A la suite de la panne d'ascenseur en juillet dernier qui avait contraint David Totaro à dormir dans sa voiture, le collectif Plus sans ascenseur est venu présenter un dispositif expérimental qui permettrait de pallier ces déconvenues. Explications.
"Je ne les ai jamais montés aussi facilement." David Totaro affiche un grand sourire. Grâce à un système de diable électrique monte-escalier, il peut enfin gravir sans effort les marches qui le mènent à l'ancien appartement de sa mère, dans le quartier des Châtillons, à Reims. Si la séance d'essai ce vendredi 6 septembre est improvisée, elle a convaincu le Rémois en fauteuil roulant. "Au début, ça surprend un peu, mais une fois qu'on a pris le pas, c'est super", décrit-il, conquis.Une nuit dans la voiture à cause d'une panne d'ascenseur
L'appareil a été mis au point par le collectif Plus sans ascenseur et la société Axsol, spécialisée dans le matériel pour personnes à mobilité réduite. Le dispositif permet de répondre à une problématique que les personnes du quartier ne connaissent que trop bien : les pannes d'ascenseur. En juillet dernier, David Totaro avait dû passer la nuit dans sa voiture devant l'immeuble de sa mère, elle aussi en fauteuil, à cause d'un nouvel incident. Ce jour-là, il est allé lui acheter des médicaments et au retour, l'ascenseur était en panne.Contraint maintes fois de dévaler l'escalier sur les fesses faute de rampe d'accès, David Totaro a dû attendre le lendemain pour revoir sa mère. Finalement, depuis mardi 3 septembre, cette dernière a accepté un nouveau logement aux Epinettes, à l'autre bout de la ville. "Ce n'est pas l'idéal. Elle ne connaît personne et les toilettes et la cabine de douche ne sont pas adaptées. Sans compter qu'il n'y a aucun commerce à proximité", regrette-t-il. L'ascenseur défectueux, lui, est en réparation depuis mercredi 4 septembre pour deux mois, désamiantage et élargissement de la cage compris.Je suis resté dans ma voiture au cas où il lui arriverait quelque chose. Je suis obligé de vivre avec ma mère pour m'occuper d'elle à plein temps, mais sans ascenseur, impossible pour moi de remonter seul.
-David Totaro, en situation de handicap.
Un système d'appoint
Pour l'heure, rien ne dit que le monte-escalier nouvelle génération sera adopté par les bailleurs sociaux rémois. Testé en région parisienne auprès d'Emmaüs habitat, il est en phase d'expérimentation depuis début juillet seulement. L'objectif est qu'à chaque nouvelle panne, un employé formé pour manier l'appareil vienne aider les personnes à mobilité réduite à gravir les escaliers. Sans pour autant remplacer les dépanneurs. "En France, on a l'un des plus vieux parcs d'ascenseur d'Europe, constate Fouad Ben Ahmed, porte-parole du collectif. Ce système est supplétif, il est censé être provisoire."Coût de l'opération : 38 euros par heure d'intervention pour le bailleur, qui comprend la prise en charge du matériel et la formation de l'employé qui aide à gravir les marches. Ces frais pourraient être financés par l'exonération de taxe sur le foncier et le bâti dont il bénéficie dans les zones urbaines sensibles.
Dans la cité des sacres, ce monte-escalier automatique serait "plus que bienvenu", selon l'association des entrepreneurs du Grand Reims. Son président Hafid El Haoussine milite pour sa mise en place de manière pérenne."Les pannes d'ascenseur influent sur le quotidien de beaucoup de locataires, et pas seulement ceux en situation de handicap. Les personnes âgées, les femmes enceintes qui reviennent des courses...", énumère-t-il. Il pointe également du doigt le cas d'une personne enfermée chez elle durant plus d'une semaine au huitième étage. "C'est une peine de prison", lâche-t-il, écoeuré. Et le problème ne risque pas de s'arranger avec le temps : à Reims, Plurial Novilia estime que 25% de ses locataires ont plus de 65 ans. Une tranche d'âge qui pourraient passer à 37% à l'horizon 2028.