Curiosité et découverte. Durant les vendanges, touristes et curieux peuvent mettre la main à la pâte et découvrir la méthode de cueillette du raisin et d'élaboration d'un champagne de vigneron indépendant. Reportage à Rilly-la-Montagne où petits et grands se sont attelés dans les vignes.
Une feuille de vigne duveteuse, légèrement blanchie. Pas de doute, la parcelle vendangée par la famille de vendangeurs d'un jour est composée de pinot meunier, "car la feuille est feutrée, explique Christelle Couvreur, vigneronne indépendante à Rilly-la-Montagne. On dirait qu’un Meunier est venu y déposer de la farine." "Pourquoi est-ce comme ça ?", questionne Priscillia Dubourg, une des touristes travailleuse. "Ça, je ne sais pas ! Je ne peux pas vous répondre !", sourit la vigneronne.
Ce dimanche 23 août, l'atmosphère est détendue au sein de cette parcelle qui appartient aux Couvreur-Philippart. Aux alentours, les vendangeurs dont c'est le métier s'activent un peu partout. On reconnaît les vendangeurs d'un jour à leur tenue. Jupe, chaussures de ville… l'objectif n'est pas à la rentabilité mais à la découverte, sous l'œil bienveillant de la vigneronne indépendante. Christelle Couvreur a quasiment réponse à tout. Les vendangeurs éphémères en profitent. "On prend la grappe dans sa main, il y a une queue, et vous coupez", somme-t-elle sur un ton enjoué. "On prend que les grosses grappes ?" "Cette année, vous pouvez tout prendre."
Une demi-journée de visite, cueillette et dégustation
Les coups de sécateurs durent environ une heure, avant de passer à la dégustation au cœur des vignes. La famille de Priscillia Dubourg n'est pas là par hasard, cela fait des années que ses parents se fournissent auprès des Couvreur-Philippart. "On était en vacances en Bourgogne et on a décidé de passer une journée en famille sur la route du retour", raconte la Néerlandaise d'adoption. Accompagnée de ses deux filles, son époux et ses parents, Priscilla craignait de déranger les vignerons pendant cette période intense pour la profession. "Il n'y a qu'une semaine dans l'année où on a l'occasion de voir comment se déroulent les vendanges, argue-t-elle. La prochaine fois qu'on boira une bouteille de champagne, on se remémorera ce moment en famille."Derrière ces bulles que l'on déguste pour fêter la nouvelle année, c'est important de voir tout le travail qu'il y a derrière. On a de la sueur sur le front, il n'y a pas de machine pour ramasser ces beaux raisins.
Lancée en 2019 par l'office du tourisme de Reims, en partenariat avec les vignerons indépendants, l'opération réunit deux objectifs. Les producteurs vulgarisent leurs méthodes de production du vin et les touristes, eux, apprennent sécateur en main. "Désormais, ils ouvriront leur bouteille autrement, explique la guide d'un jour. Cela prend du temps sur ce qu'on pourrait faire le restant de la journée, mais voilà, on prend le temps. C'est aussi un plaisir de partager, de voir que les gens s'intéressent et de leur montrer nos petites ficelles."
Les vendangeurs découvrent les coulisses de la fabrication. "On pensait pas que vous faisiez tout ici", remarque Christian, le père de Priscillia, un verre de jus à la main. "Quand vous vous adressez à un vigneron indépendant, cela veut dire qu’il fait tout lui-même. Une fois que ça va en coopérative c’est que ce n’est pas un vigneron indépendant", lui répond Christelle. C'est l'office du tourisme qui fournit la trame que les vignerons doivent suivre. "On s’inscrit et on donne les créneaux libres, explique-t-elle. Ensuite on organise comme on veut."
En général, il faut prévoir un minimum de trois heures pour la découverte de la maison, la cueillette, la dégustation, la visite du pressoir avec une dégustation du jus de raisin fraîchement pressé, la visite des caves et la remise d’un diplôme et de quelques grappes de raisins cueillis. Côté budget, comptez 49 euros par adulte et 15 euros par enfant. "Faire payer les touristes est indispensable, souligne Christelle, car sinon, ce serait considéré comme du travail dissimulé."