Ce 11 juin, Eric Ciotti, le président des Républicains, a appelé à une entente électorale avec le RN avant les élections législatives du 30 juin et 7 juillet. La tension monte au sein du parti gaulliste, et les élus de Champagne-Ardenne montent tous au créneau.
Deux jours après le séisme politique que constitue la dissolution de l'Assemblée nationale suite au raz de marée du Rassemblement national aux élections européennes, les secousses collatérales se poursuivent.
Dans la perspective des élections législatives du 30 juin et 7 juillet, le président des Républicains Eric Ciotti a annoncé ce mardi 11 juin une alliance avec le parti d'extrême droite. Depuis le début de l'après-midi, les réactions se multiplient au sein du parti gaulliste, dénonçant "une trahison" de son leader.
Des appels à la démission d'Eric Ciotti
C'est le même constat en Champagne-Ardenne, où les élus (députés, anciens députés, sénateurs, élus municipaux) et les apparentés LR s'indignent de cet accord électoral. François Cornut-Gentille, ancien député de Haute-Marne (1993-2022) affirme qu'Eric Ciotti "exprime des convictions personnelles", déplorant "un coup de force". "On voit qu'il est seul" poursuit-il, affirmant "qu'il se voit ministre de l'Intérieur de [Jordan] Bardella".
Une opinion que partage aussi Valérie Bazin-Malgras. La vice-présidente des Républicains et députée de l'Aube dénonce une décision "extrêmement personnelle", affirmant qu'elle n'a pas été concertée. "C'est assez exceptionnel. On est six vice-présidents. La moindre des choses, c'était quand même de nous en parler" blâme-t-elle, alors même qu'une "réunion de groupe a eu lieu hier en visioconférence, et que personne n'a été informé". "Nous sommes républicains, gaulliste, de droite, bien campés sur nos positions, et rien ne nous fera vaciller", ajoutant également qu'il n'y a "aucune compromission, ni avec Le Pen, ni avec Macron".
L'élue originaire de Romilly-sur-Seine va même plus loin et demande la démission pure et simple d'Eric Ciotti. "Il n'a plus rien à faire chez nous. Il nous a trahi, sans même nous en parler, sans même avoir le courage de nous affronter [...] Heureusement, Jacques Chirac ne verra pas ça". La candidate affirme même qu'elle fera campagne "sans étiquette" tant qu'Eric Ciotti n'aura pas démissionné du parti, et va ainsi retirer la mention "LR" de ses affiches dans la perspective des législatives.
Dans les Ardennes cette fois, la patronne des Républicains Else Joseph, elle aussi est montée au créneau. "Ce n’est pas parce que l’on a peur de perdre qu’il faut se vendre" écrit-elle dans un communiqué. "La décision prise aujourd’hui par Éric Ciotti a été faite unilatéralement et sans aucune concertation avec les instances du parti Les Républicains. Elle n’engage pas ses cadres et ses adhérents. Elle trahit autant le fonctionnement que les convictions profondes de ma famille politique. Je me désolidarise de cette décision" gronde-t-elle. Une déclaration partagée par tous les sénateurs LR, regroupés autour du président du Sénat, Gérard Larcher.
Ce n’est pas parce que l’on a peur de perdre qu’il faut se vendre
Else Joseph, sénatrice LR dans les Ardennes
Maintenir l'indépendance du parti
Les élus, les anciens élus, mais aussi les apparentés LR : tous rejettent cet accord électoral entre le Rassemblement national et les Républicains. À l'instar de Pierre Cordier, député DVD (divers droite) des Ardennes, qui met en avant son "autonomie depuis 2017". Par conséquent, il ne se "réfère à aucune alliance des LR, qu'elle soit avec les macronistes ou avec le RN". "Je fais campagne sur la deuxième circonscription des Ardennes en tant que représentant d’une droite gaulliste et Républicaine" conclut-il.
Même son de cloche chez les élus départementaux, à l'instar de Nicolas Lacroix, président du conseil départemental de Haute-Marne. "Je désapprouve totalement. D'ailleurs, tous les ténors ont désapprouvé" proteste-t-il. "J’ai fait de la politique avec Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui ont toujours été hermétiques au RN" ajoutant qu'il demande l'exclusion du président des Républicains, et qu'il se met "en congé du parti".
D'autres élus, comme Stéphane Lang, adjoint LR à la mairie de Reims, souhaite maintenir l'indépendance du parti de droite. "Je ne soutiens aucun accord avec la Macronie ou avec le Rassemblement national" fustige-t-il, profitant de cet échange pour rappeler sa "fidélité au gaullisme". "J'ai commencé avec Jacques Chirac, puis j'ai travaillé avec Jean Falala, l'ancien maire de Reims. Je reste droit dans mes bottes, je reste républicain et je partage donc la position de Laurent Wauquiez et de François-Xavier Bellamy", avant de tempérer sur l'exclusion d'Eric Ciotti. "Je n'y suis pas favorable".
Il n'a plus rien à faire chez nous. Il nous a trahi, sans même nous en parler, sans même avoir le courage de nous affronter
Valérie Bazin-Malgras, vice-présidente du parti Les Républicains
Enfin - et c'est dire à quel point les élus de la région sont remontés -, le maire de Charleville Mézières, Boris Ravignon, a annoncé quitter le parti Les Républicains ce mardi 11 juin en fin d'après-midi.