Une chaudière bas carbone utilisant du bois de recyclage va permettre dès la mi février au Grand Reims d’afficher pour son réseau de chaleur un "mix énergétique" composé à 90% d’énergie renouvelable, locale, et bon marché.
Plus que quelques jours et la nouvelle chaudière de la chaufferie urbaine du Grand Reims entrera en fonctionnement, mi février, en principe. Cette chaufferie fonctionne 365 jours par an. Elle alimente en chauffage et eau chaude 12 000 logements ainsi que des équipements publics, plusieurs sites universitaires et le CHU de Reims.
Autant dire l’importance de ce site ainsi transformé, car pas question de priver de chauffage et d’eau chaude notamment le Centre Hospitalier universitaire. Une panne à la chaufferie entraînerait un plan ORSEC et l’évacuation du CHU.
Le 7 octobre 2019, Elisabeth Borne, alors ministre de la transition écologique avait visité le site et indiqué combien la transformation des installations représentait un lien important dans la transition écologique.
Une série d’évolutions
Depuis son installation dans les années 70, au moment de la construction du quartier Croix Rouge, la chaufferie dont la cheminée domine la sortie de Reims, en direction d’Epernay, n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui, le quartier des Châtillons est également raccordé au réseau de chaleur urbaine désormais doté d’une chaudière bas carbone. A ses débuts, la chaufferie tournait avec du fuel lourd, mais face à la crise pétrolière, il a fallu recourir au charbon et au gaz.
En 2012, le fuel n’était utilisé qu’en appoint. 35% de l’énergie étaient encore fournis par le charbon et le gaz. Mais grâce à l’installation d’une chaudière biomasse fonctionnant avec du bois propre, la part des énergies renouvelables est passée à 65%.
2018 a été marquée par l’arrêt du charbon. C’est d’ailleurs à l’emplacement de son stockage qu’a été construite une chaudière utilisant du bois B, c’est-à-dire du bois de récupération, de recyclage.
La chaudière biomasse viendra en appoint sur le réseau, après l'énergie provenant de l'usine d'incinération des déchets et le générateur de bois B.
Bruno Carmona, responsable du site de la chaufferie du Grand Reims;
Emissions de CO2 divisées par cinq
Alban Kieffer est le chef du service génie climatique du Grand Reims. Il assure que grâce à cette installation, l’atmosphère sera plus verte. "Nous allons diviser par cinq les émissions de gaz à effet de serre, c’est-à-dire le CO2, mais aussi diviser par huit celles d’oxyde de soufre, par cinq les poussières et par 2,5 l’oxyde d’azote. Oui, nous améliorons la qualité de l’air". La stratégie bas carbone produit donc ces effets positifs, mais ils ne sont pas les seuls.
La mise en service du nouvel équipement va permettre d’assurer une mixité énergétique, puisque s’appuyant sur plusieurs combustibles. Elle rend le Grand Reims moins dépendant. Bruno Carmona est responsable du site où est installée la chaufferie. "Nous continuerons à utiliser la chaudière biomasse qui utilise du bois A issu de l’élagage ou de déchets non traités", explique-t-il. "Mais elle viendra en appoint sur le réseau, après l’énergie provenant de l’usine d’incinération des déchets et le générateur de bois B. Le gaz ne sera qu’un secours".
Energie locale et renouvelable
21,4 millions d'euros hors taxes ont été investis dans l’installation de la chaudière qui s’inscrit parfaitement dans la politique de transition énergétique. Les clients vont y gagner une baisse de 10% sur leur facture, et davantage encore ultérieurement quand la chaudière sera amortie.
Nous allons diviser par cinq les émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire le CO2.
Alban Kieffer, chef du service génie climatique du Grand Reims.
Le bois est un combustible bon marché, et il a un autre avantage. Les 20 000 tonnes de bois nécessaires chaque année au fonctionnement de la nouvelle chaudière proviendront de 150 kilomètres autour de Reims. L’énergie ainsi produite sera donc locale et renouvelable. Quant aux cendres, elles partiront en compostage.
Trouver un combustible peu cher et investir a nécessité des années de travail. Entre investissement et coût du combustible, il fallait trouver un compromis afin de maintenir un prix de chaleur acceptable. Alban Kieffer, chef du service génie climatique du Grand Reims indique :"nous réfléchissons à pouvoir offrir ce service à un plus grand nombre d’abonnés, potentiellement d’étendre le réseau".
Avec cette chaufferie qui a toujours su s’adapter, le Grand Reims dispose de l’installation la plus vertueuse de tout le Grand Est.