Jusqu'en 2013, des expériences étaient menées sur un site du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), à Pontfaverger-Moronvilliers (Marne). Ce vendredi 18 mars, son maire, Damien Girard, attaquait l'État pour la pollution radioactive qui en résulte.
Dans l'agglomération de Reims (Marne), on ne fait pas que remplir des bouteilles de champagne. Fut un temps, on y testait les détonateurs des bombes atomiques constituant le coeur de la dissuasion nucléaire française.
Ça, c'était avant. Depuis la fermeture, en 2013, d'un site d'expérimentation du Commissariat à l'énergie atomique (CEA, devenu Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives en 2010).
Ce dernier était situé dans une petite ville peuplée de 1.700 âmes. Il s'agit de Pontfaverger-Moronvilliers (Marne, voir sur la carte ci-dessous).
Mais la commune n'est pas si tranquille. Surtout son maire, Damien Girard. Il craint que les terres ne soient devenues radioactives après tous les tests de détonateurs.
Et il est impossible de le vérifier, le terrain appartenant à l'armée. Les structures ont été démolies, les effectifs retirés. Mais pas question d'y aller, que ce soit pour pratiquer des analyses, ou s'essayer à l'urbex.
Les caméras veillent toujours. Car il demeure un stock souterrain de 2.7 tonnes d'uranium, suscitant une forte opposition. On sait aussi maintenant qu'il contient du plutonium. Comme pour le site de déchets dangereux de Stocamine, en Alsace, des craintes existent donc pour la nappe phréatique.
Difficile d'en savoir plus : on parle ici de secret-défense, avec six mois de prison si l'on tente de fouiner. Et ce secret-défense, l'édile de Pontfaverger n'en a cure. C'est pour ça que ce vendredi 18 mars, il attaque l'État devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne).
Au micro de France 3 Champagne-Ardenne, il a dénoncé ce manque de transparence. "Nous n'avons aucune information et sommes obligés de fouiller à droite-à gauche." (voir l'historique du dossier et l'interview du maire dans le vidéo-reportage ci-dessous)
"Il y a dix-quinze ans, on nous faisait croire que c'était des explosions pyrotechniques avec des métaux. Mais ce n'était pas de la poudre noire et un peu de plomb. C'était du béryllium, de l'uranium, du tritium. Et aujourd'hui, on trouve même des traces de plutonium. On attend que l'État reconnaisse la pollution des sols. Aujourd'hui, le CEA, comme un mauvais locataire, n'a pas payé le loyer, mais en plus laisse ses poubelles. C'est une catastrophe écologique pour les générations à venir." La remise en état du site est donc aussi demandée.
Monsieur le maire bénéficie du conseil d'Arielle Guillaumot. Elle officie au sein du cabinet Huglo Lepage Avocats, spécialisé dans le droit environnemental. Si le nom vous est familier, c'est normal. Il est en effet dirigé par Corinne Lepage, devenue ministre de l'Écologie après l'élection de Jacques Chirac en 1995, et dirigeante de partis politiques verts depuis cette période.
La décision du tribunal administratif a été mise en délibéré. La juridiction tranchera dans deux semaines, soit le vendredi 1er avril. Et ce sera loin d'être une plaisanterie, vu la lourdeur des faits reprochés au ministère de la Défense.