Deux semaines après une manifestation d'extrême droite non déclarée devant la cathédrale de Reims (Marne), un nouveau rassemblement était annoncé pour jeudi 7 décembre. La préfecture a interdit la manifestation.
Le jeudi 7 décembre, un rassemblement était prévu à Reims (Marne) devant la cathédrale à 19h pour "demander justice pour Thomas", jeune homme tué à Crépol dans la Drôme, et "dénoncer le laxisme et la montée de l'insécurité", comme l'indiquaient des messages relayés sur les réseaux sociaux par des comptes d'extrême droite.
Deux semaines plus tôt, le 24 novembre, une soixantaine de personnes cagoulées s'étaient déjà rassemblées devant la cathédrale, lors d'une manifestation non déclarée. "On est chez nous", scandaient notamment les participants, brandissant drapeaux français et croix celtique.
Cette fois-ci, une déclaration de manifestation a été déposée en préfecture le 4 décembre. Mais le 7 décembre, le préfet Henri Prévost a décidé d'interdire le rassemblement.
Il justifie sur deux pages sa décision (PDF). Il indique notamment que "cette manifestation s'inscrit dans la suite de plusieurs manifestations et rassemblements organisées (sic) au niveau national et marquées (sic) par une idéologie d'ultra droite".
Le préfet rappelle que lors du rassemblement du 24 novembre, "plusieurs dizaines d'individus cagoulés, vêtus de noir, ont arboré certains symboles de l'ultra droite tels que la croix celtique et se sont adonnés à certains gestes assimilables à des démonstrations d'une idéologie fasciste."
Les organisateurs n'avaient pas prévu dans leur déclaration de manifestation de service d'ordre. Ils ont apporté des précisions le 6 décembre. Mais ces éléments ne sont pas "suffisamment proportionnés" aux yeux du préfet "pour éviter tout débordement à l'instar de ceux constatés le 24 novembre", peut-on lire dans l'arrêté.
Suite à la décision de la préfecture, un référé liberté a été déposé par les organisateurs. Le tribunal administratif doit désormais se prononcer.
Un représentant de Reconquête parmi les organisateurs
L'appel à manifester pour le 7 décembre avait été relayé par la section de la Marne du parti Reconquête, d'Éric Zemmour. Le délégué départemental du parti, Florian Benadassi, contacté le 6 décembre, nous indiquait qu'il comptait bien participer au rassemblement, s'il n'était pas interdit par la préfecture. Il invitait ses militants à faire de même.
Il assurait cependant ne pas être directement à l'origine de la manifestation. L'arrêté préfectoral indique pourtant bien son nom parmi les trois personnes ayant déposé la déclaration de manifestation.
Le maire "condamne fermement tout rassemblement extrémiste"
Avant cette décision préfectorale, le maire Horizons de Reims, Arnaud Robinet, nous disait le 6 décembre "condamne[r] fermement tout rassemblement extrémiste".
"On est dans du racisme, de la xénophobie, de l'antisémitisme. Il ne faut pas être dupe de ce type de manifestation", indiquait-il.
Il rappelait que seul le préfet pouvait décider de l'interdiction ou non d'un rassemblement. "Nous sommes dans un État de droit où la liberté de manifester existe [...] Seul le préfet est apte à prendre un arrêté pour interdire cette manifestation, mais il faut qu'il y ait un trouble à l'ordre public." Il rappelle que la semaine dernière, le tribunal administratif de Paris a invalidé un arrêté préfectoral interdisant ce type de manifestation.
Il promettait toutefois d'être "très attentif sur cette manifestation" en lien avec la police nationale et municipale.
La section de Reims de la Ligue des droits de l'Homme avait elle fait part, dans un communiqué, de sa "vive préoccupation" avant la tenue de ce rassemblement.
"On a pu voir lors de la dernière manifestation organisée par l'extrême droite que ces groupes-là étaient assez véhéments vis-à-vis des gens qui pouvaient passer. On a pu entendre des cris de singe, voir des saluts nazis, des chants assez violents", expliquait son coprésident, Julian Teodorescu, interrogé le 6 décembre.
Il réclamait l'interdiction par le préfet de la manifestation qui défend, selon lui, des "valeurs antirépublicaines" et demandait au maire de "veiller à la sécurité des habitants de la ville".