En juillet 2019, un entrepreneur rémois avait aidé puis alerté les médias sur la situation dramatique d'une personne en fauteuil roulant qui avait dû passer la nuit dehors, à cause d'une panne d'ascenceur dans un logement social. Depuis, l'organisme HLM ne fait plus appel à ses services.
"Je suis scandalisé." Ce vendredi 20 septembre, Henri Baetche ne cache pas sa colère. Cet entrepreneur de 74 ans, spécialisé dans l'installation des éclairages LED avec détection, estime être victime d'une mesure de représailles de l'organisme HLM Plurial Novillia. "J'ai été puni, c'est inadmissible."L'histoire débute le jeudi 18 juillet 2019. Alors qu'il doit intervenir dans un bâtiment du quartier Châtillons, Henri Baetche est interpellé par un homme en fauteuil roulant, David Totaro. Celui-ci, est bloqué depuis la veille au pied de l'immeuble. L'ascenseur est tombé en panne, alors qu'il était sorti acheter des médicaments pour sa mère, elle aussi en fauteuil roulant. Lorsqu'il demande l'aide de l'entrepreneur, David Totaro vient de passer la nuit dans sa voiture, faute d'une intervention sur l'ascenseur.
"Je me suis dit, ça n'est pas possible", se souvient Henri Baetche. Avec l'aide d'un employé, il aide l'homme à retrouver l'appartement de sa mère, puis il alerte les médias. En effet, le problème était récurrent, et le logement n'était pas adapté à la situation de M. Totaro et de sa mère. Henri Baetche témoigne alors ouvertement.
Plus aucun appel
Depuis, selon l'entrepreneur, l'organisme HLM inculpé, Plurial Novilia, n'a plus fait appel à lui pour aucun chantier. Il estime avoir été "blacklisté". "Tout de suite après l'article, j'ai senti, je me disais que c'était bizarre, j'avais des choses à faire pendant l'été, et là il n'y avait plus rien à faire", raconte-t-il. Il remarque une différence, mais ne s'inquiète pas outre mesure. Jusqu'au jour où deux entrepreneurs du même secteur lui annoncent une étrange nouvelle : "Ils m'ont dit en rigolant on va gagner plus d'argent maintenant, parce qu'ils t'ont dégagé après l'article."Henri Baetche le reconnaît, aucun contrat ne le liait particulièrement à l'organisme HLM. Mais depuis quatre ans environ, il "avait régulièrement des bâtiments à faire". Depuis janvier 2016, l'électricien avait effectué 119 chantiers pour Plurial Novilia. "On a des chantiers qui sont prévus de longue date, explique-t-il. Bon, ce sont des chantiers pour lesquels on a juste fait des devis, mais d'habitude, on sait que si on a fait le devis, on va forcément recevoir l'ordre de service. Et là, on ne reçoit plus rien." Depuis les événements de juillet, il n'a plus reçu aucun message de Plurial Novilia.
En anticipation de ces chantiers, Henri Baetche avait provisionné ces stocks. "Maintenant, j'en fais quoi?, demande-t-il. Moi, j'ai payé le stock." Mais, il tient à le préciser, "ça n'est pas une histoire d'argent". Visiblement ému, l'entrepreneur le répète plusieurs fois "ça n'est pas du financier dont il faut parler. Le problème, c'est qu'on punisse les gens parce qu'ils ont fait leur devoir civique".
L'homme qui a dû passer la nuit dehors, mal relogé selon l'électricien
D'ailleurs, monsieur Totaro ne cesse de revenir dans les propos de l'entrepreneur. "Pour moi, l'essentiel, c'est qu'ils le relogent", affirme-t-il. Henri Baetche prend régulièrement de ses nouvelles. "Je l'appelle pour savoir si ça va, si sa maman va bien", confie-t-il.Monsieur Totaro est dans un logement plus petit, pas du tout adapté au handicap, avec une cabine de douche et des toilettes pas faites pour les handicapés. Ils sont à 100 lieues d'un commerce.
- Henri Baetche, entrepreneur rémois
Depuis le mois de Juillet, un autre logement a été proposé à la mère de M. Totaro, dans le quartier des Epinettes. Mais là aussi, la situation suscite la colère de l'électricien. "Là où ils l'ont mis, ils l'ont puni, estime-t-il. "Il aurait dû se taire et dormir dehors sans se plaindre." L'électricien l'affirme, il compte continuer à parler de cette affaire, tant que M. Totaro ne sera pas relogé dans un appartement adapté, et dans le quartier où il vivait avant. "J'ai 74 ans et j'en ai vu d'autres, mais c'est la première fois que je vois la méchanceté des gens comme ça."
La réponse de Plurial Novilia
Contacté par notre rédaction, l'organisme de logements sociaux nous a envoyé le message suivant :"Plurial Novilia indique que :
- Il n'y a simplement pas de besoins identifiés en matière de travaux actuellement.
- Il n'y a pas de relation contractuelle avec le prestataire, qui intervient de manière ponctuelle sur des travaux spécifiques.
- En cas d’opportunité, Plurial Novilia se donne la possibilité de faire appel à ses compétences, comme pour l’ensemble des autres prestataires."