Le groupe de travail composé de représentants de la mairie de Reims et des forains s'est réuni pour la dernière fois le 8 février. La municipalité a conclu que l'installation de la Foire square Colbert était inenvisageable. Or, les forrains refusent de s'installer aux abords du Stade Delaune
Après des semaines de bras de fer, des opérations escargots, et plusieurs réunions de médiation entre la municipalité et les forrains, la ville de Reims maintient sa position : les fêtes forraines qui se déroulent chaque année au mois d'avril et de décembre n'auront plus lieu dans le centre-ville.
Pour les forrains, c'est "une immense déception et puis [on a] le sentiment d'avoir été floué après avoir eu des discussions jusque là qui étaient assez constructives. Etdu jour au lendemain, on nous dit non à tout et le projet est jeté à la poubelle" réagit Christophe Suchet, le porte-parole des forains de Reims.
C'est ici que la mairie de Reims propose aux forains de s'installer pour la Foire de Noël et des Rois, et la Foire de Pâques
La décision de la mairie a été communiquée vendredi, à l'issue d'une nouvelle réunion de concertation entre la mairie et les forrains.
En effet, depuis plusieurs semaines, une procédure de médiation, dans laquelle le préfet de la Marne est impliqué, avait été lancée. A l'origine du conflit : la néccessité de trouver un nouveau lieu pour poser les manèges, puisque les Hautes Promenades, où la fête s'installait jusqu'à présent, ne sera plus disponible, à la suite des travaux.
Le nouvel emplacement désigné par la municipalité, chaussée Bocquaine, ne convient pas aux forrains. Ils le jugent trop peu rentables. Fin novembre, ils avaient d'ailleurs organisé des opérations escargot pour manifester leur refus de s'installer.
Ces derniers demandaient à s'implanter sur les Basses promenades, au square Colbert. Proposition finalement rejettée donc.
Quatre raisons avancées par la mairie
Un groupe de travail, sur demande des représentants des forains, avait été créé le 5 décembre dernier. Finalement, après cinq réunions, le groupe de travail a établi que les forains ne pouvaient pas s'installer au niveau des basses promenades.En cause, les raisons suivantes :
- L'installation dès cette année était impossible à cause des délais, beaucoup trop courts selon la mairie. "Le site est classé, il faudra un an d'étude et un an de fouilles archéologiques, explique Charles Germain, adjoint à la municipalité de Reims. On est sûrs que la commission nationale se serait prononcée contre le projet."
- La commission nationale s'est prononcée contre l'installation sur les basses promenades en raison de "la dénaturation du site".
- Une étude financière estime le coût de l'opération à 2,8 millions d'euros pour les contribuables rémois.
- Citura a aussi émis un avis négatif, estimant que la proximité des installations de la Foire avec les voies de circulation pouvait entraîner un danger.
"Une fermeture d'usine"
Des arguments que réfutent les forains. "Concernant l'argent, je ne sais pas comment ils ont calculé les 2,8 millions d'euros, mais nous n'avons aucun coût d'infrastructure. On ne demande qu'à être relié à l'eau et à l'électricité. On paye nos emplacements, ils ne sont pas donnés.
"C'est une fermeture d'usine", assène Daniel Pourriez, président du syndicat autonome des forains de France.
On nous fout au chômage. Des familles ont besoin de vivre.
Selon la mairie, l'unique solution reste la chaussée Bocaine, près du stade Delaune. "C'est ce qu'on a trouvé de mieux et de plus proche", argue Charles Germain. Pour les forains, hors de questions de s'installer aussi loin du centre.
Et les jours de match ?
Autre problème, les forains craignent d'avoir à fermer les soirs de match du Stade de Reims. De son côté, la mairie assure qu'ils pourront rester ouvert.
Pour Romuald Lemaire, qui participait aux réunions de la ville de Reims pour réprésenter les forains, même si la fête foraine est ouverte ces soirs-là, il sera compliqué d'attirer des clients : "Les soirs de match, toutes les routes sont bloquées. Comment nos clients pourront-ils venir ? On ne va pas compter sur les supporters." Et d'ajouter :
Il va falloir rentrer en dialogue avec la ville de Reims, que chacun y mette du sien.
Quant à Daniel Pourriez, il reste dubitatif quant à l'impossibilité de trouver une autre alternative : "Il y a certainement une autre place. Laissons faire le préfet, il est le médiateur dans cette affaire."