Avec l'ancrage de plus en plus fort de l’extrême-droite, Pierre-Henri Dumont, Benjamin Saint-Huile et Violette Spillebout, trois députés du Nord Pas-de-Calais, reviennent sur leurs craintes et leurs certitudes à l’approche des élections législatives.
Avec 42,4% des voix pour la liste RN de Jordan Bardella dans les Hauts-de-France et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron, les députés du Nord et du Pas-de-Calais ont-ils des inquiétudes à avoir pour leurs sièges à l’Assemblée nationale ? À moins de trois semaines des élections législatives, trois élus sortants nous répondent.
“Je suis en train de consulter les maires de la circonscription qui m’ont soutenu lors des dernières élections en 2022”, glisse Pierre-Henri Dumont, député Les Républicains de la 7ème circonscription du Pas-de-Calais. Si la décision de se représenter à sa propre succession n’est pas encore arrêtée, l’élu sortant a commencé à tâter le terrain au niveau local.
L’importance du soutien des maires
“J’espère avoir le soutien d’un maximum de maires. J’en ai eu une dizaine au téléphone, j’en ai vu certains. Comme ceux de Calais ou Marck, par exemple”, explique-t-il. Bilan de ces premiers contacts établis ? ”Aujourd’hui, je me sens plus soutenu que jamais.”
Pierre-Henri Dumont affiche ainsi une certaine confiance. “La réalité c'est que le RN a toujours fait des gros scores dans les élections intermédiaires et a, par la suite, perdu dans les grosses élections”, analyse le secrétaire général adjoint LR.
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La réalité c'est que le RN a toujours fait des gros scores dans les élections intermédiaires et a, par la suite, perdu dans les grosses élections.
Pierre-Henri Dumontdéputé Les Républicains de la 7ème circonscription du Pas-de-Calais
S’il reconnaît que l’extrême droite a toujours fortement séduit dans la circonscription, il n’oublie pas les scrutins précédents. “Souvenez-vous des élections régionales en 2015 : le RN fait plus de 15%. Pourtant, deux ans après, je gagne la circonscription”, rappelle le député sortant. “Pareil, aux présidentielles, Marine Le Pen gagne. Mais je remporte quand même largement la circonscription en 2022.”
Pierre-Henri Dumont pointe ainsi “une différence entre les scrutins”. “Et c’est ce qu’on va prouver si je me présente dans les trois semaines”, assène-t-il.
Être au contact des électeurs
Pour Benjamin Saint-Huile, député de la 3ème circonscription du Nord, la décision de se représenter va de soi. “Je serai candidat, naturellement”, assure-t-il d’emblée. Quid des soutiens locaux ? L’élu affirme avoir eu “beaucoup de soutien des maires en 2022” et “ne pas avoir le sentiment d’avoir failli dans [son] travail depuis”. Pas de raison, donc, de douter de sa candidature.
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Pourtant, la bataille contre le Rassemblement National ne semble pas gagnée d’avance à ses yeux : “L'extrême droite a toujours fait des scores très importants dans notre territoire”, concède-t-il, sans pour autant courber l’échine. “C’est le moment de partir en campagne pour montrer qu’il existe un choix entre un vote de colère pour les Français et une proposition constructive.”
Le vrai sujet pour nous c’est d'être capable de montrer qu’on porte la voix des gens d’ici, du territoire, construire une perspective qui répond aux problématiques des gens.
Benjamin Saint-Huiledéputé (sans étiquette) de la 3ème circonscription du Nord
Plus encore que sur le soutien des maires, l’élu sans étiquette compte sur ses qualités de représentant de la République pour convaincre les électeurs. “Le vrai sujet pour nous c’est d'être capable de montrer qu’on porte la voix des gens d’ici, du territoire, construire une perspective qui répond aux problématiques des gens”, explique Benjamin Saint-Huile. Il entend “démontrer qu'on peut être en dehors des clivages politiques traditionnels et être présent au contact des gens”.
Des alliances nécessaires
Pour Violette Spillebout, député Renaissance de la 9ème circonscription du Nord, le travail de proximité est également une priorité. “Dès ce soir, je serai sur le terrain pour être présente sur toutes les villes de ma circonscription, faire du porte-à-porte et convaincre les habitants du moment de responsabilité qu’ils ont”, explique-t-elle.
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Pas de temps à perdre pour l’élue sortante du parti présidentielle : “on repart immédiatement en campagne”. Formalités administratives, dépôt de candidature en fin de semaine, préparation de tracts… Son équipe est en ordre de bataille.
On a des discussions, on essaie de n’avoir qu’une seule candidature, dans un maximum de circonscriptions du Nord.
Violette Spilleboutdéputée Renaissance de la 9ème circonscription du Nord
Elle se dit “prête à se soumettre au suffrage universel” et inquiète “pour les Français” plutôt que pour son siège à l’Assemblée Nationale. “La démocratie est menacée. Je comprends la colère des électeurs du Rassemblement National”, déplore-t-elle. “Mais je pense qu’un RN au pouvoir montrera la restriction de liberté, la montée des restrictions, le programme économique intenable…”
Violette Spillebout affirme travailler à un rassemblement, pour “faire face aux extrêmes, à droite comme à gauche”. “On a des discussions, on essaie de n’avoir qu’une seule candidature, dans un maximum de circonscriptions du Nord”, précise-t-elle. Plus question aujourd’hui de se laisser diviser par le clivage droite-gauche. “Il n’y a pas de règle, on n’est plus sur des étiquettes mais sur : qui est le meilleur candidat pour gagner une circonscription ? On est rassemblés dans les valeurs de la République.”