Plus de 10 000 manifestants selon les syndicats et 7 500 selon la police se sont réunis ce mardi 7 mars à Reims pour manifester contre la réforme des retraites. Témoignages de manifestants, prêts à se mobiliser longtemps.
"Les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère, de cette société-là, on n'en veut pas..." Le mégaphone résonne boulevard de la Paix à Reims (Marne). Le cortège s'élance à peine ce mardi 7 mars sur les boulevards de la 12e ville de France. Il a débuté à 10 heures. Dans les allées, juste devant la maison des syndicats, le rendez-vous traditionnel des manifestations rémoises, des manifestants de tous les âges.
Ils sont venus défiler en nombre, dans les rues de Reims. La mobilisation est bien plus forte ce mardi : le 16 février dernier, les organisateurs indiquaient que 2 500 personnes étaient dans les rues, quand la police en recensait quasiment deux fois moins. Tous comptent rester mobilisés, le temps qu'il faudra.
Un mécontentement depuis plusieurs semaines
Isabelle a 50 ans. Cette vendeuse à Reims a 2 enfants. Elle a déjà participé à plusieurs manifestations. "Je vais être concernée par la réforme et devoir faire plusieurs années de plus au travail, dans un métier fatiguant avec des horaires contraignants. On est encore sacrifiées, nous les femmes, qui ont eu des enfants. Je ne suis pas d‘accord avec cette réforme. je suis prête à aller au bout de la révolte. Je suis venue à chaque manif, je veux montrer mon mécontentement, j’en ai ras le bol", explique-t-elle.
Cette mère de famille s'estime délaissée : "Je suis là pour montrer que les Français ne sont pas contents et qu’on veut être écoutés. Les Français, aussi avec l’inflation, sont à bout. Il ne faut pas se faire avoir, car si la réforme passe, on ne pourra pas revenir en arrière. Je suis pour continuer le mouvement, encore trois, quatre manifs c’est sûr. Le but est de bloquer la France. Malheureusement. Que personne n’aille travailler. On va voir ce que ça va donner. Les gens vont dire leur mécontentement".
Manifester plusieurs mois s'il le faut
Un peu plus loin dans la manifestation, il y a Sébastien Faillot, délégué syndical Solidaires à la CITURA. L'employé de 50 ans travaille dans les transports urbains rémois. Il est prêt à faire grève plusieurs jours : "Aujourd’hui, demain, on verra. C’est compliqué de le dire aujourd'hui, je suis syndiqué depuis 20 ans, on ira au bout, pour le retrait de cette réforme. Il faut se battre et être nombreux dans la rue. C’est la 6e journée de manifestation, il faut continuer à se mobiliser face à une réforme injuste. On ne peut pas perdre deux ans de sa vie pour des clopinettes. Continuons jusqu’au bout. Au quotidien, on le voit, les conditions de travail sont dures, travailler plus dans ces conditions, ça va être compliqué. On se trompe sur l’emploi des seniors. Bien souvent, il y en a au chômage ou en maladie".
Les professions de santé sont aussi présentes, ce 7 mars. Bastien, 32 ans, défile avec ses collègues. Cet habitant de Reims est salarié de l’EPSM de Châlons en Champagne, un établissement de soin chargé de la santé mentale. "Je suis prêt à faire grève autant qu’il le faudra. Les conditions de travail sont pénibles aujourd’hui, alors si en plus il faut travailler plus longtemps c’est pénible. Trois mois, six mois, on manifestera autant qu'il le faudra. Il faut que Macron change d’avis, voit que les gens de tous les âges manifestent. Il faut éviter que ce mouvement perdure. On veut une retraite digne, à un âge digne. On ne prend pas en considération la pénibilité des métiers. Les gens qui font des études longues sont encore plus impactés. Nous à l’hôpital, il faut bien comprendre que c’est très pénible", clame-t-il.
Les jeunes, prêts à tenir dans la durée
Qu’ils soient étudiants ou encore lycéens, les jeunes ont ouvert le cortège. C’est notamment le cas d’Adrien, 23 ans. Il est étudiant en histoire à Reims et militant du Nouveau parti anticapitaliste. Ce rémois indique avoir travaillé avant ses études, histoire de pouvoir "tenir le coup suffisamment", durant son parcours scolaire.
Être dans le cortège aujourd’hui, c’est une nécessité selon lui : "C’est quelque chose qui me concerne directement, parce que dans deux ans, je travaille. Une de nos revendications à part le retrait de la réforme, c’est l’amélioration du système de retraites actuel. Quand le gouvernement nous parle de déficit de 12 milliards, nous, notre réponse, ça va être sur l’augmentation des salaires, l’indexation sur les prix".
L’étudiant est déterminé : "Je suis prêt à me mobiliser jusqu’au retrait. Il faut absolument que les directions syndicales mettent en place une grève reconductible, jusqu’au retrait de la réforme. Nous, pour le moment à la fac, on organise des assemblées générales pour justement décider de la suite : des occupations d’amphis, des blocus, mais ça c’est le genre de choses qu’on discute entre nous en assemblée générale".
Même conviction pour Elise, 15 ans. Cette lycéenne à Reims en classe de seconde est inquiète pour son avenir : "Je ne travaille pas encore, mais ça nous concerne vu qu’on sera les premiers touchés. Si cette réforme passe, d’autres suivront". Elle se déclare "prête à prendre part à une grève générale, faire du collage d’affiches et à manifester dans la rue".
La CGT évoque une mobilisation "deux fois plus importante", qu’au cours des dernières journées d’action. Les syndicats doivent décider rapidement d’une grève reconductible, dans les différents secteurs économiques.