L’œuvre unique de l'artiste verrier René-Jules Lalique composée de 30 anges en verre moulés pressés est en cours de restauration, dans les verrières de l'église Saint-Nicaise à Reims.
Fondée après la première guerre mondiale, la Cité-Jardin du Chemin Vert de Reims, est un habitat social composé de maisons et d’équipements collectifs, ainsi que d’une église. Entre 1923 et 1924 René-Jules Lalique participe avec d’autres artistes à la construction de l’église Saint-Nicaise, inscrite dans le périmètre de cette cité modèle. Le célèbre maître verrier, né à Aÿ dans la Marne, tente une nouvelle technique, avec le verre moulé, pressé.
« Ces grands modules permettent d’augmenter le volume d’éclairement, par rapport aux vitraux losangés traditionnels installés dans les églises. De plus, leur mise en œuvre est plus rapide » commente Rodolphe Gissinger l’architecte du patrimoine.
Un ange ciblé par une arme à feu
Mais très rapidement, les anges de Saint-Nicaise deviennent problématiques. Ils subissent de graves contraintes, les verrières s’abiment, se fêlent, se cassent et souffrent de multiples dégradations liées au climat et au vandalisme parfois. « Un ange a même été la cible d’un tir d’arme à feu, et ce n’était pas pendant la seconde guerre mondiale ! » s’exclame un membre de l’association des Amis de Saint-Nicaise.
En 2014, les anges en verre moulés ont été démontés de leur baie et remplacés par des photographies numériques. Placés en lieux sûrs, en attendant la validation du protocole de restauration par la direction régionale des affaires culturelles, (la DRAC) et le laboratoire des monuments historiques. « Depuis 2018, c'est un travail de longue haleine qui a été mené", explique l’architecte du patrimoine et de poursuivre : « Grâce à l’injection d’une résine, on a pu recoller les parties éclatées, cassées et brisées. L’Intérêt de cette résine, c'est sa réversibilité. Si dans le futur on trouve de meilleures techniques de restauration, on saura l’enlever et recommencer. »
C’est la manufacture Vincent-Petit de Troyes qui a procédé à la restauration des premiers anges. D'ici à la fin de l’année 2023,11 anges vont retrouver leur baie respective.
Un coffre-fort transparent pour protéger les anges
Pas question de laisser les anges sans protection. Une verrière de doublage en verre securit et anti-reflet a été installée, ainsi qu’un système de drainage pour éviter les éventuelles eaux stagnantes. Il a fallu dans cette restauration penser à la création d’une serrurerie de conservation préventive. Chaque bloc de verre est ainsi soutenu par une semelle de répartition qui transmet les charges sur la structure et non plus sur les éléments verriers qui se sont abîmés au fil du temps et ainsi panser les « erreurs de conception » du maître verrier.
Coût total de la restauration, des anges de René-Jules Lalique : 1,6 million d’euros. La moitié a été prise en charge par l’État. D'ici à 2025, l’association des Amis de Saint-Nicaise qui œuvre à trouver des mécènes pour financer la restauration de cette verrière unique, doit encore trouver des âmes sensibles au chevet des 19 derniers anges en demande de soins.