Créer une ZAC sur un site industriel en plein essor : la stratégie des élus pour "garder la main" sur le développement économique

En voulant créer une zone d'aménagement concerté sur le site industriel de Pomacle-Bazancourt dans la Marne, les élus du Grand Reims veulent garder la main sur le développement économique de cette plateforme stratégique, axée sur la bioéconomie. Une façon de contrôler et faciliter l’implantation de nouvelles entreprises en concertation avec les habitants des villages alentour.

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Ça y est, les prospectus sont distribués, les affiches bien en place à Boult-sur-Suippes, petit village du nord de la Marne, qui jouxte Pomacle et Bazancourt. Les habitants ne peuvent désormais plus ignorer qu’une réunion publique est organisée le 3 juin prochain à 18 heures. L’objet de cette consultation ? La création d’une ZAC, une zone d’aménagement concerté, sur le site de Pomacle-Bazancourt, une plateforme industrielle qui réunit depuis plusieurs dizaines d’années de nombreux acteurs de la bioéconomie, dont le géant du sucre Cristal Union et la coopérative agricole Vivescia.

Un site stratégique au niveau local mais aussi au niveau régional et national, puisqu’on y transforme, chaque année, un million de tonnes de blé et 2,5 millions de tonnes de betteraves. L’objectif : produire du sucre, bien sûr, mais aussi des carburants d’origine végétale, des cosmétiques, de l’alcool ou encore, depuis peu, des pellets. Le site a d’ailleurs permis de créer 1 300 emplois directs,  plus de 1 000 emplois indirects et emploie 200 chercheurs sur le pôle de recherche.

Maîtriser le développement de ce « fer de lance » économique

"Il est donc l’heure de consulter le grand public sur le sujet, même si un gros travail avec les communes a déjà été accompli en amont", confie Arnaud Robinet, président (Horizons) du Grand Reims, qui présentait ce mercredi 29 mai le projet de ZAC en conférence de presse. « L’ambition du Grand Reims est d’occuper rapidement une place de leader européen en bioéconomie et une place d’exemplarité en matière de neutralité carbone ». Et le président du Grand Reims de rappeler toutes les qualités de ce site industriel, situé à une quinzaine de kilomètres de Reims, « moteur de notre économie locale » avec ses 260 hectares, ses 15 entreprises qui travaillent en synergie, et les nouveaux emplois potentiels que pourrait encore porter cette zone industrielle qui ne cesse de s’agrandir. "Pour demeurer compétitif, ce poumon économique de notre territoire a besoin d’être agrandi mais surtout aménagé, constate le président du Grand Reims. Le choix du modèle d’une ZAC s’est imposé comme le plus logique pour conserver une maîtrise publique du site et de son développement". Une ZAC qui pourrait permettre de créer entre 800 et 900 emplois directs supplémentaires. 

Une zone d’aménagement concerté permet en effet aux pouvoirs publics qui la portent, d’aménager de manière cohérente les espaces, le foncier et les projets : cela signifie choisir les activités qui peuvent s’y implanter, maîtriser les cessions de terrains et les permis de construire, et faire ces choix en concertation avec les habitants. "Sans la ZAC, des projets industriels pourraient se développer sur cet espace sans offrir les mêmes garanties et la même maîtrise aux élus du territoire, comme c'était le cas jusqu'à présent, poursuit Arnaud Robinet. 

 

La ZAC est donc une garantie d’un aménagement qui ne se fera pas sans les élus, et donc, in fine, qui ne se fera pas contre la population.

Arnaud Robinet, président (Horizon) du Grand Reims

 

Limiter les impacts de la ZAC

Concrètement, l’aménagement de cette zone passera donc par la gestion et la répartition des terrains disponibles pour l’implantation de nouvelles activités. Des entreprises qui seront choisies pour leur savoir-faire dans le domaine de la transformation des bio-ressources à haute valeur ajoutée, et ce, grâce à de petites unités de production.  "Il n’y aura pas d’implantation de grande usine, ni d’activités potentiellement dangereuses", précise le président du Grand Reims. La circulation et l’accès au site devraient aussi être réaménagés pour être plus efficient, avec le développement de voies cyclables mais aussi du transport à la demande et de la ligne de bus express n°3, ralliant Warmeriville et le centre-ville de Reims, et qui devrait desservir dès septembre le site de Pomacle-Bazancourt.

Enfin, si la ZAC voit le jour, les élus insistent sur leur volonté de limiter les impacts du développement de ce site industriel, que ce soit au niveau du bruit, des odeurs et du trafic généré par les entreprises. "Un accent sera mis sur la bordure extérieure de la zone avec une épaisseur de 20 mètres arborés pour limiter l’impact visuel et l’impact sonore de la zone", ajoute l’édile. La communauté urbaine réfléchit aussi à la création d’une déviation pour retirer à Bourgogne-Fresne et Boult-sur-Suippes le trafic des poids lourds, bien que les deux projets ne soient pas liés dans leur réalisation.

Aucune influence de la ZAC sur la possibilité d'un microréacteur nucléaire chez Cristal Union

L’objectif de cette ZAC est donc bien, pour les élus de Grand Reims, de pouvoir maîtriser, et ce, de façon concertée, le développement du site de Pommacle-Bazancourt afin d’en faire un exemple de la bioéconomie dans le Grand Est ainsi qu’au niveau national. Un certain nombre de critères devront être respectés par les entreprises qui souhaiteront s’installer sur le site, notamment d’un point de vue environnemental. En revanche, pour les sociétés déjà implantées, la collectivité n'aura pas plus qu’actuellement de droit de regard sur leurs activités.

Interrogé sur la possibilité d’installation d’un microréacteur nucléaire sur le site de production de Cristal Union, le président du Grand Reims annonce avoir pris contact avec l'entreprise "qui souhaite décarboner son site le plus possible". Il poursuit : "Il y a beaucoup de fantasmes sur cette question : on parle de mini-réacteur nucléaire, on a l’impression qu’on va avoir la centrale de Chooz ici. J’ai regardé attentivement les choses, nous sommes loin d’un réacteur tel qu’on peut l’imaginer. Après, force est de constater que dans les années à venir, dans le cadre de la décarbonation des énergies, entre les énergies renouvelables et le nucléaire, il y a aura un mix énergétique et je ne sais pas quel choix fera Cristal Union. Pour le moment, on est dans l’attente du résultat des études qui sont en cours pour saluer les bénéfices et les risques".

Le résultat des études, c’est aussi ce qu’attend avec intérêt le président de la section Bazancourt de Cristal Union, Joachim Gaillot. Il précise avoir été contacté par la société Jimmy Energy pour ce projet de microréacteur nucléaire privé, qui produirait de la chaleur décarbonée. "Jimmy Energy va demander toutes les autorisations, au niveau de la sûreté nucléaire et des enquêtes publiques, et si le projet aboutit et que toutes les autorisations sont obtenues, nous sommes intéressés pour acheter la vapeur qu’ils produiraient sous cette forme-là", explique-t-il.   

Un projet naissant, qui ne pourrait se concrétiser que dans plusieurs années, mais qui permettrait à l’entreprise, entre autres possibilités, de répondre à l'obligation européenne de décarboner leurs activités d’ici 2050. Dans tous les cas, la création de la ZAC de Pomacle-Bazancourt n’exercerait aucune influence sur ce dossier, même si les élus des communes concernées que sont Boult-sur-Suippes, Pomacle et Bazancourt restent attentifs à ce sujet.

La création de la zone d’aménagement concertée pourrait quant à elle être effective en 2025, après enquête publique. Les premiers travaux pourraient démarrer en 2026.

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