités puissent réouvrir. Le coût est estimé à deux milliards d'euros par mois, au lieu des onze milliards d'euros par mois accordés aux entreprises."

Et bien sûr, poursuivre la vaccination qui semble être un bon moyen pour éviter de devoir encore compter des morts, mais cela ne résoudra pas la situation par rapport aux variants prévient l'immunologiste. "Soit on est capable de vacciner que les personnes fragiles, soit on choisit de vacciner l'intégralité de la population comme l'a fait Israël", explique Jacques Cohen.


" Déconfiner sans vacciner, c'est un trompe l'œil parce qu'on n'est pas capable, en France, de vacciner par manque de doses", explique le médecin, qui reconnaît que plusieurs facteurs ont compliqué la situation. Notamment les difficultés de production, l'exportation de certaines doses, et bien sûr l'effondrement d'AstraZeneca avec la décision, depuis la mi-mars, de la Haute Autorité de Santé qui ne recommande plus la vaccination des moins de 55 ans avec ce vaccin en raison des risques de thromboses. Pour le scientifique, "nous aurons bientôt des vaccins de mieux en mieux adaptés, de plus en plus larges et de plus en plus prospectifs et nous finirons par avoir la peau du virus, mais probablement en plusieurs manches contre des variants successifs et multiples."

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