Pierre Antoine Roussel a commencé à piloter des montgolfières à l’âge de 12 ans. Aujourd’hui, il prépare pour la deuxième fois le Mondial Air Ballons de Chambley (Meurthe-et-Moselle) qui débute le 26 juillet. Une passion familiale.
"Il a commencé sur les genoux de son grand-père", se souvient Martine. Pierre-Antoine Roussel est aéronaute - pilote de montgolfière – et chez lui, le ballon c’est une histoire de famille. Il a appris à voler à l’âge de 8 ans auprès de son grand-père Alain, lui-même aéronaute. Sa grand-mère Martine se rappelle encore de lui, tout petit, trainant dans la nacelle du ballon. A présent, jeune étudiant de 22 ans, il est en pleine préparation du Mondial Air Ballon de Chambley en Meurthe-et-Moselle, dont il a été lauréat en 2017. Cet événement a lieu tous les deux ans et rassemble en moyenne 400.000 visiteurs et 3.000 pilotes et équipiers du monde entier. L'édition 2019 aura lieu du 26 juillet au 4 août.
Calme, droit, organisé, Pierre-Antoine a toutes les qualités d’un aéronaute. Il faut dire que, pour piloter un tel engin, mieux vaut savoir garder son sang-froid. "Un jour, il y avait beaucoup de vent mais Pierre-Antoine avait quand même décidé d’aller voler, se souvient sa grand-mère. Un moment, il a frôlé le toit d’une maison de très près. Moi j’étais en dessous et je n’étais vraiment pas rassurée. Mais il m’a demandé si je voulais qu’il me donne le code barre de l’antenne. Je me suis dit bon, ça va, il est zen." (rires)
Mais Pierre est une force tranquille : c'est quand il arrive en concours que son âme de compétiteur se manifeste. "Sur place, il est hargneux", affirme sa grand-mère. Il espère d’ailleurs remporter une nouvelle fois le concours du rassemblement de Chambley. Très professionnel, il sait exactement où il va et aime être aux commandes. D’ailleurs, être formateur lui paraît pour le moment inenvisageable. Son frère Hugo confirme: "Il n’aime pas laisser les manettes aux autres". Aux nouvelles technologies, Pierre-Antoine préfère sa carte et sa boussole et c’est peut-être là son petit secret pour gagner.
Certains sont perdus sans leurs tablettes. Au début, ils sont dans les premiers et après ils perdent, moi je préfère faire sans.
- Pierre-Antoine, aéronaute marnais.
Apprendre très jeune aux côtés de son grand-père lui a permis de savoir piloter dès l’âge de 12 ans. En temps normal, il faut avoir 15 ans pour commencer à apprendre. Et pourtant ce n’était pas gagné. "Quand il était petit, il ne voulait pas voler, raconte Alain. Et puis un jour, vers l’âge de 8 ans, il y est allé et ça a été le déclic." Depuis il n’a jamais pensé à arrêter.
Une histoire de famille
Pour le commun des mortels, la montgolfière est une activité insolite. Pour Colette, sa tante, "c’était logique" que Pierre-Antoine apprenne à piloter puisque le quotidien de la famille est rythmé par le ballon depuis deux générations. Martine et Alain y conscraient la majeure partie de leur temps. "D’abord, c’était les week-ends, puis le lundi, puis tous les autres jours de la semaine", rit l’homme de 73 ans. Et en plus d’être instructeur, Alain participait, en tant que pilote, à des tournages de films, comme le Peuple migrateur.Pierre-Antoine est bien parti pour suivre les pas de ses grands-parents : difficile de passer une journée sans se rapprocher un peu des nuages. Chaque soir, quand le temps le permet, il part pour une heure de vol. Mais qui dit une heure de vol dit plusieurs heures de préparation. Ainsi, de 18 h à 22 h, tout est cadré autour de la montgolfière. Si le jeune homme arrive à concilier ses études, son travail et sa vie personnelle, c’est parce qu’il a toute une équipe derrière lui. Des petites mains bienveillantes qui l’aident à mener à bien ses entrainements quotidiens : ses grands-parents, sa petite-ami Mathilde, son frère,etc. Même sa petite cousine Lilou, 6 ans, vient parfois mettre sa main à la pâte. "C’est son idole", glisse sa grand-mère. Certains soirs, Pierre-Antoine n’a plus qu’à sortir du travail et à monter dans le ballon. Tout a été préparé en amont.
Dès le réveil, il faut regarder la météo, et ce, toutes les heures jusqu’au décollage le soir. Martine consulte ainsi six sites de météo pour ensuite recouper les informations. Pendant que la montgolfière est en l’air, il faut aussi qu’une personne la suive en voiture pour rejoindre le pilote, qui n'atterrit jamais sur le lieu du départ. C’est ce qu’on appelle le retrouving. Tous les soirs, c’est Martine qui se charge de cette tâche. Elle s’amuse : "C’est une chasse au ballon, il ne faut pas le perdre de vue." Elle est maintenant accompagnée par Mathilde. "Je suis tombée dedans", explique cette dernière avec le sourire. Elle admet que cela prend beaucoup de place, mais n’y voit aucun inconvénient, bien au contraire : "Avant de rencontrer Pierre, c’était un rêve de pouvoir un jour monter dans une montgolfière."
Une passion chronophage
Mais l’entraînement ne suffit pas. Piloter une montgolfière exige de respecter des règles très strictes : déclaration de l’exploitation auprès de l’aviation civile, déclaration des plateformes de décollage en préfecture, etc. Cela exige aussi un coût : 3.000 euros de frais fixes par an. En effet, il faut payer le contrôle annuel (sorte de contrôle technique), l’assurance et le gaz. Quant au ballon, qui a coûté 40.000 euros, Pierre-Antoine l'a acquis grâce à son sponsor, la coopérative agricole Vivescia.Pour amortir ces frais, la société de montgolfière de Pierre Antoine (qui appartint à ses grands-parents) s’est associée au site Internet d'activités sportives "Sport découverte" et propose des vols payants. Un vol qui revient à 230 euros pour le particulier. Il ne faut pas non plus oublier l’usure du ballon qui doit être remplacé au bout de 500 heures de vol.
Est-ce que ça prend du temps ?
"C’est énorme", répond Martine sans hésitation. Il ne faut pas compter ses heures.". Mais elle le fait avec passion. "C’est du bénévolat sympa", résume-t-elle. Le petit frère de Pierre-Antoine, Hugo, est lui aussi pilote mais n’a pas pu profiter de la formation de son grand-père qui n’était plus instructeur. Il souhaite suivre les pas de son frère et qui sait, peut-être acquérir le même niveau. "Ce que j’aimerais, c’est pouvoir battre mon frère, plaisante-t-il. Mais ça risque d’être compliqué!"