La nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin a été tendue à Reims. Des tensions et des dégradations urbaines ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la ville. Le maire dénonce des pillages menés par des hordes de "sauvages", au lendemain de la mort du jeune Nahel à Nanterre.
Rarement la ville de Reims n'avait connu pareille nuit de tension. Peu avant minuit, le 29 juin, plusieurs quartiers de la ville ont été la cible de violence et dégradations. Au lendemain de la mort de Nahel, ce jeune de 17 ans, victime d'un tir de la police à Nanterre, lors d'un refus d'obtempérer. Du mobilier public a été incendié, un tabac a été pillé. Des jets de bombes lacrymogènes ont eu lieu sur certains axes du tramway. Les faits ont eu lieu dans les quartiers Wilson et Croix Rouge, mais aussi à Orgeval. Une vitrine de pharmacie a également été brisée à coups de barre de fer. Des jeunes gens étaient vêtus de tee-shirts siglés "police", comme on peut le voir sur certaines vidéos postées sur TikTok.
Du côté des habitants, c'est la sidération. La gérante d'un bureau de tabac, "la chaise en bois" mis à sac dans le quartier Croix Rouge, n'a pas de mots pour décrire son ressenti. Elle évoque sa tristesse de voir son outil de travail détruit, après 45 ans sur place. Des bus et deux tramways ont été dégradés pendant la nuit. Conséquence ce vendredi 30 juin au matin, le tramway ne circule pas à Reims, annonce la Citura, qui gère le service de transports urbains. Plusieurs lignes de bus sont déviées. Des infrastructures sont endommagées. Citura dresse un état des lieux avant d'évoquer la suite des prévisions de trafic. La circulation des bus a repris.
VIDEO. Le récit de la nuit d'émeutes à Reims.
Des gardés à vue de 12 à 40 ans
33 personnes sont en garde à vue le 30 juin à Reims. Des personnes âgées de 12 ans à 40 ans. Certains ont volé des uniformes de policiers, lors du pillage et de l'incendie du commissariat du quartier Croix-Rouge à Reims (Marne). Dans les structures de police excentrées, il n'est plus possible d'assurer une présence sur place. "Les habitants qui ont l'habitude de venir dans ces structures ne peuvent plus le faire", déplore, Christian Pous, du syndicat SGP FO Police.
Cette nuit, c'est la police nationale qui est intervenue, aussi bien à Reims qu'à Châlons-en-Champagne. Elle a été complétée par une unité spéciale des CRS appelés en renfort, mais aussi le PSIG et des gendarmes mobiles. Chose plus inédite : le GIGN, l'unité d'élite de la gendarmerie, est elle aussi déployée, avec l'aide de drones. "Il semble que la stratégie des auteurs a été de mettre le feu sur plusieurs sites en même temps. Une concentration de moyens a été mise autour de l'hôtel de police. Des supermarchés ont été saccagés. De mémoire de Rémois, je n'ai jamais vu autant de bordel". Pour les jours à venir, les autorités anticipent d'éventuelles suites. Un grand nombre de policiers va devoir s'adapter à la situation.
Le maire (Horizons) de Reims, Arnaud Robinet, a dénoncé ces actes avec virulence. "Ce soir, la racaille a pris prétexte d’un décès pour mettre à sac Reims. Pour piller, pour brûler, pour détruire. Simplement par plaisir. J’adresse tout mon soutien à nos forces de l’ordre qui sont confrontées à ces hordes de sauvage. Je suis présent au centre de supervision urbaine de la police municipale depuis le début de la soirée. Une chose est claire : ces gens-là, n’ont qu’une place digne de leur sauvagerie : la prison !"
Nos équipes sur places ont été témoins de cette tension, comme le montre cette vidéo tournée dans le quartier Wilson. On peut notamment y voir des poubelles utilisées, avec des mortiers. "133 feux de poubelles et 23 véhicules incendiés" ont été recensés selon les chiffres fournis par la préfecture de la Marne.
La présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin, s'est également exprimée sur cette violence. "Mobilisée depuis le début de la soirée à Reims pour suivre les actes inqualifiables de voyous qui prennent prétexte de la mort d’un jeune pour tout casser, je veux assurer les forces de l’ordre et les agents représentant nos services publics de tout mon soutien. Rien ne peut justifier une telle sauvagerie. L’ordre républicain doit être assuré partout et maintenant."
Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux, que nous avons authentifiées, illustrent cette violence. Sur l'une d'elles, on distingue un homme qui jette un objet en flamme dans un tramway à l'arrêt, porte ouverte.
Sur une autre vidéo tournée par nos équipes. On distingue un bus de Reims, pris à partie, de nuit, par un groupe de jeunes gens cagoulés. Des passagers en panique sont à l'intérieur. Le groupe frappe sur les portes et les vitres du bus avec des bâtons, avant de quitter les lieux, le bus a pu repartir. Dans le secteur un abribus a été brisé. À Chalons en Champagne, des violences urbaines ont également eu lieu.
La préfecture de la Marne indique dans un communiqué que le déploiement de forces de l'ordre sera encore renforcé pour la nuit à venir. Les arrêtés préfectoraux pour interdire la vente et le transport de produits dangereux tels que les pétards, l'essence, les armes, et pour autoriser l'utilisation des drones par les forces de l'ordre sont quant à eux reconduits.