Confinement : école et vacances à la maison, comment s'évader ? Les réponses d'un pédiatre et d'une sophrologue

École à la maison pendant une semaine, vacances pour tous les deux semaines suivantes, et reprise en distanciel pour les collègiens et les lycéens. Emeric Lambrecht, pédiatre à la polyclinique de Courlancy et Betty Alamichel, sophrologue à Reims, livrent leurs conseils. 

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" Les parents que je reçois en consultation sont lassés par ces confinements successifs " reconnaît le Dr Emeric Lambrecht, pédiatre endocrinologue à la Polyclinique de Courlancy. "En même temps, ils acceptent ce nouveau confinement et ont hâte que la vaccination" s'accélère ajoute-il. "Ce qui est une bonne nouvelle, car en décembre, ce n'était pas le cas beaucoup étaient mitigés à l'idée de se faire vacciner.  Aujourd'hui, ils acceptent l'idée de se faire vacciner et que les écoles ferment pour sortir une bonne fois pour toutes de cette crise sanitaire.  Moi-même, je suis vacciné, nous devons montrer l'exemple je pense", enchaîne-t-il.

D'autant que des cas d'enfants testés positifs, il y en a eu. À cela, il a constaté que les virus type grippe, bronchiolite commencent à se présenter aux urgences, il craint que ceux-ci ne contribuent à  créer des engorgements. "Le cas des enfants est particulier", précise-t-il. "Même s'ils ne font pas de forme grave en contractant la Covid, ils sont transmetteurs et peuvent contaminer leur entourage proche comme les parents, les grands-parents, et même le personnel scolaire, c'est pour cela qu'il est devenu important de fermer temporairement les écoles"

Maintenant, il ne s'agit pas de se substituer aux enseignants, mais d'accompagner les enfants et surtout ne pas se mettre la pression conseille le pédiatre. Un avis totalement partagé par Betty Alamichel, sophrologue à Reims qui accompagne les étudiants de l'URCA. " Que ce soit avec les étudiants ou les plus jeunes enfants, le stress n'est jamais bon pour évoluer sereinement.. Il ne faut pas rajouter du stress à une situation sanitaire qui l'est déjà " prévient-elle. "D'autant, rajoute Emeric Lambrecht qu'on connaît nos enfants à la maison, mais pas nos enfants en classe et c'est cela qu'il faut gérer tout en télétravaillant".

" Des pauses sont nécessaires et il ne faut pas hésiter à sortir dehors "  recommande Betty Alamichel. Je me rappelle des étudiants qui m'appelaient en septembre pour me dire au début " c'est chouette on travaille de chez nous, et qui une fois sortis du distanciel, m'ont dit " plus jamais ça c'était trop dur et on croulait sous le travail en étant seul" rappelle-t elle.
Créer un cadre est essentiel suggèrent les deux professionnels de santé. Il faut absolument créer un rythme journalier rappelle Emeric Lambrecht. Les enfants sont souvent plus disposés à travailler le matin. Il faut leur créer un endroit pour travailler et ne pas hésiter à les laisser plus libre les après-midi, et éviter les prolongations devant les écrans. Pour les plus grands, le risque est qu'ils soient tentés de retrouver leurs copains dehors. " Il faut bien sûr qu'ils se retrouvent en petit comité, mais surtout ne pas se réunir en grand groupe dans le skate parc de Léo Lagrange par exemple " alerte il.

Les ados ont besoin de dormir plus que les petits enfants précise la sophorlogue. Ils dorment en général vers 23 h et se lèvent vers 09 h prévient-elle.  Le risque en étant confiné, c'est qu'ils respectent moins les rythmes de sommeil habituel, liés au rythme de l'école, mais ce n'est pas grave rassure Betty Alamichel.  Il vaut mieux que les ados vivent bien ce confinement et qu'ils gèrent en toute autonomie leurs tâches scolaires. D'ailleurs, cette autonomie de travail vaut de même pour les plus jeunes. " Il vaut mieux les laisser travailler seuls et après voir comment ils se débrouillent plutôt que d'être sur leur dos". L'enfant est fier et se sent valorisé en essayant de travailler seul. 

                                                                                                                                        

Faire des pauses 

Ne pas hésiter à faire des pauses surtout avec les petits conseille Betty Alamichel. " Si on est en appartement, il ne faut pas hésiter à prévenir les voisins et leur expliquer la situation en disant pendant 20 minutes, il va y avoir un peu de bruit, car les enfants vont se défouler. Les enfants ont besoin de se décharger. Bien sûr quand le temps s'y prête, sortir et aller faire le tour du pâté de maison, aller dans un square ou un parc est l'idéal" rajoute-t-elle. 
Un exercice détente facile à faire avec la respiration recommande Betty pour chasser tout stress. " Je l'appelle  la règle de 4. Assis ou debout, vous vous tenez bien droit. Primo : vous inspirez par le nez quatre fois de suite. Vous devez sentir l'air remplir votre ventre. Secundo : vous retenez votre respiration pendant quatre temps. Tertio : vous expirez longuement , vous comptez 4 . Pour terminer, vous faites une pause équivalente à quarte temps avant de recommencer. Au terme de cet exercice d'une déconcertante simplicité, vous serez plus détendu" assure la sophrologue. "Il ne faut pas hésiter à s'arrêter prévient Emeric Lambrecht, et même finir les jours suivants, car si on se rajoute du stress, les angoisses peuvent  être difficiles à gérer sur du plus long terme."

Faire du sport 

Le temps de sport selon l'âge est différent rappelle Emeric Lambrecht. On préconise souvent une activité physique de l'ordre d'une 1 h par semaine par année d'âge sans dépasser 6 h de sport intensif par semaine (6 ans 6 h d'activité physique par semaine). L'OMS recommande même 1 h de sport minimum par jour chez l'enfant. Cela comprend bien sur le sport à l'école et la marche les temps de jeux en extérieurs. Les activités sportives sont importantes pour tous les enfants : oui même chez les moins sportifs, mais certains en ont plus besoin pour canaliser leur énergie pour faciliter leur concentration.

" Le sport permet de lutter contre la sédentarité et le risque d’obésité et les désordres métaboliques, favorise le lien social, améliore les capacités cognitives" précise le pédiatre. Il est évident que les parents ont un rôle prépondérant à jouer. Plus que le sport, c'est l'activité physique régulière qui est important donc favoriser les sorties en extérieurs, aire de jeux dans un parc marche le long du canal, vélo, footing... Mais aussi petit parcours de santé dans le jardin quand cela est possible bien-sûr reconnaît-il . Mes conseils seraient les suivants : "Aménager un programme hebdomadaire avec des temps d'activités physiques à respecter et à mener avec son enfant (minimum 30 minutes par jour ou selon la disponibilité des parents 2 fois par semaine pendant au moins 1 h). Limiter les temps d’écrans.  Plus l’enfant est jeune, plus il est malléable, plus il peut rapidement perdre ces mauvaises habitudes à condition que les parents soient derrière lui " reconnaît le pédiatre. 

Et surtout recommande Betty Alamichel, il ne faut pas toujours vouloir occuper ses enfants. " S'ennuyer, ne rien faire, c'est très bien aussi. L'enfant doit apprendre à ne rien faire afin de faire une vraie pause, car on vit toujours à 100 à l'heure et lui dire à un moment donné, " tu peux t'arrêter et ne pas toujours vouloir combler le vide, c'est bien aussi et profite pour regarder ce qui t'entoure ".  Ainsi, tout le monde appréciera d'autant plus ce temps de calme partagé. 

Éviter de se projeter 

Une génération compliquée s'annonce pour Betty Alamichel. " Pour les ados qui ont du mal à s'accepter ou qui sont déjà mal dans leur peau, ces isolements institués risquent d'être compliqués. Ils risquent de ressentir un impact sur leur socialisation ". C'est aussi un risque qu'appréhende le pédiatre. Il faut que les ados puissent sortir, ils ne doivent pas rester enfermés surtout s'ils restent devant les écrans. " J'insiste sur ce point, car les écrans peuvent être des formidables outils d'apprentissage, mais il ne faut pas que le jeu vidéo succède aux apprentissages "  prévient il. Et il faut éviter la projection sur du long terme rappelle Betty. Ne pas écouter le petit vélo mental qui risque de venir nous semer le trouble celui qui vient et qui nous dit " comment vais-je faire pour réussir ? Comment vais-je suivre à distance, est-ce que le troisième trimestre va bien se passer ? Celui-là, on l'oublie et on se concentre sur son bien-être et on s'allège l'esprit" préconise-t-elle.

Le grand point d'interrogation  pour les deux spécialistes reste l'acceptation de la situation dans la durée, car il s'agit de savoir si ça reprend ou pas réellement pour les écoles après les vacances scolaires. Autre complexité,  comment susciter l'envie de poursuivre à distance pour les collèges et lycées qui reviennent de vacances et qui restent à la maison encore ?  " Ne pas paniquer répète Betty Alamichel et tenir avec un rythme qui convient aux collégiens et aux lycéens. L'avantage, c'est qu'ils sont autonomes et les parents doivent leur faire confiance pour pouvoir, eux aussi, se concentrer sur leur télétravail "rassure-t-elle.


La question récurrente est celle-ci : y aura-t-il une réouverture des écoles possible à partir du 26 avril, après les vacances, donc dans deux semaines et demi ? " Je serais très prudent concernant cette réouverture au vu des derniers chiffres de contamination encore assez élevés. Même si, psychologiquement, cela est nécessaire pour le bien-être des enfants. La maîtrise de l’épidémie est encore précaire " signale le pédiatre Emeric Lambrecht. 
 

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