Risques de supplanter l’importance du psychomoteur, créativité moins développée… La pratique excessive et non encadrée des jeux vidéo peut comporter certains risques pour les enfants. Pour autant, un temps de jeu raisonnable peut aussi avoir son lot de bienfaits. L'occasion de se demander comment encadrer ses enfants à quelques jours du salon Game'In Reims (Marne).
Le jeu vidéo est-il à proscrire chez les enfants ? Pour la septième fois à Reims (Marne), il sera mis à l’honneur lors du salon Game’In Reims les 16 et 17 novembre au Parc des expositions. L’occasion de revenir sur les préconisations concernant l’encadrement des enfants à l’heure où le “gaming” touche 38,7 millions d’adeptes occasionnels en France, soit 7 Français sur 10 (selon le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs).
Thierry Delcourt, pédopsychiatre rémois, apporte un regard nuancé sur la question : “il faut faire attention avec les écrans de manière générale. Chez les enfants, on déconseille l’exposition à ces derniers lors des 1000 premiers jours. Après, on peut décerner deux facettes intéressantes dans le jeu vidéo, une positive, et une négative”.
“Tout d’abord, le jeu vidéo, c’est un jeu. Et il est important qu’il y ait du jeu chez les enfants. Cela leur apprend aussi à se situer dans le monde actuel, avec une part de réel et une part de virtuel. Certains tirent à tout bout de champ sur ces jeux, mais ils ne sont pas que néfastes. Dans certains cas, ils peuvent également stimuler la créativité. Dans des jeux plus créatifs comme Minecraft ou Roblox, par exemple, l’enfant peut construire et créer son monde en quelque sorte. C’est plus intéressant et à conseiller que des jeux basés uniquement sur le combat ou la violence”, poursuit le pédopsychiatre.
Respecter les limites d’âge
“Cependant, l’aspect négatif existe. Un des points les plus importants, c’est le respect des limites d’âge indiquées. Il n’est pas normal qu’un enfant de huit ans joue à des jeux comme GTA (Grand Theft Auto) qui sont très violents et pas du tout adaptés au jeune âge. De plus, la pratique excessive du jeu vidéo peut conduire au risque de supplanter l’importance du psychomoteur. Les enfants ont besoin d’aller dehors, de se confronter à la manipulation physique, c’est fondamental pour leur construction”.
“Ces dernières années, on parle aussi beaucoup de TDH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), et c’est quelque chose qui peut être grandement facilité par cette pratique. Les enfants qui passent leur temps sur des écrans plutôt que sur des LEGO, des Kaplas ou autres jeux non virtuels vont moins stimuler leur imagination. Dans le jeu vidéo, vous entrez dans une histoire déjà faite, dans un monde déjà imaginé et conçu plutôt que de l’inventer soi-même, mais il est primordial de s’inventer des histoires, de se construire un monde… C’est la signature de notre personnalité”, insiste Thierry Delcourt.
Contrôler l’exposition et favoriser les jeux créatifs
Il n’est alors pas forcément conseillé d’interdire les jeux vidéo aux enfants, mais plutôt de contrôler leur exposition tout en respectant les limites d’âge des jeux. “Jouer une heure de temps en temps pour les 12-14 ans, c’est bien, mais il faut aussi faire autre chose : voir des amis, sortir dehors”, nuance le spécialiste.
Ces conseils sont d’ailleurs valables pour les adolescents et jeunes adultes : “à 25 ans, même si la construction psychomotrice est terminée, si on reste à jouer constamment chez soi plutôt que de sortir, on reste dans un univers fermé. Le jeu vidéo peut être une part de la vie, mais il faut qu’il reste seulement une part parmi d’autres”, conclut Thierry Delcourt.