Persécuté en Centrafrique, Jean-Faustin Mondoko se reconstruit à Reims grâce au sport

Mutilé dans les années 2000 en Centrafrique, Jean-Faustin Mondoko a fui son pays pendant la guerre civile de 2013. Aujourd'hui détenteur d'un titre de séjour, la course à pied l'aide à s'intégrer à Reims et à oublier l'absence de sa famille. Celle-ci pourrait bientôt venir le rejoindre en France.

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Son pays, la Centrafrique, et son port d'attache, la capitale Bangui, sont pour lui devenus hostiles. Jean-Faustin Mondoko, photographe pour le gouvernement au début des années 2000, est torturé et laissé pour mort après le coup d'État de François Bozizé. En 2013, lors de la guerre civile qui ravage le pays, il est à nouveau menacé.

Arrivé en France la même année avec la délégation centrafricaine d'athlétisme, il décide de ne pas repartir. Le choix a été compliqué, car il sait sa femme et ses quatre enfants aux proies aux violences extrêmes. C'est pour lui une souffrance insoutenable. "J'ai pensé à me suicider. J'ai laissé ma famille [en Centrafrique], ils sont menacés... Je ne pouvais plus tenir debout, relate Jean-Faustin Mondoko, qui a trouvé des amis auprès de l'Église évangélique. "Mes frères sont venus pour me sauver spirituellement," confie-t-il. Ses réunions hebdomadaires avec ses "frères", bouleversés par son parcours, l'aident à tenir bon.


Courir pour pallier l'absence

Quatre ans et demi se sont écoulés depuis la fuite de Jean-Faustin Mondoko. Ces années de démarches, d'attente et de solitude, qui lui ont permis d'obtenir son titre de séjour et la protection subsidiaire de l'État français. Il a récemment reçu son livret de famille et le droit de faire venir ses proches en France. Mais il faudra, pour cela, encore patienter à regarder les photos des siens accrocher aux murs. "Je sais que tôt ou tard, à la fin du mois, ils seront ici avec moi. C'est ce qui me fait tenir debout," révèle Jean-Faustin Mondoko.

La religion, mais le sport permet aussi de palier cette absence. Cela fait une trentaine d'années que le sport l'anime. Jean-Faustin entre en équipe nationale centrafricaine, et le semi-marathon devient sa discipline favorite. Il a déjà parcouru les 21 kilomètres de course en 1 heure et 9 minutes. En France, il continue sa carrière en participant aux mondiaux de Lyon en 2015, ainsi qu'à tous les semi-marathon de Reims. Il rêve de participer un jour aux Jeux paralympiques.


Une grande famille

Dans son nouveau club, le DAC de Reims, il a vite trouvé ses marques. Son mental de battant et le sport lui permettent de construire sa vie et de réussir son intégration en France. Et c'est même son avenir professionnel qui se profile. "L'objectif, c'est que, petit à petit, il fasse des ses compétences un métier, qu'il ait des diplômes afin qu'il gagne en indépendance, souligne Jacky Boireau, vice-président du club rémois et responsable technique.

L'athlétisme lui offre ce qui lui manque le plus, une grande famille. En quelques mois; les jeunes licenciés l'ont adopté comme entraîneur. Ses enfants, Naomie, Jospin, Joceline et Patrick, Jean-Faustin Mondoko les imagine très bien, là, courant avec lui. Avec sa femme Nelly-Franceline, la vie recommencera enfin.

►Voir notre reportage à Reims (Marne), consacré à Jean-Faustin Mondoko

Intervenants: Jean-Faustin Mondoko, réfugié centrafricain, Éric Lemaître, ami de Jean-Faustin Mondoko; Jacky Boireau, vice-président du DAC de Reims et responsable technique; Hawa, jeune athlète de 10 ans; Jeanne, Clément et Antonin, licenciés au DAC. ©France 3 Champagne-Ardenne

 

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