Dans sa décision du 24 octobre 2019, la Cour de Justice de l'Union européenne condamne la France pour ses émissions excessives de dioxyde d'azote, citant douze agglomérations particulièrement polluantes. Parmi elle, la ville de Reims.
Dix ans que la condamnation pendait au nez de la France. Dans sa décision du 24 octobre, la Cour de justice de l'Union européenne condamne le pays pour non-respect d'une directive européenne de 2008 sur la qualité de l'air. Dans son jugement, la Cour égraine les noms de plusieurs villes dépassant constamment les "limites annuelles pour le dioxyde d'azote". Parmi les mauvais élèves, figure la ville de Reims.
"La tendance va plutôt dans le bon sens, il y a une diminution des émissions de dioxyde depuis 2014", tempère d'emblée Jean-Pierre Schmitt, directeur adjoint de l'association AtMO Grand Est. Pour la structure environnementale en charge de mesurer la qualité de l'air, il reste néanmoins "des efforts à faire", sur la principale cause de ces émissions polluantes, la circulation routière.
Deux voies de circulation posent particulièrement problème : le boulevard Paul Doumer et la voie Jean Taittinger, situées à proximité du centre. "Sur le boulevard Paul Doumer, il y a 22.700 voitures par jour en moyenne. Pour la voie Jean Taittinger, il s'agit d'une moyenne de 30.000 véhicules par jour. Et par sens de circulation !", insiste le directeur adjoint de l'agence environnementale.Dans le cas de Reims, le problème c'est principalement le trafic routier.
- Jean-Pierre Schmitt, directeur adjoint d'AtMO.
Une "feuille de route" visant les voitures
À la suite d'une décision du Conseil d'Etat du 17 juillet 2017, les préfets avaient eu la charge d'élaborer des "feuilles de route", pour réduire les émissions de dioxyde d'azote. Cyril Pallarès, responsable surveillance règlementaire à l'AtMO résume les solutions possibles. "Par rapport au dioxyde d'azote on a deux leviers d'action : la circulation et le résidentiel." D'un côté, inciter les particuliers à adopter de nouveaux équipements de chauffage, moins polluants. De l'autre, diminuer l'usage des voitures dans le centre-ville.Implantée progressivement depuis juillet 2018, la mise en place d'une "zone 30" dans le centre-ville de Reims fait partie de ces mesures phares que préconisait la feuille de route. "En limitant la vitesse à 30km/h dans le centre, il y a un effet immédiat, la réduction des émissions de dioxyde d'azote", affirme Cyril Pallarès. Mais il nuance :
À long terme, l'effet dissuasif de la "zone 30" pourrait être vertueux. Comprendre : les conducteurs se tourneront davantage vers des moyens de déplacement moins polluants, comme le tramway ou le vélo.En contrepartie, on risque une légère augmentation des émissions de particules fines.
- Cyril Pallarès, responsable surveillance règlementaire à l'AtMO.