Marne : Incendies en Kabylie, une association rémoise se mobilise pour récolter argent et médicaments

Il y a 10 jours, la Kabylie brûlait encore. Durant une semaine, les incendies se sont propagés dans le nord de l’Algérie provoquant désolation et familles endeuillées. L’association rémoise Amazigh s’est tout de suite mobilisée pour envoyer de l’aide d’urgence, et continue.

"Tiwizi, solidarité en kabyle, est une valeur ancestrale pour les berbères et les kabyles. Nous la transmettons à nos jeunes, elle est fondamentale pour aller de l’avant". Hnia Ait Ammar, la présidente de l’association Amazigh, est encore très émue. "La Kabylie va renaître de ses cendres. C’est une région qui a beaucoup souffert ces dernières décennies et elle se relèvera plus forte, plus belle".

Le 9 août dernier, lorsque Hnia apprend que sa région natale est en flamme, elle tente d’entrer en contact avec ses frères et sœurs. "Nous sommes restés plusieurs heures sans nouvelle de nos familles, explique-t-elle, et cela a été compliqué à gérer". Son village natal, Soumeur, dans la région d’Iferhounene ne sera pas touché, mais tout autour, c’est la désolation.

Tout de suite, la présidente de l’association réunit à distance son bureau et ensemble ils décident d’allouer une aide d’urgence de 1000 euros et ouvrent une cagnotte en ligne pour collecter de l'argent. "Ces premiers dons ont été envoyés en Algérie et grâce aux relais sur place des médicaments ont été achetés. Il est important de travailler avec les gens de terrain sur place pour connaître les besoins, précise encore Hnia. Nous savions que la nourriture et les vêtements arrivaient de partout, de toutes les régions du pays. Nous avons décidé de cibler notre aide sur les médicaments car les grands brulés auront besoin de soins à long terme. Nous avons pris contact avec les comités de villages, les associations et les structures médicales (hôpitaux, cliniques, dispensaires, etc) pour évaluer les besoins. Nous avons pu avoir des listes de matériels médicaux et de médicaments". Toutes les régions touchées par les incendies, Labaa Nait Irathen, Illoula, At ouacif, At Abdelmoumen et Michelet bénéficient de l’aide de l’association Amalzigh et de ses relais sur le terrain.

 

Deux pharmacies rémoises mobilisées et d'autres peut-être

L’association Amazigh met la priorité sur les dons financiers et la cagnotte en ligne a déjà permis de collecter 5500 euros. "On nous demande des jouets, des coloriages et des crayons pour les enfants durement touchés psychologiquement, et il y a de quoi acheter sur place", explique Hnia.

 

 

L’association Amalzigh, comme d’autres en France, ont de vrais soucis pour acheminer les marchandises. En cause,  le passage en douane. Jusqu’à présent, l’état opère un prélèvement de 33 % sur les dons entrant dans le pays. Des médicaments qui partent à la pharmacie centrale d’Alger sans aucune certitude qu’ils soient distribués aux hôpitaux ou cliniques de Kabylie. "Ils sont en train de revenir sur leur décision", espère vraiment Hnia. Et nous avons des pistes pour travailler avec des associations sur le terrain qui bénéficient d’une autorisation d’importation et qui pourront récupérer notre marchandise sans problème à la douane".

Certains médicaments sont en rupture, d’où le besoin de collecter hors du pays. Crèmes cicatrisantes, produits antiseptiques, compresses, tout le nécessaire pour soigner les brûlures manque cruellement. Il y a donc urgence à acheminer.

 

 

C’est pour cela et malgré les problèmes de transit, que l’association Amalzigh a lancé une grande collecte de médicaments. Deux pharmacies de Reims ont répondu à l’appel, Lafayette et La Paix. De gros cartons d’anti-douleur, de compresses, de produits antiseptiques, de crème cicatrisante sont arrivés et sont gérés par les bénévoles. La salle municipale Saint-Thierry, a été prêtée par la ville de Reims pour permettre d’opérer un premier tri, faire un inventaire précis et reconditionner. "Nous devons vérifier les dates de péremption, et faire une liste détaillée pour la douane, précise Kahina, étudiante en pharmacie et Tama, secrétaire de l'association. Nous savons aussi que certains médicaments ne sont pas acceptés à la douane et nous devons les retirer même si nous savons qu’ils manquent cruellement sur place".

Durant deux jours, jusqu’à ce dimanche 29 août, une trentaine de bénévoles se relaieront pour réaliser ce gros travail. Ils seront aussi là pour accueillir toutes personnes voulant faire un don de médicaments ou financiers. Les dons seront ensuite stockés dans un garage avant de pouvoir partir rapidement espèrent les bénévoles. Et puis, au-delà de ces deux jours de collecte, la solidarité continuera encore de longs mois.

 

A long terme

"La réalité aujourd’hui, ce sont des villages ravagés, des familles qui ont perdu maisons, champs, bétails, reprend Hnia. Des actions de nettoyage ont commencé grâce à la solidarité sur place et on pense déjà à la reconstruction. La Kabylie vit beaucoup de ses oliviers. Cette économie a totalement disparu".

 

Au-delà du drame c’est aussi le risque de voir des familles complètes basculées dans la pauvreté

Hnia Ait Ammar, présidente de l'association Amazigh de Reims

 

C’est pour cela que l’association Amazigh ne cessera son action de solidarité. "Récemment, on nous a alerté sur le manque de foin pour le bétail ayant survécu. Nous avons débloqué à nouveau 1000 euros des fonds de l’association pour acheter cette nourriture pour les animaux. Nous avons pris des contacts avec la chambre d’agriculture de Tizi Ouzou pour travailler avec elle sur les besoins".

 

 

Et puis Amalzigh et son équipe de bénévoles sont en relation avec d’autres associations française situées à Paris, Lyon, Marseille mais aussi en Suisse ou au Canada. "Notre objectif est de travailler ensemble pour construire des projets qui vont aider la région à se relever", précise encore Hnia. "A long terme nous souhaitons aider à la reconstruction, replanter des oliviers, acheter des vaches laitières. Aider quelques familles à se reconstruire économiquement. Mais aussi recréer l'environnement, replanter les forêts"."Pendant que les incendies dévastaient la Kabylie, nos familles nous disaient que c’était la fin du monde et qu’il n’y avait plus d’espoir, explique Tama, secrétaire de l’association Amazigh, ça ne s’arrêtait pas".

 

C’est affreux, il ne reste plus rien. Alors même si nous savons que pour l’instant nous sommes plus utiles ici, nous avons hâte de pouvoir franchir la frontière et aller les aider.

Tama, secrétaire de l'association Amazigh

 

Pour l’heure, la pandémie continue aussi de sévir gravement et les frontières de l’Algérie restent fermées. Alors, tous, à Reims, se démènent pour "aider nos frères, nos sœurs là-bas. Il y a une solidarité incroyable, de tous".

 

 

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