Le nombre de cancers du sein n’a jamais été aussi élevé en France, avec un taux d’incidence dépassant largement les chiffres observés ailleurs dans le monde. Un record aux causes multifactorielles qui confirme la courbe à la hausse depuis plusieurs décennies.

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C’est un triste “record” que détient la France. Celui du pays le plus touché par le nombre de cancers du sein, avec un taux d’incidence de 105,4 cas pour 100 000 habitants en 2022, contre 95,9 aux États-Unis, 87 en Italie et 33 en Chine. Des chiffres qui proviennent d’une étude du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), parue au mois de mars.

Les dernières données publiées en 2020 classaient l’hexagone en 4e position derrière la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (dont le taux a diminué). Avec 60 000 nouveaux cas et 12 000 décès par an, il s’agit du cancer le plus fréquent chez la femme et la première cause de décès par cancer, selon Santé publique France.

60 000 nouveaux cas par an

Et la situation ne va pas en s’améliorant, puisque l’incidence enregistre une hausse moyenne de 0,9% par an depuis 1990. À cette date, elle était de 72,8 cas pour 100 000 femmes. 

La sophrologue Lucyle Jussy, via son entreprise basée dans la Marne, accompagne notamment des personnes atteintes d’un cancer et leurs proches dans la gestion de leurs émotions, ainsi que l’évolution de la maladie. Elle remarque dans sa patientèle une croissance du nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein. 

Ce qui est très surprenant, c’est qu’il n’y a pas d’âge, ça va de 30 à 82 ans”, indique cette ancienne salariée d’un point d’accueil cancer et dont le mémoire portait sur l’image du corps modifié par le cancer. Selon l'Institut national, environ 10% des cas se manifestent chez les moins de 35 ans et près de 50% sont diagnostiqués entre 50 et 69 ans. “Et qu’est-ce qui le déclenche ? Est-ce qu’il y a un facteur clé ?”, s’enquiert Lucyle Jussy. 

Moins d’une femme sur deux dépistée

Et, de fait, comment expliquer la prédominance française ? Pour tenter d’y répondre, plusieurs pistes sont évoquées. La première justification concerne le dépistage, qui serait plus important dans l’Hexagone, notamment avec un programme national invitant tous les deux ans les femmes âgées de 50 à 74 ans à effectuer une mammographie. Santé publique France note toutefois un “faible” taux de participation : 46,5% en 2022-2023 et “en baisse par rapport à la période précédente de 2021-2022”. 

Du côté de la Champagne-Ardenne, la tendance reste la même. Le taux de dépistage le plus élevé en 2022-2023 a été enregistré dans la Marne, avec 55 à 61%, contre 50 à 55% dans l’Aube et la Haute-Marne et 45 à 50% dans les Ardennes. Rappelons que pour ce cancer, le plus fréquent en Europe et aux États-Unis, l’objectif européen est de 70%. 

Bien qu’il soit difficile de définir avec précision les causes de ce cancer, sa survenue peut être liée à des facteurs de risque, comme le tabagisme ou la consommation d’alcool, non négligeables en France. 

Des comportements à risques

Le pays reste en effet l’un des pays les plus consommateurs d’alcool au monde, à la 6e place parmi les 34 pays de l’OCDE, rappelle Santé publique France. En 2017, parmi les adultes entre 18 et 75 ans résidant dans la région Grand Est, 10,4% déclarait consommer de l’alcool tous les jours. 

Autre piste pour expliquer cette prédominance, les perturbateurs endocriniens, ces substances (air, eau, aliments, cosmétiques, jouets, produits d’entretien…) qui modifient le fonctionnement de notre système hormonal et peuvent provoquer des effets néfastes sur la santé. Certains “sont aujourd’hui reconnus comme étant responsables de cancers, dont certains sont dits 'hormono-dépendants', comme les cancers de la thyroïde, de la prostate, du sein, de l'ovaire et du testicule”, précise l’Institut national du cancer

Baisse de la mortalité liée au cancer du sein

Un lien a également été établi entre le risque de cancer du sein et les polluants atmosphériques lors d’une exposition chronique et à faible dose. Tel est le résultat d’une étude menée par le Centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard, qui met en cause cinq polluants, issus du trafic routier, des carburants ou de l’industrie manufacturière, dans l’augmentation du risque de la maladie. 

Face à ce constat, il est toutefois important de noter que le cancer du sein est de moins en moins mortel, avec un taux de survie de 87% lorsqu’il est dépisté tôt. Pour 20 décès sur 100 000 femmes en 1990, la France en compte désormais 14 en 2018, soit 12 146 personnes décédées. 

Afin de répondre à cet enjeu de santé publique, les députés ont adopté, fin mai, une proposition de loi pour la prise en charge intégrale des soins liés au cancer du sein, à l’exception toutefois des dépassements d’honoraires.

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