Le tribunal de commerce de Reims (Marne) examinait ce jeudi 14 novembre le dossier de l'entreprise Reims Aerospace. Un représentant de l'entreprise a demandé le placement en liquidation judiciaire. La décision sera rendue le 22 novembre.
La décision n'est pas encore actée, mais les 75 salariés de Reims Aerospace n'ont guère de doute. Dans quelques jours, le sous-traitant aéronautique devrait être placé en liquidation judiciaire. Le tribunal de commerce de Reims (Marne) a entendu la direction et les représentants des salariés ce jeudi 14 novembre dans la matinée.
La direction a demandé la liquidation. Aucun repreneur ne s'est fait connaître. La décision du tribunal a été mise en délibéré et sera rendue le 22 novembre prochain.
Vers 10h, une trentaine de personnes s'est rassemblée dans la petite cour intérieure du tribunal de commerce, installé dans le centre-ville de Reims, rue Thiers. Après une petite demi-heure d'audience, la secrétaire du Comité social et économique de l'entreprise, a annoncé le résultat de l'audience à ses collègues. "C'est dur à digérer, mais de toute façon on s'y attendait", confie-t-elle, visiblement émue.
"Ça a été très tendu. Monsieur Rives, du groupe ACI, était très fermé", décrit-elle. "Il n'y a plus aucun argent, il n'y a plus rien." Le groupe ACI est propriétaire de Reims Aerospace depuis 2021. L’entreprise, qui travaillait notamment pour Airbus et Dassault, a perdu ces deux clients.
Des propositions de reclassement devraient être faites aux salariés, mais elles iront de pair avec un déménagement loin de Reims. "On va être tous licenciés. Quelques personnes ont déjà été contactées par Dassault et Potez pour travailler chez eux. Mais il faut qu'ils partent parce que sur Reims, il n'y a rien du tout au niveau de l'aéronautique", indique Jérôme Jesson, contrôleur qualité et délégué syndical CGT.
"En France on est trop cher. Notre président parle de réindustrialiser la France, mais on voit bien que tout part à l'étranger, il n'y a plus de boulot en France."
"On nous a menti"
La moyenne d'âge au sein de l'entreprise est de 53 ans. Certains ont passé l'essentiel de leur carrière professionnelle au sein de Reims Aerospace. C'est le cas de Laurent Godard, dans l'entreprise depuis 34 ans. "Ce travail représentait une partie de ma vie. Cela va être lourd d'abandonner à trois ans de la retraite. Je ne sais pas comment on va faire."
Reynald Debeve est lui aussi un ancien, avec également 34 ans d'ancienneté. "J'ai connu la société à plus de 600 personnes. Aujourd'hui, on n'est plus que 75 salariés [...] On espère être reclassés mais on ne sait pas trop."
Catherine Diot, magasinière depuis dix ans, va se retrouver au chômage. Tout comme son conjoint, également salarié de l'entreprise, lui depuis 23 ans. "On se retrouve à deux au chômage, c'est compliqué. On nous a menti, on nous a fait croire plein de choses et rien ne s'est passé." Le couple a acheté une maison il y a un an. Avec leurs enfants, ils n'envisagent pas facilement de devoir déménager dans une autre région.
Patrice Rives, le directeur général du groupe ACI, ne s'est pas présenté face aux salariés présents. Il n'a pas non plus été à la rencontre de la presse.