Une pétition a été lancée samedi 21 novembre par un collectif d'habitants de Witry-lès-Reims (Marne), en réaction au projet d'installation d'une antenne 5G, à quelques centaines de mètres d'une école et de maisons. La mise en service est prévue en janvier 2021. Un recours judiciaire se prépare.
La polémique enfle dans la commune de Witry-lès-Reims. Une pétition mise en ligne samedi 21 novembre 2020 a déjà recueilli près de 130 signatures à l'heure où nous écrivons cet article. Son intitulé : "Reconsidérons le projet de l'antenne mobile 5G." Le collectif d'habitants à son origine s'inquiète des conséquences sanitaires du déploiement de la 5G, via une antenne-relais construite "bien trop proche des habitations et de l’école maternelle des Féchettes."
Le projet mis en cause est le suivant. Une déclaration préalable de travaux, signée dans la semaine du 16 novembre, autorise l'installation d'une nouvelle antenne de téléphonie mobile, rue de Fresnes, à l'extrémité de Witry-lès-Reims, commune située près de Reims. La demande émane de l'opérateur Orange qui réalisera les travaux par le biais d'un sous-traitant. L'antenne relais en question, haute de 30 mètres, doit être mise en service au cours du mois de janvier 2021. Elle devrait servir à déployer le futur réseau 5G, afin d'améliorer le débit de connexion des utilisateurs.
Inquiétudes sur la santé et pollution visuelle
Mais ce fameux pylône suscite craintes et interrogations. Notamment sa proximité avec les maisons, l'école maternelle des Fléchettes et l'Espace culturel associatif et de loisirs. "Il n'y a aucune raison que l'on mette cette antenne à cet endroit, sous le nez des gamins et dans nos salons, enrage Xavier Schwartz, un des membres du collectif. Il y a plein d'autres lieux où l'implanter, surtout que l'on habite en plaine." Il évoque les "inquiétudes sanitaires" d'une nouvelle technologie dont "on ne connaît pas toutes les conséquences". "Sachant qu'il y a déjà une autre antenne pas loin", précise-t-il. Ce qui pose également la question de la pollution visuelle.Autre point de crispation chez certains habitants : le "manque de communication de la mairie". Xavier Schwartz, tout comme une autre membre du collectif, a pris connaissance de ce projet par hasard : "C'est au cours d'un footing que j'ai aperçu le panneau avec le dépôt de permis de construire." Il dénonce une absence de transparence : "Nous n'avons jamais été consultés, il n'y a pas eu d'informations dans le bulletin municipal. Aujourd'hui, on se retrouve devant le fait accompli."
Le projet est dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Et dès le mois de mars, des habitants ont fait part de leurs inquiétudes. Trois d'entre eux ont exercé un recours gracieux auprès de la mairie, dans l'espoir d'annuler le chantier. En vain. Car si Orange a retiré sa première déclaration de travaux au mois de juillet, une nouvelle a été signée tout récemment. Ce qui lui donne le droit de construire ce fameux pylône.
Une antenne 5G ? Le maire dit l'ignorer
Cette antenne relais comporte les spécificités techniques pour déployer la cinquième génération de téléphonie mobile (5G). C'est en tout cas ce que confirme le document relatif à la déclaration préalable de travaux.Pour autant, le maire de la commune, Michel Keller, semble ignorer le futur usage de celle-ci. "À mon sens, ce sera plutôt une antenne 4G, mais j'imagine mal l'opérateur (Orange) ne pas installer la 5G", déclare-t-il, avec ambiguïté. Rappelons que c'est lui qui a validé la déclaration préalable de travaux. Quant à l'évocation de la 5G dans le contenu du dossier ? "Peut-être que c'était signifié, mais je n'en sais rien. Je n'ai pas toutes les informations. Pour moi, c'est un dossier parmi d'autres." Un dossier dont les élus auraient été informés "à la fin d'un conseil municipal lors de la dernière mandature."
Selon Michel Keller, cette nouvelle installation "répondait à une demande et à un besoin". "L'antenne est censée couvrir 650 foyers mal desservis ainsi que la voie ferrée", explique-t-il. Un besoin que ne cache pas Xavier Schwartz du collectif à l'origine de la pétition. "Oui, il y a un déficit de débit et de réception, confirme-t-il. Internet à Witry-lès-Reims, c'est une catastrophe."
Vers un recours en justice
Xavier Schwartz ne veut pas se tromper de débat. Le collectif ne prône pas "le retour à la bougie". Ni même le modèle Amish, moqué par Emmanuel Macron lors d'un discours sur les nouvelles technologies, en septembre dernier. Toutefois, face à l'incertitude des effets de la 5G, "on se doit d'être vigilant", affirme-t-il.Pour rassurer ses administrés, le maire de Witry-lès-Reims assure avoir fait une demande de simulation de l'exposition aux ondes émises. Celle-ci a été acceptée et sera donc réalisée prochainement.
De son côté, le collectif, dont les contestataires se font de plus en plus nombreux, a prévu un recours en justice, à l'aide d'un avocat. "Comme la conciliation n'a pas été possible, c'est la seule solution", déclare une de ses membres.