"En juin 1940, Eric Ciotti n'aurait jamais traversé la Manche" : les réactions indignées s'accumulent après l'annonce d'une alliance LR-RN

Eric Ciotti, président du parti Les Républicains, a annoncé mardi 11 juin que la droite avait "besoin d'une alliance" pour les législatives du 30 juin avec le Rassemblement national. La déclaration suscite la colère de plusieurs cadres LR.

Le patron de LR Eric Ciotti a provoqué, mardi 11 juin, un coup de théâtre en annonçant que la droite avait "besoin d'une alliance" avec le Rassemblement national pour les législatives du 30 juin, un accord inédit avec l'extrême droite rejeté immédiatement par de nombreux dirigeants de son parti.

"Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes, (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats", a affirmé M. Ciotti, précisant avoir eu des discussions avec Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Si l'accord se concrétise, ce sera le premier de ce genre en France entre la droite et l'extrême droite.

"Une trahison" pour Xavier Bertrand

Invité dans le JT du 20h de TF1, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand parle "d'une trahison". "En passant cet accord, il a fait le choix de la collaboration, c'est misérable, c'est indigne (...) le cynisme le plus complet en politique", fustige-t-il.

Il réclame l'exclusion du patron des LR et de tout candidat qui scellerait un accord avec le parti de Jordan Bardella. Et pour "clarifier" la position du parti, Xavier Bertrand propose un vote de l'ensemble des militants LR "pour dire s'ils approuvent ou non le choix de cet accord avec le Rassemblement national".

Des cadres LR appellent à la démission d'Eric Ciotti

Dès l'annonce d'Eric Ciotti, le député LR de la deuxième circonscription de l'Aisne Julien Dive affiche sa consternation sur X dans un tweet comparant la situation actuelle avec la France de 1940 : "Nous savons désormais qu’en juin 1940, Eric Ciotti n’aurait jamais traversé la Manche."

Son confrère de la 7e circonscription du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, fustige la "compromission" de ceux "prêts à tout pour sauver leurs indemnités".

Joint par téléphone, le député LR de la cinquième circonscription de l'Oise Pierre Vatin se dit "catastrophé" : "Cette prise de position très sensorielle a été faite sans concertation ni avec les élus, ni les militants. Mes convictions ne sont pas à cet endroit-là. Je ne me sens pas en phase avec le RN, ça n'a jamais été ma famille politique. Je considère qu'Eric Ciotti devrait partir de lui-même puisqu'il n'est pas soutenu ni par les sénateurs, ni par la majorité des députés LR sortants."

Il s'exprime pour lui, pour son petit siège.

Pascale Gruny, sénatrice LR de l'Aisne et vice-présidente du parti

La sénatrice de l'Aisne et vice-présidente du parti, Pascale Gruny, nous fait part de sa "sidération". Très en colère, elle révèle avoir envoyé un SMS à Eric Ciotti : "Je lui ai écrit que s'il avait encore un peu d'honneur, il devrait démissionner. Il a pris sa décision seul. Il aurait dû faire un bureau politique. Il s'exprime pour lui, pour son petit siège".

Alors que le groupe LR au Sénat avait voté "à l'unanimité" contre toute alliance avec le RN et Renaissance, Eric Ciotti "a écrasé les sénateurs" lors de sa prise de parole, s'indigne Pascale Gruny qui révèle à France 3 Picardie que certains sénateurs LR veulent quitter le parti. 

En désaccord total avec la position défendue par Éric Ciotti, je décide de quitter Les Républicains.

Antoine Lefèvre, sénateur LR de l'Aisne

C'est notamment le cas du sénateur de l'Aisne Antoine Lefèvre. Dans un communiqué, l'ancien maire de Laon rappelle avoir "choisi de rejoindre l’UMP, par adhésion à la volonté du Président Jacques Chirac de rassembler la droite et le centre face aux dangers des extrêmes. Je reste encore aujourd’hui animé par cette même volonté. En désaccord total avec la position défendue par Éric Ciotti, je décide de quitter Les Républicains".

Sur X, le conseiller régional LR des Hauts-de-France Sébastien Huyghe dénonce une "ignominie" et en appelle à la mémoire des anciens présidents de la République de droite : "J’estime qu’il ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président des Républicains".

Nous défendrons une ligne d’indépendance des LR en mettant, avec nos alliés de l’UDI et du Nouveau Centre, des candidats dans toutes les circonscriptions du Pas-de-Calais face à la NUPES et au RN.

Fédération LR du Pas-de-Calais

À l'instar des sénateurs, les militants du Pas-de-Calais refusent toute alliance avec le Rassemblement national. Dans un communiqué, le président de la fédération LR du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle, assure que "le bureau de la fédération LR du Pas-de-Calais réuni [mardi] a décidé, à l’unanimité, que les LR62 n’adhèrent pas à l’annonce d’Eric Ciotti d’une alliance avec le RN. Le repli sur soi, qu’il soit d’extrême gauche ou d’extrême droite, ne peut que conduire le pays à la ruine. Plus que jamais, nous défendrons une ligne d’indépendance des LR en mettant, avec nos alliés de l’UDI et du Nouveau Centre, des candidats dans toutes les circonscriptions du Pas-de-Calais face à la NUPES et au RN". 

Gérard Larcher opposé à un accord avec le RN

Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, qui s'est toujours opposé à un accord avec l'extrême droite, a assuré qu'il "n'avalisera jamais un accord avec le RN", en s'exprimant devant les sénateurs LR. Gérard Larcher a appelé Eric Ciotti à démissionner de la présidence du parti.

Fin de non-recevoir : "Mon mandat, seuls les militants pourront me l'enlever", a prévenu le président des Républicains, Eric Ciotti, devant le siège de LR ce mardi.

Philippe Marini ne condamne pas explicitement

Joint par téléphone, Philippe Marini nous répond en "simple adhérent". Contrairement à Gérard Larcher et Julien Dive, le maire de Compiègne et ancien sénateur LR n'affiche pas de réaction virulente à la décision d'Eric Ciotti.

Il reconnaît toutefois à demi-mot une erreur stratégique : "Il y a suffisamment de désordre pour apporter du désordre au désordre. On aurait pu se limiter à négocier circonscription par circonscription en fonction des situations locales et des personnes, plutôt que d'annoncer un accord de manière brutale".

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