Football. Le joueur Ngamukol porte plainte pour harcèlement contre son employeur, le stade de Reims

Après avoir été mis à l'écart par le Stade de Reims, l'attaquant Anatole Ngamukol a protesté contre la pratique, souvent utilisée par les clubs de football. Le Stade de Reims a décidé de le licencier. Anatole Ngamukol a porté plainte pour harcèlement, révèle Mediapart.
 

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C'est une pratique courante, mais il a décidé de ne pas en rester là. A la fin de la saison 2017-2018, alors que le Stade de Reims monte en Ligue 1, le club décide de mettre de côté son attaquant Anatole Ngamukol. Le joueur a participé à l'ascension des Rémois et y avait commencé sa carrière en 2007. La mise à l'écart n'a pas plu au footballeur, qui a décidé de protester. La réponse du club ne se fait pas attendre, il décide de licencier Ngamukol pour faute grave. Mais le joueur ne veut pas se laisser faire et porte plainte, révèlent nos confrères de Mediapart

Anatole Ngamukol nous a accordé un entretien ce jeudi 27 décembre. 
  
Ecarter un joueur est une pratique courante dans le football professionnel. Une fois la fin de saison arrivée, les clubs décident d'écarter certains joueurs, de les laisser s'entraîner à l'écart du groupe. Exactement ce qui est arrivé à Ngamukol, à la fin de la saison 2017-2018, qui raconte : "Le président de Reims, Jean-Pierre Caillot, m’a annoncé en mai que je ne jouerai aucun match, aucune minute, et m’a demandé d’aller voir ailleurs." Cette fois, le syndicat des joueurs de football professionnels, l'UNFP, appuie Anatole Ngamukol, avançant que le "football est un no man's land juridique : ça ne peut plus durer"
 

"Dans le foot, on lave son linge sale en famille"

Seulement, le joueur est lié au club champenois jusqu'en 2019, et rien ne l'oblige à partir. C'est pourquoi le club a essayé de le dissuader de rester. Toujours selon Mediapart, une trentaine de joueurs français seraient dans ce cas. "Mais généralement, ils s'en satisfont. Ils préfèrent ne rien dire et attendre. Quand la ligue est saisie, elle intervient, elle demande, certes, aux clubs de réintégrer les joueurs. Mais les amendes son si faibles que les clubs s'en fichent", explique Philippe Piat, le président de l'UNFP, à Mediapart.

Dans le cas présent, Ngamukol a décidé de ne pas se laisser faire et de traîner le Stade de Reims devant les tribunaux, se considérant victime de harcèlement. Un constat partagé par le président du syndicat, qui, toujours à Mediapart, explique :

C’est comme si une entreprise mettait une secrétaire dans un bureau toute seule, à faire des mots croisés.
Philippe Piat, le président de l'UNFP, à Mediapart.

"Cela relève du harcèlement, et c’est fait pour réprimer la désobéissance d’un joueur qui ne veut pas, selon les cas, soit s’en aller, soit prolonger son contrat."

L'avocate du joueur, Delphine Meillet, renchérit : "Ce sont des comportement qui sortent du cadre légal. Ils se sentent protégés par le milieu du football dans lequel ça ne se fait pas de saisir la justice. On lave son linge sale en famille."

L'enquête de Mediapart relate d'autres litiges entre le joueur et son club. Le Stade de Reims avance qu'il aurait reçu des menaces de la part de la famille du joueur, raison pour laquelle le club a mis en oeuvre une rupture anticipée du contrat pour faute grave. Accusations que démentent le joueur et la famille, qui ont enregistré la conversation téléphonique en question. Le journaliste qui a pris connaissance de cet enregistrement assure "qu'on n'y entend rien de tel"

Le club, en la personne de son directeur général, Mathieu Lacour, se justifie : "Les moments menaçants ont été coupés. On comptait réintégrer le joueur au groupe professionnel au mois de novembre, mais vu le comportement de son frère, qu’il a cautionné, on a décidé de se séparer de lui pour faute grave."

Me Meillet conteste, catégorique : "Quand on écoute les enregistrements, on comprend qu'on a l'intégralité de l'échange et qu'il n'y a aucune menace."

Après une première décision de la Ligue, la rupture de contrat a été entérinée. Mais Ngamukol est déterminé. Il ne souhaite pas en rester là et a fait appel de la décision. Son sort reste désormais dans les mains de la commission paritaire d'appel de la LFP en début d'année 2019.

Pour retrouver l'enquête dans son intégralité, retrouvez-la sur ce lien (article payant) : www.mediapart.fr


 
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